Méditation quotidienne du dimanche 26 novembre : Le Dieu humilié (No 84 – série 2023-2024)

Évangile du Dimanche 26 novembre – 34e dimanche du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Il siégera sur son trône de gloire et séparera les hommes les uns des autres » Mt 25, 31-46

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche.
Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !” Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu…? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ? tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?” Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.”
Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : “Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges. Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.” Alors ils répondront, eux aussi : “Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?” Il leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.”
Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. »

Méditation

La dernière fois que nous avons médité ce texte, c’était pour la Commémoration des défunts, le 2 novembre dernier. J’avais commencé la méditation en m’exclamant : « Évangile incompréhensible ! Évangile paradoxal ! Évangile impossible ! J’avoue que cet Évangile me trouble ! » J’avoue qu’il n’est en est pas autrement en relisant ce texte dans le cadre de la solennité de Notre Seigneur Jésus Christ, Roi de l’univers.

La première difficulté est mon imaginaire qui voit un Christ triomphant et tout-puissant, siégeant sur son trône de gloire, qui vient juger tous les humains de tous les temps. N’y a-t-il pas en moi une peur face à ce jugement ?! Mais quand on y regarde bien, nous sommes plutôt devant un Christ humilié. La première expression de cette humiliation est que le texte nous raconte comment, ce Roi, durant toute sa vie sur terre, a embrassé l’humiliation des humains, humiliation causée par nos péchés. « Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! » Il ne s’agit donc pas du triomphalisme d’un Roi tout-puissant mais de la tendresse infinie d’un Dieu tout-aimant atteint en tous ses enfants.

La deuxième expression de cette humiliation vient du fait que Jésus a dit, ailleurs, à plusieurs reprises : « Ceux que tu m’as donnés, je n’en ai pas perdu un seul » (Jn 18, 9) ou « J’ai veillé et aucun d’eux ne s’est perdu, sauf le fils de perdition, afin que l’Écriture fût accomplie » (Jn 17, 12). Alors cette scène est terrible pour ce Roi, confiné à voir un certain nombre (« ceux-ci ») être envoyés « au châtiment éternel ».  Nous pouvons alors percevoir que le trône de ce Roi n’est pas fait d’or et de rubis mais que ce trône est la Croix. Ce n’est pas pour rien que, dans l’Apocalypse, Jean parle du trône de l’Agneau (Apo 7, 17) ou du « livre de vie de l’Agneau égorgé » (Apo 13, 8). Non seulement le Fils souffre comme un Agneau livré à notre folie mais, également, le Père qui est jeté en enfer, car quelle souffrance, pour Lui, de voir mourir ses enfants. Et que dire de l’Esprit, qui de toute éternité porte l’Amour du Père et du Fils, et qui, sur la Croix, porte leur humiliation. Sur la Croix, le Père, le Fils et l’Esprit ont absorbé toute l’humiliation du monde et l’ampleur des ténèbres de notre péché. Toute cette obscurité, toute cette ombre, a été absorbée dans l’Amour, reçue comme le prix douloureux d’avoir laissé à l’humain sa liberté jusque dans l’absurde de la mort et du rejet de Dieu.

Cette Croix glorieuse et ce Roi, qui vient en sa gloire, ne rappellent-ils pas que cette gloire est l’Amour infini de Dieu ! Amour qui a couvert toute haine de l’humain mais en payant le prix d’une Croix plantée dans le Cœur de Dieu pour l’éternité, nous disant que l’enfer est d’abord pour Dieu. Ce texte, alors, ne nous appelle-t-il pas aujourd’hui à ouvrir les eux de notre propre cœur afin de voir « quand le Seigneur vient à nous » en nos frères et sœurs, car notre Roi n’en est pas un triomphant mais un blessé en chacun de ses enfants. Le jugement que le Roi nous demande d’exercer aujourd’hui de sa part est celui de son Amour, de sa miséricorde, afin qu’à « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». Prenons soin de Dieu en tous les humains, car son ultime désir pour chacun.e de nous est « la vie éternelle » ou, dit autrement, est sa Vie à Lui. Il veut nous couvrir de sa Gloire.

Au final, cet Évangile nous met devant l’incompréhensible du comportement humain face à l’Inimaginable Amour de Dieu pour nous. Comme il devient urgent, en ces temps de guerre, de se dire et redire « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». Refusons de tout notre cœur de tuer l’Amour en nous pour glisser dans l’absurde de nos haines et de leur propagation, mais, bien plutôt, consentons à contempler en chacun.e le Dieu humilié et à en prendre soin!

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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