Évangile du Dimanche 3 mars – 3e dimanche de Carême (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai » Jn 2, 13-25
Comme la Pâque juive était proche, Jésus monta à Jérusalem. Dans le Temple, il trouva installés les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. » Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit : L’amour de ta maison fera mon tourment. Des Juifs l’interpellèrent : « Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ? » Jésus leur répondit : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais ! » Mais lui parlait du sanctuaire de son corps.
Aussi, quand il se réveilla d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite.
Pendant qu’il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup crurent en son nom, à la vue des signes qu’il accomplissait. Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous et n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme ; lui-même, en effet, connaissait ce qu’il y a dans l’homme.
Méditation
Le Synode sur la synodalité a fini en octobre et il est une belle illustration de cet Évangile. Car, comme l’affirme saint Jean, l’Église est « le sanctuaire de son Corps ». Si bien que le rapport du synode nous parle en même temps du travail de purification de ce sanctuaire qu’est l’Église. Si nous sommes un Corps, cela signifie que nous sommes tous unis ensemble et, comme a voulu le signifier le synode, la synodalité est un principe nécessaire de ce Corps. Le synode et les réactions post-synodales montrent bien toutes les tensions qui existent dans son Corps et que nous avons besoin, plus que jamais, que le Christ le purifie. Car, assurément, ce n’est pas un travail que nous pouvons faire seul.
Comme notre corps physique, la santé du Corps passe par la santé de chacune de ses parties. Nous avons donc chacun.e à vivre ce chemin de purification avec le Christ et le laisser chasser en nous vendeurs et changeurs, ces parties de nous qui ne sont pas traversées par la Vie du Christ. Nous ne pouvons donc demeurer spectateurs face à la situation de l’Église, car nous en sommes tous responsables. Le mal que nous maintenons en nous se diffuse dans le Corps sans même que nous nous en apercevions. Mais, de la même façon, plus la Vie nous habite, plus le Corps devient vivant et plus en Lui la Vie circule et se fait grâces pour tous ses membres en difficulté. Cette responsabilité que nous possédons est formidable, car elle détermine, à sa façon, si le Corps est sanctuaire du Divin ou une « maison de commerce » ou « un repaire de brigands ».
Ce travail de purification doit également traverser nos familles, nos centres chrétiens, nos paroisses, les communautés religieuses, etc., qui sont autant de parties du Corps du Christ. Avouons-le, s’il n’est pas simple à un niveau individuel de faire ce travail de purification, le problème se multiplie quand le nombre de personnes augmentent. Il y a encore plus de vendeurs, de changeurs et d’acheteurs, si bien que les jeux de pouvoir sont multiples, les égoïsmes et intérêts personnels s’entrechoquent, les blessures de chacun se réunissent, se nourrissent et se font plus blessantes… J’oserais dire, cela demande une foi profonde en Dieu pour prendre le risque de mettre en lumière ensemble, mais avec le Christ, ce qu’il y a à purifier en nous et entre nous.
Sans vouloir tomber dans un mauvais pessimisme, quand il est écrit que « Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous et n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme ; lui-même, en effet, connaissait ce qu’il y a dans l’homme », il met en lumière l’impossible travail de purification quand il repose sur l’humain seul. Mais le texte porte une promesse formidable : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai ». Nous sommes, ainsi, appelés à une grande espérance où, en nous comme en tous nos regroupements chrétiens, nous devons laisser son « amour être notre tourment » afin que, dans le Christ, nous puissions nous « réveiller d’entre les morts ».
Dans nos rassemblements de femmes et d’hommes blessés, il est possible de par le Fils dans l’Esprit, de finalement nous réveiller ensemble, constater les morts qui habitent notre temple et, au nom du Père, choisir la Vie. Nous en sommes témoins depuis des années : tant de femmes et d’hommes ont ressuscités dans le Christ, signes vivants qui nous sont donnés et explications vivantes du mystère de Dieu et du mystère humain.
Le Carême a toujours été un appel et un temps de purification. Il est, aussi, un temps de Dieu où le Fils nous partage en abondance la grâce de sa Résurrection. Et Il frappe à la porte de nos cœurs et nous demande la permission de venir nous purifier. Il ne faut qu’un oui, quelque fois à peine balbutié, pour que le miracle se produise : ne plus être un mort mais un Vivant. Prions les uns pour les autres et soutenons-nous mutuellement afin de devenir « le sanctuaire du Père » par le Fils dans l’Esprit ! Prions pour un grand réveil !
Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)
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