Méditation quotidienne du dimanche 10 décembre : Le désert de tout commencement (No 98 – série 2023-2024)

Évangile du Dimanche 10 décembre – 2e dimanche de l’Avent (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

Rendez droits les sentiers du Seigneur Mc 1, 1-8

Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. Il est écrit dans Isaïe, le prophète : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin. Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Alors Jean, celui qui baptisait, parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés.
Toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, en reconnaissant publiquement leurs péchés. Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Il proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »

Méditation

Nous voici au deuxième dimanche de l’Avent avec Jean Baptiste, et l’Évangile de Marc nous présente le « commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu ». Ces mots de l’évangéliste sont, pour moi, une expression de l’être-mission “précurseur” de Jean-Baptiste à l’égard du Christ, son être se voulant “le commencement” de la mission d’un Autre.

L’être de Jean-Baptiste se veut cette « voix qui crie dans le désert » proclamant « un baptême de conversion ». Il en appelle au salut du monde pour que chaque homme et chaque femme se détournent de ses péchés. Son être enfoui au désert dans la solitude est jeté dans la mission, pour ne pas dire dans la “ré-mission” des péchés, et est rejoint par toutes ces personnes qui viennent à lui. Mais ce qu’il proclame comme un déchirement, il ne peut le réaliser… Ce ne sera que Jésus qui pourra baptiser dans l’Esprit Saint et apporter le salut (la rémission des péchés), car Jésus sera conduit au baptême de la Croix où il prendra sur Lui tout le péché du monde. Mais, avant, Jésus, après avoir vécu trente ans de vie cachée et son baptême par Jean, sera poussé à son tour au désert par l’Esprit. Qu’est-ce que nous enseigne donc cette mystique du désert qui a traversé la vie de Jean-Baptiste et celle de Jésus de même que toute la tradition spirituelle chrétienne ?

Le désert est le lieu qui est au « commencement » de toute mission mais, aussi, qui l’accompagne tout au long. Il est le lieu de cette Lumière de Dieu qui trace un chemin dans nos ténèbres (car introduits dans ce « commencement » qu’est Dieu) et qui, par ce soleil brûlant, abrasent le mal et la mort en nous.  Cette expérience, pour nous comme pour Jean-Baptiste, ne peut que nous conduire à crier rémission pour nos propres péchés et demander à Dieu la rémission de tout péché, spécialement le mal que nous Lui avons fait.

De cette expérience, nous devenons, pour la première fois, ce grain qui est tombé en terre. Par la grâce de Dieu, nous voulons nous départir de tout ce qui empêche la Vie de Dieu d’être libérée en nous, et ce, par amour de Dieu et pour le salut du monde. C’est du lieu de cet Amour de Dieu touché en nous, et qui veut s’épandre, que surgit la mission. La mission de chacun.e commence quand l’ouvrier se met à la moisson ou devient moisson, car il voit alors, en Lui et en chacun.e, la semence de Vie, la semence de la Parole, qui, placée en la terre de l’être, cherche à trouver sa naissance.

Cette expérience en est une profondément de prière dans une nuit lumineuse où le péché est illuminé par la grâce. Dans le dépouillement du désert, il ne demeure que la Vie nue, qui se fait Source. Le summum de cette expérience du désert se vivra comme participation à la Croix, comme rémission réelle et vivante de nos péchés, comme baptême dans l’Esprit. C’est dans le dépouillement du désert que notre salut est possible et que se trouve le « commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu ».

Le désert est donc le lieu de la Croix glorieuse. Il est le lieu de cette vie cachée, comme sera celle du Christ, où prend racine toute mission. Car, au désert, comme nous venons de le dire, notre mal est abrasé par l’Amour et dans l’Amour nous sommes brûlés, jour et nuit, par Dieu.

En creux de toute mission, pour qu’elle soit féconde, nous sommes appelés à nous tenir continuellement au désert afin de se laisser faire par l’Amour. Qu’importe que nous soyons dans le jour ou la nuit de la Lumière, nous sommes appelés à nous y tenir, car c’est dans la vie cachée de cette rencontre avec le Père par le Fils dans l’Esprit que surgissent toute Vie, tout salut, toute grâce et toute mission.

La mission n’est pas quelque chose à faire mais le débordement en tout de la Vie divine qui veut se répandre sur le monde. À travers nous, par, avec et en nous, le Fils veut communiquer l’Amour divin et faire surgir la moisson en chacun.e. La moisson est cette Vie de Dieu en chacun.e qui attend qu’on la libère; et cette libération ne peut se vivre sans nous.

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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