Méditation quotidienne du samedi 20 janvier : Appartenances (No 125 – série 2023-2024)

Image par Gerd Altmann de Pixabay

Évangile du Samedi 20 janvier – 2e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Les gens de chez lui affirmaient : Il a perdu la tête » Mc 3, 20-21

En ce temps-là, Jésus revint à la maison, où de nouveau la foule se rassembla, si bien qu’il n’était même pas possible de manger. Les gens de chez lui, l’apprenant, vinrent pour se saisir de lui, car ils affirmaient : « Il a perdu la tête. »

Méditation

Les versets de ce matin sont pour le moins étonnants avec cette tentative d’enlèvement de Jésus par les siens… ils se saisirent de lui. Et qui sont les siens ? ceux qui appartiennent au clan et qui font de Jésus un des leurs au point de se saisir de lui, au point de juger qu’il a perdu la tête ? Ceux qui, aujourd’hui, le rejettent en se prétendant chrétiens, enfermant les leurs dans un esprit sectaire ?  

Ces proches, frères, demi-frères, cousins ou peut-être même sa mère se jettent sur celui qui pourtant annonce l’espérance, rassemble les gens. Qu’ont-ils entendu à Nazareth qui les empêche de se réjouir ? qu’ont entendu mes contemporains qui me regardent de haut ? Il est vrai que remettre en question l’autorité qu’elle fut politique, antique ou scientifique peut être inquiétant quand on y a consenti pour des raisons de sécurité, de crédibilité ou peut-être même d’aveuglément. Un peu plus loin dans le texte, des récriminations contre le Messie s’élèveront par ses frères et ses proches. Malgré le mot frère, le familial ne se confond guère avec le fraternel, Jésus dira d’ailleurs qu’il n’a pas de famille. Il n’a pas d’appartenance autre qu’au Père. Mais imaginer Marie se saisir de lui alors qu’elle fut la première saisie par l’Esprit…

La traduction de Boyer (Évangiles, 2022) énonce plus justement que Jésus ne s’appartenait plus. Spirituellement, le chemin de la conversion nous amène sur ce détachement, détourner ce regard fixé sur soi pour le tourner vers le Christ en soi. Être saisi par le Christ plutôt que se saisir de lui. Lorsque Marie fut visitée par les anges, elle a sans doute saisi et médité toutes ces choses en son cœur, elle n’aurait guère d’appartenance. C’est d’ailleurs la signification du terme vierge dans l’Antiquité. Un peu de loin, l’inquiétude portée depuis toujours par le féminin, Marie a bien saisi lorsque le Fils a dit qu’elle n’était pas sa mère, elle a bien saisi lorsqu’elle fut reprise à Cana par Jésus lui rappelant que l’heure n’était pas venue. Elle a bien compris lorsqu’elle a vu ses fils s’emparer de Jésus, comme les soldats romains le feront plus tard.

Elle fut écartée par le Christ non pas par rejet mais parce qu’elle aussi n’a pas d’appartenance. Elle fut écartée pour être rendue à tous et à toutes. Bénie entre toutes les femmes, elle est la mère de Dieu, elle est la mère plurielle, la mère universelle, la mienne aussi et pas seulement celle de Jésus. Portant la Vie qui sauve, la Parole qui ressuscite, portant son fils mourant, portant nos croix, Marie porte la liberté qui vivifie, qui dit oui même au cœur de l’agonie, au pied du Golgotha. Là où s’entassent nos appartenances, nos souffrances et nos enfermements.

En mettant sa mère sur le même pied que n’importe quel de ses disciples, Dieu nous rappelle que ses critères d’évaluation ne correspondent pas aux nôtres puisqu’il est don et gratuité absolue. Qui est ma mère et qui sont mes frères ? (Mt 12.48), ce sont ceux et celles harmonisés avec l’Amour.

Le Père Girard nous murmurerait que notre vie deviendra miraculée et immaculée lorsque nous pourrons nous jauger selon les critères de Dieu. « Dans les baptisés que nous sommes, un miracle est là à demeure, caché, silencieux, depuis le jour où a été prononcée sur chacun de nous la parole éternelle : « Cela est très bon » (Gn 1.31) » (Y. Girard. Qui a lavé ton visage, 1994. p. 133)

Barbara Martel (bmartel @lepelerin.org)

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