Évangile du Vendredi 9 février – 5e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Il fait entendre les sourds et parler les muets » Mc 7, 31-37
En ce temps-là, Jésus quitta le territoire de Tyr ; passant par Sidon, il prit la direction de la mer de Galilée et alla en plein territoire de la Décapole. Des gens lui amènent un sourd qui avait aussi de la difficulté à parler, et supplient Jésus de poser la main sur lui. Jésus l’emmena à l’écart, loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, et, avec sa salive, lui toucha la langue. Puis, les yeux levés au ciel, il soupira et lui dit : « Effata ! », c’est-à-dire : « Ouvre-toi ! » Ses oreilles s’ouvrirent ; sa langue se délia, et il parlait correctement. Alors Jésus leur ordonna de n’en rien dire à personne ; mais plus il leur donnait cet ordre, plus ceux-ci le proclamaient. Extrêmement frappés, ils disaient : « Il a bien fait toutes choses : il fait entendre les sourds et parler les muets. »
Méditation
« Jésus quitta le territoire de Tyr ; passant par Sidon, il prit la direction de la mer de Galilée
et alla en plein territoire de la Décapole ». Cette trajectoire géographique représente bien plus qu’un simple changement de décor, c’est un renouveau théologique. Jésus quitte des lieux où la foi est confinée pour se rendre vers des territoires païens, Il passe d’un territoire à un autre, tous païens mais en réalité plus ouverts et capables d’une plus grande sensibilité. Jésus a essayé à maintes reprises de dire à ses concitoyens : “Ouvrez-vous”, mais en vain, leur bouche restait béante et leurs oreilles bouchées devant Sa Parole inhabituelle. Il quitte et franchit les frontières, il va à l’écart des territoires qu’Il aime, pour que dans l’absence se créé le désir d’ouverture et dans le manque se creuse la soif de l’écoute.
« Ouvre-toi », serait-il un ordre individuel adressé uniquement au sourd-muet, ou bien un appel poignant lancé à la foule malentendante de son peuple ? Serait-il un appel à notre Église d’aujourd’hui? N’est-elle pas appelée elle aussi, à ne peut plus se contenter de se perpétuer comme un système rigide, fixé de façon définitive dans des zones où les oreilles sont devenues sourdes à force d’entendre la même mélodie?
« Des gens amènent un sourd-muet à Jésus », des personnes anonymes et un homme qui n’est identifié que par sa surdité! N’est-ce pas particulier comme audience !? Il est bien logique que cet homme soit aussi muet, étant sourd, il ne peut dire ce qu’il n’a jamais entendu. De la même manière, faute d’écouter Sa Parole en profondeur, nous perdons la vraie parole, notre être-Parole. Notre surdité nous rend à nous aussi muets d’espérance, enfermés dans nos solitudes, à l’extérieur de l’Être. Combien de fois, elle nous empêche de retrouver les mots que l’enfant bien-aimé en nous, adresserai au cœur de Son Père.
« Jésus l’emmena à l’écart, loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, et, avec sa salive, lui toucha la langue » Jésus retire l’homme sourd à l’écart de la foule et de son regard. Il touche sa langue avec sa salive et enfonce ses doigts dans ses oreilles, gestes remarquablement particuliers de recréation et de renaissance, qui ne peuvent se dérouler que dans l’intimité et la pudeur. Dans le creux de sa profondeur, cet homme silencieux va s’ouvrir à la Vie en Christ; il sera recréé et remodelé de l’intérieur, tel que Dieu l’avait façonné lors de la Genèse. Une expérience qui ne s’éprouve que dans le profond silence, dans tout son mystère, sa nudité et sa sublime beauté. Les individus présents s’exclament : Tout ce qu’Il accomplit est bon ! mais l’homme ne prononce aucun mot, si ce n’est qu’il était capable de parler correctement; tout a été renouvelé de l’intérieur et tout doit être préservé à l’intérieur.
« Effata ! Ouvre-toi ! » Quelle parole mystérieuse!
Ce « Effata » s’adresse à chacun.e d’entre nous, personne n’est exclu du projet de Dieu. Puissions-nous entendre cet appel d’ouverture et de libération porté par le soupir de Jésus.
Ouvre-toi, toi qui te renfermes dans la solitude de la souffrance et qui s’abreuve de son aigreur.
Ouvre-toi, toi qui es captif de ton passé, qui porte le fardeau de ne pas avoir été aimé et l’insatiable besoin d’être aimé.
Ouvre-toi, toi qui refuses d’entendre en raison des terribles calomnies que tu as entendues à ton sujet, toi qui as choisi le silence car ta parole a été rejetée et brisée.
Ouvre-toi, toi qui possèdes des oreilles mais ne sait pas les utiliser, qui as une bouche mais as perdu la parole, qui as des yeux grands ouverts mais ne perçoit pas la lumière.
Libère-toi, toi qui es prisonnier des idoles de la société, idoles de la renommée, du statut social, du prestige, de l’autorité, de l’argent, de la toute-puissance et de toutes les idéologies qui te promettent une fausse sécurité et qui t’incitent à une consommation enivrante et paralysante.
Gladys EL Helou (gladyshelou@gmail.com)
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