Méditation quotidienne du samedi 11 novembre : Moi, je vous le dis… (No 69 – série 2023-2024)

Image par Tiyo Prasetyo de Pixabay

Évangile du Samedi 11 novembre – 31e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Si vous n’avez pas été dignes de confiance pour l’argent malhonnête, qui vous confiera le bien véritable ? » Lc 16, 9-15

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Moi, je vous le dis : Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles. Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance aussi dans une grande. Celui qui est malhonnête dans la moindre chose est malhonnête aussi dans une grande. Si vous n’avez pas été dignes de confiance pour l’argent malhonnête, qui vous confiera le bien véritable ? Et si, pour ce qui est à autrui, vous n’avez pas été dignes de confiance, ce qui vous revient, qui vous le donnera ? Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. »
Quand ils entendaient tout cela, les pharisiens, eux qui aimaient l’argent, tournaient Jésus en dérision. Il leur dit alors : « Vous, vous êtes de ceux qui se font passer pour justes aux yeux des gens, mais Dieu connaît vos cœurs ; en effet, ce qui est prestigieux pour les gens est une chose abominable aux yeux de Dieu. »

Méditation

En écho à la Parole d’hier qui résonnait d’une miséricorde exercée malgré l’intention première, celle de ce matin semble tout aussi râpeuse et claironnante.

Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles.

Moi je vous le dis… l’accueil surpassera la malhonnêteté.

Si vous n’avez pas été dignes de confiance pour l’argent malhonnête…

Moi, je vous le dis… la fidélité surpassera la malhonnêteté.

L’accueil et la fidélité, envers et malgré la transgression, seraient porteuses d’une empreinte vertueuse échappant à toute morale. La confiance qui vacille en leur cœur illuminerait-t-elle jusqu’à la ténébreuse malhonnêteté ? Y aurait-il donc une part de divin dans le mal ?

Christiane Singer dans son Éloge du mariage, de l’engagement et autres folies, nous déposent quelques paroles bourrées d’une sagesse aussi inquiétante que radieuse : « Le Baal Chem Tov a dit quelque chose d’abyssal : la lutte contre le mal prend un tournant décisif lorsqu’on prend conscience que même le mal contient quelque chose de divin. […]. On n’échappe pas au mal seulement en le combattant, (…), mais en reconnaissant pour le combattre la part du divin qui est en lui » (p. 84-85).

Chercher l’accueil en assumant sa malhonnêteté qui barbouille l’intégrité, demeurer fidèle malgré la malhonnêteté qui tord l’âme, n’est-ce pas ce qui se joue en accompagnement spirituel ? Donnant voix au chemin de vie blessée, maintes fois arpenté à travers les intimes malhonnêtetés, la personne accueille sa fidélité peu à peu déterrée. Au travers les richesses injustes, les pharisiens croisés en chemin, le mépris déguisé en prestige et les indignités devenues presque familières, la personne aidée découvrira dans l’enfouissement de sa vie, la confiance inouïe de Dieu en sa dignité. Enfant inconsolée devant une miséricorde trop grande pour être contenue dans ses bras, la personne aidée prend conscience qu’au fond de sa blessure et au cœur de sa faiblesse se love la part divine de ses espoirs ternis. Cheminant vers un pardon annoncé, il est saisissant que Dieu ne tienne aucunement compte de notre mal. Encore plus saisissant est sa confiance d’être accueilli par notre fidélité vissée, avec une force parfois insoupçonnée, dans notre dignité malgré toutes les malhonnêtetés. Saisir, en soi, la dignité de ce tout-petit enfin consolé qui avait compris, bien avant le grand passage blessant de l’oubli, que la première des fidélités, nous la devions à la Vie, celle qui déborde dorénavant de l’enfant.

L’entretien se termine, l’aidé que j’accompagne se lève. La part du divin jaillissant encore en lui, je m’émerveille. Savons-nous que c’est précisément pour cette part vibrante que nous sommes aimés ? L’accompagnement est un serment. C’est celui de ne jamais laisser cette vie s’embourber à nouveau dans l’insignifiance et sa malhonnêteté, cette vie reçue de Lui, confiée à notre oui et transmise l’accueil du Christ et de sa naissance en moi. Il nous l’a dit.

Barbara Martel (bmartel@lepelerin.org)

DROIT D’AUTEUR

La méditation peut être partagée à toutes et à tous, en tout ou en partie, mais le nom de l’auteur et l’indication du centre le Pèlerin avec l’adresse du site (www.lepelerin.org) doivent être inscrits, car les droits d’auteur demeurent. Merci de votre compréhension.