Évangile du Vendredi 1 décembre – 34e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le royaume de Dieu est proche » Lc 21, 29-33
En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples cette parabole : « Voyez le figuier et tous les autres arbres. Regardez-les : dès qu’ils bourgeonnent, vous savez que l’été est tout proche. De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le royaume de Dieu est proche. Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas sans que tout cela n’arrive. Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. »
Méditation
Pourquoi donc Jésus insiste-t-il si souvent sur la fin des temps? nous incite à en discerner les signes?
Si nous retournons un peu dans l’histoire des communautés croyantes à l’époque de Jésus, nous nous apercevrons que la pensée apocalyptique les intriguait et les intéressait beaucoup. Ils étaient constamment à l’affût de signes précurseurs annonçant la venue du messie et la fin des temps. C’est également dans ce climat d’inquiétude et de catastrophes politico-religieuses que les premières communautés chrétiennes ont émergé. Jésus, bien enraciné dans l’époque terrestre de son incarnation, proposait des paraboles imprégnées dans ce climat, telle une lecture de signes à la recherche d’un sens qui insiste sur la réalité et l’évidence. Le figuier et les arbres qui bourgeonnent sont annonciateurs de la splendeur de l’été qui approche, du retour du soleil, de la chaleur et des fruits; signes évidents qui renforcent l’espoir dans l’attente d’une vie nouvelle. N’est-ce pas ce que l’incarnation du Christ dans le monde est venu annoncer? la Pâques ultime, le passage resplendissant du monde présent à l’ère de l’Autre Éternel?
Aujourd’hui, dans notre monde désenchanté par la parole de foi, frustré par tant d’expériences religieuses négatives, par des paradigmes vieillots et désuets, bien imbibé dans une suffisance scientifique et des dogmes émancipateurs, comment retrouver cette lecture des signes du temps? Cette quête vers une construction symbolique de sens, pas n’importe lequel mais un sens qui court le risque de la foi?
La fin des temps ou la fin d’un temps? Fin ne signifie pas seulement un achèvement et éventuellement une disparition d’une ère, d’une époque ou d’une vie. La fin est avant tout finalité, but ultime, sens et aboutissement de l’humanité et de la création.
Les crises sont omniprésentes dans l’histoire du monde, crises naturelles, humaines, sociologiques et culturelles. Séismes, inondations, changement climatique, guerres, génocides, migration, naufrage de civilisations, mutation de cultures et de sociétés… rien de nouveau sous le ciel. Les signes jalonnent les temps et tous les temps font signe. La question serait de pouvoir y détecter ce qu’ils nous révèlent du Royaume ou bien de savoir comment utiliser ces brèches comme espaces de moisson du Royaume.
S’il est crucial pour nous de réapprendre à décrypter les signes des temps, il serait bien risqué de le faire sans en préciser au préalable, la finalité. L’expression signes des temps est devenue si populaire qu’elle s’est entourée d’une couche de nuages et de brume, beaucoup de choses peuvent se retrouver sous cette étiquette extensible à souhait selon Karl Rahner. Prétendre connaitre les outils, le langage, la connaissance et les paroles c’est calmer notre profonde peur du manque de sens par des utopies. Au début était la Relation et nous avons besoin de retourner constamment à cette alliance d’Amour, non pas avec notre suffisance et nos certitudes mais avec notre manque et notre vide. S’exposer au temps comme des êtres vide de Dieu, dépouillés de toute sécurité, dégarnis de toute acquisition et de tout savoir. S’ouvrir comme une terre vierge afin que l’Esprit puisse occuper tout l’intervalle entre nous et Dieu. Accueillir la foi et l’espérance comme un mystère et balayer du regard tous nos horizons dans une attente amoureuse, dépouillée de conjectures prédéfinies afin d’accueillir les mains et le cœur vides, la nouveauté toujours inédite de l’Amour Trinitaire. Scruter dans nos chemins de désert les espaces potentiels de se transformer en vergers du Royaume et dans l’horizon lointain et silencieux toutes les possibilités inusitées de la Vie de Dieu. Et lorsque notre regard décèle le vide dans le sépulcre, sachons que quelque part se trouvent les signes de la Vie qui a ressuscité.
« Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas ». Cette Parole, à la fois révélée à travers le Christ et cachée comme une lumière tamisée, est un mouvement dont on ne sait d’où il vient, ni vers où il part; suivons-le car il nous indique un chemin, une voie.
St Jean de la Croix a dit que le Père a tout dit en une seule fois en nous donnant son Fils puis s’est tu, mais Sa parole continue de résonner et de parler à travers tous les siècles et avec toutes les langues. Les temps sont marqués par l’empreinte de Dieu, Sa parole demeure éternellement Esprit, Vie et Relation en vue de la Communion. Jésus est chemin sur lequel Dieu nous accompagne, Vérité d’une Parole toujours renouvelée d’espérance et Vie sous la dynamique d’un Esprit qui sans cesse nous porte, nous emmène loin vers un horizon neuf où l’Amour se reçoit et se donne.
Tous les temps sont un temps de Dieu, cherchons dans les signes de notre temps, l’empreinte de ce Dieu qui se donne, muet mais dont la Parole résonne partout, ce Dieu en devenir, en gestation, dans la douleur et dans la joie. Cherchons dans l’obscurité de nos crises et de nos nuits, au-delà de toutes nos expériences et nos certitudes, la foi dans l’amour et dans l’espérance, car c’est elle qui reste lorsqu’il ne reste rien.
Gladys EL Helou (gladyshelou@gmail.com)
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