Méditation quotidienne du lundi 18 décembre : Songe et mensonge (No 106 – série 2023-2024)

Évangile du Lundi 18 décembre – 3e semaine de l’Avent (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

Jésus, engendré en Marie, épouse de Joseph, fils de David Mt 1, 18-24

Voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret. Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ».
Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse.

Veuillez noter que, pour les vacances, nous cesserons les méditations le dimanche 24 décembre et que nous reprendrons le lundi 8 janvier. L’équipe de ces méditations vous souhaite à toutes et tous un Joyeux temps des fêtes.

Méditation

En chacun de nous, il y a des voix, beaucoup de voix. Un monde parle et résonne en nous. Dans le drame qui l’assaille, Joseph affronte l’inattendu. S’effondre-t-il sur lui-même ? Modèle de vie en Dieu, Joseph donne voix à la clarté qui l’inonde comme, dans les criques ensoleillées, un gouffre marin laisse pénétrer la lumière chaude jusqu’en son fond. Ce qui parle en lui est songe de l’Esprit. Du trésor de son cœur, il a tiré la douceur et la certitude dans l’action.

Mais, face à ce qui déboussole, beaucoup perdent pied. Alors, les passions s’enflamment et se combattent l’une l’autre. Remué, notre cœur se trouble, les mensonges flottent en suspension dans nos doutes et nous laissons notre boue nous parler. Des obsessions grandissent jour et nuit sous nos yeux épouvantés. Dans sa tragédie d’inspiration biblique, Jean Racine dévoile le cœur d’Athalie. Dans ses songes, ses fantômes gémissent…

« Un songe (me devrais-je inquiéter d’un songe ?)

Entretient dans mon cœur un chagrin qui le ronge.

Je l’évite partout, partout il me poursuit.

C’était pendant l’horreur d’une profonde nuit. » (1)

Aujourd’hui encore, pour beaucoup le songe n’est qu’une nuit qui poursuit et qui ronge…  Nos chaînes d’information débitent les cauchemars de notre époque. Les fantasmes qui obsèdent nos cerveaux s’éclairent d’une lueur blafarde sur nos écrans où des spectres défilent en cortège. Pour les groupes terroristes, l’horreur est un produit de communication. Le marketing du mal orchestre l’enfer… il sidère les uns, fascine les autres, aspire les esprits pour les mener à la mort.

Sans la verticalité qui sauve, notre âme hurle, aspirée par un gouffre qui s’ouvre dans nos songes dévastés. Mais, lorsque ce « Dieu-avec-nous » guide notre vie, notre être profond parle d’une voix céleste. Une verticalité divine donne sens à notre horizon qui s’élève. S’il est possible de ployer sous le poids de nos cauchemars, il est possible également d’être illuminé par la sainte Lumière de l’Esprit. Tout n’est pas perdu ! L’évangile guide nos cœurs vers Noël et révèle ce qu’est un songe selon le cœur de Dieu. Au XXI° siècle, le songe est d’une brûlante actualité. « Le songe symbolise la vie spirituelle de chacun de nous, cet espace intérieur, que chacun est appelé à cultiver et à garder, où Dieu se manifeste et souvent nous parle. » (2) Le songe est la certitude que la vie parle quand on accepte sa dimension la plus profonde : ce « Dieu-avec-nous ». Et si Dieu pouvait naître et vivre avec nous ? Si comme Joseph nous veillons sur la porte de notre cœur, nous protégerons l’accès au mystère. Car, les profondeurs de notre être sont éclairées par l’Esprit. Nous ne sommes pas des temps de cerveaux disponibles pour des publicités. Mais, nous sommes des Temples de l’Esprit.

Dans les difficultés de nos vies, comment trouver dans le songe une ressource ? La transparence de Dieu traverse l’opacité de nos vies pour nous rejoindre. “Est-ce bien réaliste et efficace ? » diront les blasés… Dans l’innocence de son enfance éternelle, Dieu a quelque chose à nous dire. Le réalisme du mystère change nos plans. Car, le songe n’est pas manipulable selon nos envies. Il indique cette part libre de notre être que nous devons protéger. Si nous apprenons la gratuité, le sens de l’indisponible, la saveur de l’immense qui échappe, nous dégagerons le chemin du songe. Dès lors, nous pourrons être visités comme Joseph. « Souvent la vie nous met face à des situations que nous ne comprenons pas et qui semblent sans solution. Prier en ces moments-là. Cela signifie laisser que le Seigneur nous indique la chose juste à faire. En fait, très souvent, c’est la prière qui fait apparaitre l’intuition de la porte de sortie, comment résoudre cette situation. » (2)

Saint Joseph apprend-nous à devenir les gardiens de notre âme.

« Saint Joseph, tu es l’homme qui songe, apprends-nous à retrouver la vie spirituelle
 comme le lieu intérieur où Dieu se manifeste et nous sauve.
 Éloigne de nous la pensée que prier soit inutile; 
aide chacun de nous à correspondre à ce que le Seigneur nous indique.
 Que nos raisonnements soient irradiés de la lumière de l’Esprit,
 notre cœur encouragé par Sa force et nos peurs sauvées par Sa miséricorde. Amen. »(2)

Vincent REIFFSTECK.     vincent.reiffsteck@wanadoo.fr

  1. Athalie (acte II, scène 5) de Jean Racine.
  2. Pape François, Catéchèse sur saint Joseph – 9. Saint Joseph, un homme qui “songe”, mercredi 26 janvier 2022.

DROIT D’AUTEUR

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