Évangile du Vendredi 19 janvier – 2e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Jésus appela ceux qu’il voulait pour qu’ils soient avec lui » Mc 3, 13-19
En ce temps-là, Jésus gravit la montagne, et il appela ceux qu’il voulait. Ils vinrent auprès de lui, et il en institua douze pour qu’ils soient avec lui et pour les envoyer proclamer la Bonne Nouvelle avec le pouvoir d’expulser les démons. Donc, il établit les Douze : Pierre – c’est le nom qu’il donna à Simon –, Jacques, fils de Zébédée, et Jean, le frère de Jacques – il leur donna le nom de « Boanerguès », c’est-à-dire : « Fils du tonnerre » –, André, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas, Jacques, fils d’Alphée, Thaddée, Simon le Zélote, et Judas Iscariote, celui-là même qui le livra.
Méditation
Pierre, c’est le nom qu’il donna à Simon. Képhas en araméen signifie « pierre, roc », c’est ainsi que Jésus a appelé Simon, c’est ainsi qu’il l’a appelé par son nom, en vérité. Cette méditation nous fait emprunter un chemin de traverse entre ce qui bâtit et ce qui détruit.
En l’évangile de Mathieu 16.18-19, le nom de Pierre est affirmé : « Jésus dit : moi je te dis que tu es Pierre, et que sur ce roc je bâtirai mon Église… ». Plus justement, « tu es rocher et sur cette roche, je bâtirai mon église ». Bâtir sur une pierre qui s’est déjà retournée trois fois plutôt qu’une, bâtir à l’aide d’un Pierre qui s’est déjà fait appeler Satan par son maître. Bâtir avec des Pierre, un homme au cœur parfois rocheux, manquant de foi jusqu’à couler au fond de la mer comme une ordalie. En somme, un homme terriblement humain dans lequel Dieu s’est déposé comme fondement, comme roc. Comme une pierre rejetée par les bâtisseurs mais comme une pierre d’angle, celle qui maintient le chambranle et la voûte. Celle qui porte et révèle : nous ne portons pas le poids du monde, c’est nous qui sommes portés.
Et ce sera ce même Pierre qui annoncera que nous sommes des pierres vivantes (1 Pi 2.4-5). Tantôt assemblées pour nous édifier afin de former une maison spirituelle tantôt élancées contre nos semblables pour les détruire. Des conflits meurtriers qui déchirent le monde jusqu’à la lapidation de la femme adultère, il s’agit bien toujours des mêmes pierres. Des pierres vivantes.
Pour la femme adultère comme pour nos enterrements et autres enfermements mortifères, le Christ a roulé la pierre pour nous libérer. Des roches remplissant les poches des condamnés à l’ordalie par l’Inquisition jusqu’à celles cimentant les monuments funéraires des enfants bombardés, nous sommes Pierre, et pierres nécessaires à la construction du Royaume. Du cimetière à la cathédrale, de la femme adultère à l’enfant pris dans les barbelés, il s’agit bien toujours des mêmes pierres, même quand ce n’est pas la première lancée. Il s’agit bien de notre responsabilité en notre maison spirituelle aussi faite de Terre. Le moine-théologien-poète François Cassingena-Tréverdy (Étincelles II) nous l’évoque avec l’éclat du précieux et le vivant du rocheux. De la femme adultère, et des lapidés par nos Pierre, il rappelle l’espérance qui ouvre et la dignité mariale qui restaure :
Au lieu de lui jeter la première pierre, Jésus la pose comme la première pierre; au lieu de la démolir, il fait d’elle une cathédrale; il l’ouvre, il l’offre aux hommes comme un chantier au milieu de la ville : elle aussi sera Notre-Dame (Jn 8.1-11).
Barbara Martel (bmartel@lepelerin.org)
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