Évangile du Dimanche 11 février – 6e dimanche du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« La lèpre le quitta et il fut purifié » Mc 1, 40-45
En ce temps-là, un lépreux vint auprès de Jésus ; il le supplia et, tombant à ses genoux, lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. » Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. » À l’instant même, la lèpre le quitta et il fut purifié. Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt en lui disant : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour les gens un témoignage. » Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui.
Méditation
La question de la volonté de Dieu a été perçue de bien des façons au cours des siècles, et pas toujours de manière ajustée. Nous nous rappelons de cette volonté de Dieu qui était comme un vêtement mal taillé que nous devions nous revêtir de force, sans grande liberté. C’est pourquoi cette question est centrale pour notre cheminement et c’est elle qui me frappe aujourd’hui dans cette formule très forte utilisée par le lépreux : « Si tu le veux, tu peux… ».
La formule du Notre Père présente une formulation que nous avons sûrement dite souvent, « que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel », mais que signifie-t-elle en nous ? Cette question est légitime, car, vous comme moi avons sûrement un jour ou l’autre demandé à Dieu : « aide-moi à faire ta volonté ». Mais ce n’est pas la demande de ce lépreux.
« Si tu le veux » est d’abord de sa part une sorte d’aveu que tout surgit de l’Amour de Dieu. La création et notre propre naissance font partie d’une intention d’Amour de Dieu sur ce monde et sur nous, qui est celle du besoin et du désir de Dieu de se communiquer à nous, de vivre une relation d’Amour avec nous ou de nous partager entièrement sa Vie trinitaire. Rien, en fait, dans notre univers n’échappe à cette volonté. Tout en est pénétré, comme une lumière intérieure qui éclaire le sens de l’existence et la voie à suivre.
Il y a donc de la part du lépreux une reconnaissance de cette volonté de laquelle toute Vie surgit. Dans un acte d’une profonde humilité, il s’en remet à cette volonté. Il ne demande pas à Dieu de l’aider à faire sa volonté mais, il ajoutera simplement : « si tu peux… ». Ce deuxième aspect a un double sens. Le premier est que le lépreux reconnaît que cette volonté est toute-puissance d’Amour, qu’elle accomplit et peut accomplir tout ce qu’elle désire. C’est un acte de foi extraordinaire en cet Amour de Dieu, qui est la Vie qui s’écoule en la création et en nous. À la saint Paul, il s’écrit donc : « Je puis tout en Celui qui me rend fort » (Phi 4, 13). Il n’a aucune crainte…
Mais le “tu peux” signifie également : « Oui, je consens. Tu peux faire en moi et de moi ce que tu veux, car je sais que ta volonté est Amour. Ta grâce est volonté sur ma vie, je m’y abandonne. Dispose de moi comme tu le désires. Je ne te demande pas de faire ta volonté mais, simplement, de l’accomplir en moi, et cet accomplissement est ma seule joie. Je te dis oui à tout. Tu peux… je veux, comme toi, que « ma nourriture (soit) de faire la volonté de celui qui t’a envoyé » (Jn 4, 34). Cette volonté qui m’a créé, façonné, engendré, envoyé en ce monde, qu’elle continue à faire son œuvre en moi, à « mener son œuvre à bonne fin » (Jn 4, 34) ».
« Si tu le veux, tu peux me purifier », car « toi, la Parole qui a fait les mondes et qui s’est incarnée en notre chair humaine, tu es la Source de toute pureté. Je sais que je suis déjà pur grâce à la parole que tu m’as fait entendre et, par elle, même dans ma lèpre, je demeure en toi, comme tu demeures en moi (Jn 15, 3-4). En somme, je veux te redire « si tu veux demeurer en moi, tu peux demeurer. Voilà la joie de toute ma vie. »
La volonté de Dieu est simplement notre vie en naissance, celle du Fils de Dieu en nous et de nous en Lui. Si bien qu’il n’y a aucun mal qui peut prendre pouvoir sur nous. Ce texte éclaire pour moi un aspect important du ministère d’accompagnement spirituel et je vais l’exprimer ici de manière forte.
Dans le travail sur notre blessure intérieure et le mal que cette blessure nous a causé, nous ne sommes pas appelés à essayer de s’en débarrasser, comme d’une mauvaise lèpre, mais simplement d’y entrer et de s’y tenir là avec le Christ. « Si tu le veux, nous pouvons… » Nous savons que, même si la lèpre ne m’est pas enlevée, nous pouvons dire avec saint Paul : «” Ma grâce te suffit : car la puissance se déploie dans la faiblesse. ” C’est donc de grand cœur que je me glorifierai surtout de mes faiblesses, afin que repose sur moi la puissance du Christ » (2 Cor 12, 9). La guérison vient de l’acceptation de sa volonté sur nous qui fait que, même au cœur du mal, nous sommes libres et purifiés, car nous nous tenons en l’Amour ! Que Notre-Dame de Lourdes nous accompagne dans notre « tu peux… ».
Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)
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