Méditation quotidienne du vendredi 1 mars : Les vignerons malhonnêtes (No 166 – série 2023-2024)

Évangile du Vendredi 1 mars 2e semaine de Carême (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Voici l’héritier : venez ! tuons-le ! » Mt 21, 33-43.45-46

En ce temps-là, Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple : « Écoutez cette parabole : Un homme était propriétaire d’un domaine ; il planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et bâtit une tour de garde. Puis il loua cette vigne à des vignerons, et partit en voyage. Quand arriva le temps des fruits, il envoya ses serviteurs auprès des vignerons pour se faire remettre le produit de sa vigne. Mais les vignerons se saisirent des serviteurs, frappèrent l’un, tuèrent l’autre, lapidèrent le troisième. De nouveau, le propriétaire envoya d’autres serviteurs plus nombreux que les premiers ; mais on les traita de la même façon. Finalement, il leur envoya son fils, en se disant : “Ils respecteront mon fils.” Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux : “Voici l’héritier : venez ! tuons-le, nous aurons son héritage !” Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. Eh bien ! quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? » On lui répond : « Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il louera la vigne à d’autres vignerons, qui lui en remettront le produit en temps voulu. » Jésus leur dit : « N’avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux ! Aussi, je vous le dis : Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits. »
En entendant les paraboles de Jésus, les grands prêtres et les pharisiens avaient bien compris qu’il parlait d’eux. Tout en cherchant à l’arrêter, ils eurent peur des foules, parce qu’elles le tenaient pour un prophète.

Méditation

Dès le début de la parabole, Jésus présente les personnages en ayant soin de préciser que le Propriétaire, avant de remettre sa vigne aux vignerons, a tout fait pour assurer la productivité de sa vigne. Ces derniers n’auraient qu’en faire l’entretien et en récolter les fruits. Tout de suite on comprend que le Maître porte une grande confiance envers les vignerons qu’il a choisis.

Voilà que le temps de la récolte est arrivé et la parabole nous dit que le Propriétaire envoie à deux reprises ses serviteurs afin que les vignerons Lui remettent le fruit de sa vigne. Mais il semble que les vignerons n’entendent pas répondre aux demandes des serviteurs. Pire encore, ils les maltraitent et ils tuent la plupart d’entre eux.

Le récit de la parabole se poursuit en laissant entendre que le Maître garde toujours confiance envers les vignerons. Dans sa grande bonté, Il ne se laisse pas aller à la colère. Il se dit sans doute en Lui-même, que ceux-ci n’ont pas très bien compris la demande des serviteurs qui leur avait envoyé. Il décide donc de leur envoyer son Fils en se disant sans doute : « Jusqu’à présent, j’ai envoyé des serviteurs, maintenant je vais leur envoyer mon propre Fils. Lui est une partie de Moi. Il leur parlera avec toute la bonté dont je suis capable, puisqu’Il est mon Héritier, le reflet de Moi-même. Ce que désire mon Fils c’est bien ce que Moi je désire. » Quoi de plus sérieux comme message pour les vignerons.

Malheureusement, le Fils subit le même sort que les serviteurs, et ils le tuent dans le but malhonnête de s’approprier son héritage et ainsi mettre la main sur le bien du Maître, c’est-à-dire la vigne et tous les fruits que celle-ci peut produire.

C’est à ce moment du récit de la parabole que Jésus interroge les Anciens et les Grands Prêtres au sujet du sort réservé par le Maître aux vignerons malhonnêtes. Dans les faits, Jésus leur demande de porter eux-mêmes un jugement à propos de leur façon de se comporter dans l’exercice de leur tâche et responsabilité en lien avec la mission que Dieu leur a confiée. C’est ce même jugement que Jésus leur prédit, c’est-à-dire qu’ils ne seraient plus le peuple choisi auquel Dieu avait assurer sa Présence.

Vous comprendrez que cette prédiction fut inacceptable par les Grands Prêtres et les pharisiens puisque Dieu avait fait la promesse au peuple d’Israël qu’Il serait toujours avec eux. C’est dans ce contexte que les Responsables religieux refusent de reconnaître Jésus comme le Fils de Dieu, rendant ainsi caduque sa prédiction.

Jésus va alors poursuivre en leur rappelant le verset 22 du psaume 117 qui dit ceci : « La Pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la Pierre d’angle. » La pierre d’angle, pour ceux et celles qui ne sont pas familiers avec ce terme technique d’architecture de l’époque, est la pierre que les bâtisseurs mettaient en place dès le début de la construction d’un bâtiment et qui servait de repère fiable pour le niveau et les angles des murs, et ce, afin de s’assurer que l’édifice ne s’effondre pas.

Par cet énoncé, Jésus leur confirmait qu’Il était bien Celui qui est le Référent pour juger toutes les doctrines, coutumes et préceptes religieux mis en place par eux pour conduire le peuple d’Israël vers Dieu. Ainsi, tout ce qu’ils ont hérité de Dieu depuis Moïse, leur sera enlevé pour être confié à une autre nation, qui elle, Lui remettrait les fruits.

Cette parabole est-elle toujours d’actualité pour aujourd’hui ? En y réfléchissant, que l’on soit prêtre, agent pastoral, accompagnateur et/ou animateur spirituel ou simple baptisé en Église, nous devons toujours être vigilant, afin de ne pas glisser dans l’appropriation des personnes que le Père nous confie pour les conduire à Lui. Il y a sans cesse le danger d’imposer des façons de penser ou des doctrines à observer privant ainsi la personne de la liberté de choisir selon ses valeurs et sa conscience. Une liberté pour laquelle le Christ a été crucifié et mis à mort sur la croix.

En regardant ce qui se passe actuellement dans notre Église, nous sommes en droit de nous demander si nous aussi, nous n’aurions pas heurté la Pierre d’angle mise par Dieu sur notre route. Si oui, nous sommes alors invités à nous tourner vers le Christ pour Lui demander pardon pour les erreurs du passé. Notre salut s’inscrit dans l’espérance en la grande bonté de Dieu de nous redonner la nouvelle direction pour la construction de son Royaume.

Aux dires de ce qui se passe à Rome, il semblerait que des signes apparaissent dans notre Église indiquant un changement de cap. En effet, nous avons la chance d’avoir un pape qui nous enseigne la voie par des attitudes d’humilité et une nouvelle façon de faire Église, allant jusqu’à dire de faire de l’Église, une Église de l’accompagnement.

Il appartient à chacun.e d’entre nous, comme baptisé.e de répondre à cet appel et de suivre l’exemple donné par le Christ et François 1er et mettre en place des milieux d’accueil et d’écoute où toute personne pourra cheminer librement vers le Père.

Faisons en sorte de Lui remettre les fruits de sa Vigne.

Martial Brassard, (martial_brassard@hotmail.com)

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