Méditation quotidienne du samedi 27 janvier : Le ciel vivant (No 132 – série 2023-2024)

Image par Myriams-Fotos de Pixabay

Évangile du Samedi 27 janvier – 3e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? » Mc 4, 35-41

Ce jour-là, le soir venu, Jésus dit à ses disciples : « Passons sur l’autre rive. » Quittant la foule, ils emmenèrent Jésus, comme il était, dans la barque, et d’autres barques l’accompagnaient.
Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait. Lui dormait sur le coussin à l’arrière. Les disciples le réveillent et lui disent : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? » Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : « Silence, tais-toi ! » Le vent tomba, et il se fit un grand calme. Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez- vous pas encore la foi ? » Saisis d’une grande crainte, ils se disaient entre eux : « Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? »

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Méditation

En méditant cette tempête apaisée, me vient au cœur un verset du poète jésuite Jean Mambrino : « Écoute le ciel te dire : je ne suis pas le ciel » (Le mot de passe).

À la lecture de cette invraisemblable situation où Jésus dort en plein ouragan, dans une barque semi-engloutie, il y a quelque chose qui nous échappe, ou plutôt qui fuit le raisonnable sans se retourner pour venir nous rassurer. Les deux pieds dans l’eau, le Christ relie ciel et mer, s’adressant aux flots pour calmer les vents comme le Dieu de Job intimant l’océan jaillissant, de contenir ses flots impétueux dans les limites divinement imposées (Jb 38, 4-11). Dieu connaît intimement ces espaces vivants et texturés que l’on nomme abîmes, profondeurs et sources. À Job comme aux disciples et, aujourd’hui à nous, il a demandé : Es-tu parvenu jusqu’aux sources des mers ? T’es-tu promené dans les profondeurs de l’abîme ? As-tu vu les portes de la mort, et se sont-elles ouvertes devant toi ? As-tu contemplé l’étendue de la terre ? Dis-le, si tu le sais (Jb 38.12-18). En contemplant ce Dieu dont l’esprit planait au-dessus des eaux, décollant tout doucement une fine étendue d’eau qu’il appela ciel, ces eaux au-dessus (Gn 1.1-25), j’écoute le ciel me dire, qu’il n’est pas ce que je crois. Comme les gens de Galilée, pourquoi restons-nous là à regarder le ciel (Ac 1.10-11) ? Est-ce bien de là qu’il reviendra, n’est-il pas déjà immensité en toi, ciel vivant en moi ?

Entre chair et ciel, rattacher le ciel à la terre. Le Christ se déploie, séparant la foi de ce moi qui tempête devant les avaries et les noyades en nos vies, lui criant : cela ne te fait-il donc rien ? Comme le Dieu de Job, il est agissant et vivifiant, intimant le ciel à ne pas s’enfuir, invitant le souffle à se contenir au bord de nos profondeurs, de notre abîme et de l’étendue qui nous habitent. Il en faut du temps, des tempêtes et des naufrages pour débarquer de cet égo démesuré et en apparence insubmersible. Il en faut du temps pour se transplanter dans une mer de confiance dont la source est en dehors, non loin des portes de la mort. Il en faut du temps et de l’engloutissement pour se lever en soi, « monter au monde », grandir et savoir que le ciel ne dit pas toujours la vérité : « On ne peut grandir que d’aimer/On ne peut aimer que démuni/Pauvre et petit/Sans regarder le ciel qui ment »[1].

Entre chair et ciel, n’est-ce pas là au fond notre vocation, retenir le ciel pour l’accomplir, pour le devenir ? S’adresser aux tourments, vents contraires de notre temps, aux déchirements et à la désespérance pour devenir un ciel vivant? Debout dans ma barque à demi-engloutie, devant un lépreux, sur le mont des Oliviers ou dans le fin fond de ton cœur, l’amour impétueux du Christ se déploie pour faire de moi, par toi, une Ascension. Entre ciel et terre, entre ce que je crois et ce que tu vis, il nous invite à nous relever, à nous redresser de l’intérieur et à faire de l’aujourd’hui, un paradis en l’adorant, Lui.

Barbara Martel, (bmartel@lepelerin.org)


[1] Ph. Mathy, Monter au monde, cité par G. Ringlet, Un peu de mort sur le visage, 1997, p. 134.

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