Évangile du Mercredi 17 janvier – 2e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Est- il permis, le jour du sabbat, de sauver une vie ou de tuer ? » Mc 3, 1-6
En ce temps-là, Jésus entra de nouveau dans une synagogue ; il y avait là un homme dont la main était atrophiée. On observait Jésus pour voir s’il le guérirait le jour du sabbat. C’était afin de pouvoir l’accuser. Il dit à l’homme qui avait la main atrophiée : « Lève-toi, viens au milieu. » Et s’adressant aux autres : « Est-il permis, le jour du sabbat, de faire le bien ou de faire le mal ? de sauver une vie ou de tuer ? » Mais eux se taisaient. Alors, promenant sur eux un regard de colère, navré de l’endurcissement de leurs cœurs, il dit à l’homme : « Étends la main. » Il l’étendit, et sa main redevint normale.
Une fois sortis, les pharisiens se réunirent en conseil avec les partisans d’Hérode contre Jésus, pour voir comment le faire périr.
Méditation
Voilà une bonne nouvelle, celle d’une guérison, qui aurait dû faire l’unanimité dans la joie de tous ceux qui assistent à l’évènement ! Comment peut-elle devenir le révélateur de tant de tensions ? d’un conflit qui commence et qui va conduire à la mise à mort de Jésus…
De fait, l’évangile selon St Marc nous présente les débuts de la vie publique de Jésus comme une suite de guérisons et de controverses. Dès sa première venue à la synagogue après l’appel des premiers disciples (Mc 1, 21), un jour de sabbat, la rencontre de ceux qui sont possédés ou malades conduit Jésus à manifester avec autorité sa puissance de guérison. Par là-même, il a enfreint le commandement du repos sabbatique, et dès cet instant, il est devenu suspect aux yeux des responsables religieux et politiques. La suite des rencontres, toutes émaillées de guérisons, s’achève avec cette deuxième guérison accomplie un jour de sabbat.
Comment comprendre l’attitude des pharisiens ?
Ils n’étaient sans doute pas plus insensibles que chacun de nous, et l’on peut penser qu’en temps ordinaire ils auraient été pleins de compassion pour cet homme dont la main ne pouvait plus fonctionner : une situation qui, à cette époque-là, devait rendre tout travail impossible, et qui donc le plongeait, lui et toute sa famille, dans une grande précarité.
Toutefois, les pharisiens ne sont plus capables de se soucier du malheur de cet homme, tant est grande leur suspicion face à Jésus. Ils sont totalement pris dans leur crainte, qui les rend insensibles à sa situation tout comme à la joie de la guérison opérée. Leur regard est celui de la condamnation, et non celui de l’étonnement et de la joie que peuvent manifester les foules. Non seulement cela, mais ils sont tellement prisonniers de leur suspicion et de leur crainte, qu’ils sont prêts à utiliser la situation comme un instrument politique, en faisant l’impasse sur la dimension humaine, comme une arme contre Jésus… N’est-ce pas là une situation que nous retrouvons parfois aujourd’hui dans l’actualité utilisée à des fins politiques au mépris de la compassion ? Jésus, qui voit le fond de leur cœur, manifeste sa tristesse et sa colère, cherchant à réveiller leur cœur et leur humanité.
Oui, la loi de Moïse a bien été donnée par Dieu pour le peuple afin d’être un chemin de vie. Mais lorsque l’observance de la loi conduit à fermer son cœur à la souffrance de l’autre, et à fomenter des desseins de mort pour celui qui guérit, alors il y a perversion du message divin. C’est alors bien pire que de méconnaître la loi. S’il ne suffit pas d’appliquer la loi, les préceptes, les commandements, alors à quoi, à qui se fier ? Il ne faut pas confondre les panneaux indicateurs sur le bord de la route avec le but à atteindre. Ma marche à la suite du Christ ne peut être uniquement constituée de devoirs et d’interdits. Lorsque ceux-ci viennent occulter ma capacité à vivre les rencontres en vérité, j’en fais un refuge, une protection pour moi-même, et non une ouverture à l’amour de Dieu. Nous ne pouvons demander à Dieu de nous dicter notre conduite en chaque circonstance. Il nous a donné une capacité de réflexion, de discernement au service de la relation à l’autre. Prendre le risque de me laisser toucher par compassion, voilà qui peut me conduire là où je n’aurais pas voulu aller. Avec pour seule certitude que le Christ y est à mes côtés.
Sœur Marie-Emmanuel Raffenel, raffenel@gmail.com
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