Méditation quotidienne du samedi 9 décembre : Prière pour mes amis (No 97 – série 2023-2024)

Image par Gerd Altmann de Pixabay

Évangile du Samedi 9 décembre – 1re semaine de l’Avent (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion » Mt 9, 35 – 10, 1.5a.6-8

En ce temps-là, Jésus parcourait toutes les villes et tous les villages, enseignant dans leurs synagogues, proclamant l’Évangile du Royaume et guérissant toute maladie et toute infirmité. Voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles parce qu’elles étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger. Il dit alors à ses disciples : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. » Alors Jésus appela ses douze disciples et leur donna le pouvoir d’expulser les esprits impurs et de guérir toute maladie et toute infirmité. Ces douze, Jésus les envoya en mission avec les instructions suivantes : « Allez vers les brebis perdues de la maison d’Israël. Sur votre route, proclamez que le royaume des Cieux est tout proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons. Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement. »

Méditation

Temps de l’Avent, temps des rencontres avec ces proches, pourtant si lointains, que je ne vois plus qu’une fois l’an. Lors de nos réunions entre amis, entre parents, entre Noël et le jour de l’An, je me surprends à devenir témoin de l’effacement de leur vie parfois dissolue, de l’égarement du sens que leur vie ne revêt plus. Cancer, divorce, isolement, stérilité du mitant de la vie, replis et autres noirceurs brandies, empêchant de voir la pauvreté lumineuse qu’apporte cette brèche en forme d’opportunité. Comme ces brebis désemparées et abattues, le regard orphelin, plusieurs de mes amis se plaindront d’une existence sans espérance, d’un avenir ténébreux. Plusieurs amis célèbreront les distractions, signe de salut devant la tourmente amère et ambiante. Petit sourire en coin, ils me rappelleront que je ne suis pas comme eux, que je n’ai pas monté dans le train, ignorante des derniers potins, de la dernière série télé, des vacances programmées pour s’échapper sous un soleil acheté. « Ah, toi, on sait ben, il n’y a jamais rien qui t’atteint ». Et pourtant, savent-ils comment leur cri silencieux traduisant une vie soigneusement et raisonnablement évidée de la joie de Dieu me touche ? Jésus fut saisi de compassion, je frémis. Au fil des ans, un verre à la main en ces successives veilles du jour de l’An, je remarque le désarroi fardé, le découragement maquillé, un vague goût de mort derrière le scintillant du vêtement usé. Ils me rappelleront aussi avec une pointe de moquerie que le consentement à leur don, à un engagement comme le mien n’est pas à leur portée. De toute façon, ce oui ne permettra pas de payer les factures de leurs distractions.

Quand auront-ils accès à ce que Dieu a fait d’eux ? Quand éprouveront-ils la toute-puissance de leur fragilité qui leur permet d’accueillir et de donner la vie vivante ? Le Christ reconnaît la toute-puissance de nos pauvretés, mieux, il nous envoie, confiant, guérir les malades, ressusciter les morts, purifiez les lépreux et expulser les démons en communiant à cette pauvreté.

Je réponds aux courriels, accepte l’annuelle invitation à célébrer la veille du jour de l’An avec ces amitiés effilochées, ces proches devenus parfois étrangers. Temps de l’Avent, temps de nouveauté, je leur offrirai cette année une prière puisée dans la sagesse du Père Girard. Je l’offrirai avec un sourire d’enfant pas très sage:

Ami, crois-moi,

La bonté que tous attendent, elle a sa source au creux de tes mains;

La fécondité dont tu rêves, elle est enveloppée dans tes gestes les plus simples;

La joie qui guérit de toute tristesse, elle surgit sous chacun de tes pas de baptisé;

La lumière que tu cherches depuis toujours, elle scintille au fond de tes yeux.

Comme un phare dans la nuit, tu es toi-même demeuré dans l’ombre, mais tous ceux qui sont passés près de toi ont bénéficié de ta lumière. (Y. Girard. Qui a lavé ton visage ?, 1994, p. 31).

Je regarderai ces visages qui portent la promesse de la puissance créatrice du Créateur et dont le monde a tant besoin. Seigneur qui renouvelle toute chose, la moisson est abondante et les ouvriers peu nombreux. Ouvre leur cœur et utilise le mien pour refléter leur lumière, pour que je révèle Ton visage lorsqu’au douze coups de minuit, je leur prendrai les mains.

Barbara Martel (bmartel@lepelerin.org)

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