Méditation quotidienne du lundi 11 décembre : Attraper la vérité par la vie (No 99 – série 2023-2024)

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Évangile du Lundi 11 décembre – 2e semaine de l’Avent (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Nous avons vu des choses extraordinaires aujourd’hui ! » Lc 5, 17-26

Un jour que Jésus enseignait, il y avait dans l’assistance des pharisiens et des docteurs de la Loi, venus de tous les villages de Galilée et de Judée, ainsi que de Jérusalem ; et la puissance du Seigneur était à l’œuvre pour lui faire opérer des guérisons. Arrivent des gens, portant sur une civière un homme qui était paralysé ; ils cherchaient à le faire entrer pour le placer devant Jésus. Mais, ne voyant pas comment faire à cause de la foule, ils montèrent sur le toit et, en écartant les tuiles, ils le firent descendre avec sa civière en plein milieu devant Jésus. Voyant leur foi, il dit : « Homme, tes péchés te sont pardonnés. » Les scribes et les pharisiens se mirent à raisonner : « Qui est-il celui-là ? Il dit des blasphèmes ! Qui donc peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul ? » Mais Jésus, saisissant leurs pensées, leur répondit : « Pourquoi ces pensées dans vos cœurs ? Qu’est-ce qui est le plus facile ? Dire : “Tes péchés te sont pardonnés”, ou dire : “Lève-toi et marche” ? Eh bien ! Afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a autorité sur la terre pour pardonner les péchés, – Jésus s’adressa à celui qui était paralysé – je te le dis, lève-toi, prends ta civière et retourne dans ta maison. » À l’instant même, celui-ci se releva devant eux, il prit ce qui lui servait de lit et s’en alla dans sa maison en rendant gloire à Dieu. Tous furent saisis de stupeur et ils rendaient gloire à Dieu. Remplis de crainte, ils disaient : « Nous avons vu des choses extraordinaires aujourd’hui ! »

Méditation

En interpellant les pharisiens et les docteurs de la Loi, Jésus dénonce une manière de ne pas vivre la vérité : « Quel malheur pour vous, docteurs de la Loi, parce que vous avez enlevé la clé de la connaissance ; vous-mêmes n’êtes pas entrés, et ceux qui voulaient entrer, vous les en avez empêchés. » (Lc 11,52) La connaissance des choses divines ne s’est pas ouverte pour eux, ils en ont perdu la clé. Pourtant, hier comme aujourd’hui, à travers les expériences de notre vie, le Christ frappe à la porte : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Ap. 3,20) Mais, la porte reste fermée. Sans un cœur sensible, la connaissance se dessèche. La connaissance objective, froide et impersonnelle, ne voit que des objets, des choses extérieures… que l’on gère et organise.

Mais, est-ce cela la vérité ? La vérité la plus haute vibre avec l’intime de notre être. Plus la vérité monte haut, plus elle touche le plus intérieur de notre existence. En effet, les choses divines se découvrent du dedans, se vivent de l’intérieur. La clé qui ouvre vers la vérité divine, c’est une conscience vivante et vécue qui rejoint l’homme en profondeur. La vérité, c’est vivre vraiment ce que je vis. Dans le plus intime de notre vie, notre conscience, enfin vécue de l’intérieur commence à bouger, à se lever, alors… c’est la découverte du Christ ! “Lève-toi et marche.”

Dieu n’est pas une idée ! Souvent, dans nos vies, l’amour de Dieu reste un bel idéal qui ne fait pas fuir la culpabilité. Dieu est bon, amour, etc. OK. Mais, la culpabilité me cerne… la tristesse envahit mon corps… Face à cet « homme qui était paralysé » et qui descend à travers le toit, Jésus descend dans les profondeurs pour délivrer en premier l’intime du cœur. Et si cette année, cet Amour divin, c’était pour moi ? Et si je l’accueillais du plus profond de mes fibres ? Et si c’était vrai, d’une vérité qui palpite avec mon cœur ?   

Pour celui qui croit, dans l’intime, la Présence infinie du Christ dilate la vie. Notre faiblesse est transformée par l’Amour divin. Avec les mots de la Petite Thérèse, notre âme chante l’éclosion de nos fautes dans la Lumière divine :

« Moi si j’avais commis tous les crimes possibles,

Je garderais toujours la même confiance,

Car je sais bien que cette multitude d’offenses

N’est qu’une goutte d’eau dans un brasier ardent. »

Mais, les pharisiens et les docteurs, qui veillaient à la bonne pratique communautaire, se dessèchent. Devant Jésus qui est la Vérité, ces gestionnaires restent de marbre… La Présence de Jésus attire la « foule », mais ces chefs ne sentent rien… Contre la vérité, ils se réfugient dans l’objectivité d’un savoir situé loin de leur vie. Devant Jésus qui est la Raison, le Logos vivant, ils mettent en fonction des procédures de raisonnement qui évacuent la vie intérieure : « Les scribes et les pharisiens se mirent à raisonner ».   

Jésus demande d’être vrai. Il propose à l’homme d’entrer dans le centre de son être, de se situer dans l’axe qui donne sens à toute chose. Car, celui qui est dans le « je suis » divin entre dans une plénitude. Par exemple, il ne peut plus dire « je suis » et mentir, puisque d’un côté, le menteur sait la vérité et que d’un autre côté, il la cache aux autres. Comment dire en même temps « je suis » celui qui sait la vérité et « je suis » celui qui dit le faux ? Intérieurement, le menteur se situe à la mauvaise place, il est à la place du mort. En lui, la vérité n’est pas vivante, elle n’est pas vécue de l’intérieur. Mais, la vérité est déposée stratégiquement à un endroit où elle sera manipulée en vue d’une intrigue. Le « je suis » n’est alors qu’un trou vide de sens. Le mensonge n’est possible qu’au prix de l’oubli de ce que « je suis » : je fais semblant de croire que je me limite aux sensations, aux apparences, je me fais croire que je ne souffre de rien en restant à la surface de mon être. Le menteur pourra s’enivrer de prétextes, le menteur édifiera des excuses, le mensonge aura beau être justifié par les intérêts du moi, par les circonstances, il sera toujours en porte à faux avec l’intimité de son être. Il sera à côté de sa vie, il aura raté le centre de la cible. En langage biblique, c’est l’échec du péché. Le mot « péché » indique que nous fonctionnons socialement, mais à l’écart du « je suis » fondamental. Le péché signale que nous gérons les affaires, sans vivre en profondeur : notre vie n’est plus irriguée par notre source divine.

Pour redécouvrir la Vérité qu’est Jésus, il nous faut alors écarter les « tuiles » qui obstruent notre toit, ce qui nous relie au Ciel. La prière du cœur nous conduira à cet Homme qui dit : « Homme, tes péchés te sont pardonnés. » Un point d’innocence se dégage, il nous intime l’ordre : « lève-toi, prends ta civière ». On ne peut plus vivre comme avant !

Vincent REIFFSTECK.    vincent.reiffsteck@wanadoo.fr 

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