Méditation quotidienne du mercredi 1 novembre : La Béatitude divine (No 59 – série 2023-2024)

Évangile du Mercredi 1 novembre – Tous les Saints30e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! » Mt 5, 1-12a

En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »

Méditation

Les béatitudes prennent leur origine dans la Croix. Elles sont des bénédictions anticipées de cette Croix et l’annonce d’un retournement sans comparaison dans toute l’histoire humaine. Comment, de fait, les moments difficiles et les souffrances de nos vies peuvent-ils être des moments « heureux » ou des moments pour nous mettre « en marche » (selon la traduction de Chouraqui) ?

Chacune des béatitudes laissée comme un présent précieux par le Christ porte deux aspects ou mystères particuliers. Le premier est qu’importe les moments de pauvreté, d’affliction, de faim et de soif, de persécution ou de recherche de paix, de douceur, de pureté et de miséricorde que nous traversons les grâces de la Croix se répandent sur nous. Il s’agit pour nous d’ouvrir ces moments afin que, de l’intérieur, la Vie, l’Amour et la Vérité de Dieu triomphent en nous. Non seulement nous ne sommes pas laissés seuls à nous-mêmes mais nous pouvons y expérimenter le triomphe de la Vie.

Mais le vrai sens des béatitudes est plus grand encore. Chaque béatitude est un chemin pour entrer dans le mystère de Dieu et éprouver ce mystère en nous. Une telle expérience survient parce que notre regard, de par la grâce qui nous est communiquée, passe de nous-mêmes en Dieu. Nous ne sommes plus centrés sur nous-mêmes, car nous sommes saisis de l’intérieur par le Fils même qui nous tourne vers le Père. 

Prenons la pauvreté. Nous éprouvons alors non plus notre petite pauvreté avec ses misères mais nous sommes aspirés et inspirés dans la pauvreté de Dieu, qui n’est que pur don et pur accueil. De l’horizon bien limité de nos pauvretés, avec son caractère de victime, nous entrons dans l’horizon infini de Dieu où la pauvreté est le lieu de l’expansion continuelle de l’Amour du Père et du Fils dans l’Esprit. Il n’y a plus ici de retour égoïste sur soi mais une contemplation et une adoration de l’Autre, qui signifie une relation vivante d’Amour avec Lui.

En ce qui attrait à « ceux qui pleurent », nous entrons dans les pleurs de Jésus sur la Croix, de cet Homme-Dieu pris aux entrailles non par sa propre souffrance mais par la nôtre, et, plus encore, par celle du Père bouleversé par la mort de ses enfants. Nous recevons ce don des larmes, don qui dérive de cet Amour du Père et du Fils, et dont le débordement en nous est l’Esprit. Quand une personne « pleure » ainsi, son cœur est pris d’Amour et de compassion et elle participe de l’Amour souffrant du Christ sur la Croix, épanchant son Amour sur l’A(a)utre.

Quant au bonheur des « doux », il leur vient d’une participation au Cœur transpercé du Christ et apprennent de Lui qu’Il est « doux et humble de cœur » (Mt 11, 29). Cette douceur n’est pas mielleuse mais elle porte le courage de Celui qui aime jusqu’au bout, qui aime « jusqu’à la fin » (Jn 13, 1). Et cette douceur est douceur, car elle est sans violence, sans vengeance, sans rétribution. Ce Cœur ne redonne que de l’Amour.

Pour les purs de cœur, leur pureté vient justement du fait que la Parole du Fils les habite. Leurs coeurs participent du Cœur transpercé du Christ en Croix, sans défense devant l’humain. Il n’est pas simple d’avoir un cœur pur, car un tel coeur est atteint par tout ce qui atteint l’humain et qui atteint Dieu. Il ne fait pas sien le mal mais il fait sien tout humain qui souffre, tout en étant le joyau d’où resplendit la Lumière de Dieu.

Un tel cœur ne peut être qu’affamé et assoiffé de justice et persécuté pour elle, car seul l’Amour demeure en lui ou, pour dire autrement, seule la justice de la miséricorde de Dieu y sied.  Et cette expérience de miséricorde, il l’a vécue d’abord pour lui-même parce que l’Amour l’a visité en toutes ses pauvretés, ses afflictions, ses faims et ses soifs, sa recherche de paix, de douceur, de pureté et d’Amour ou ses persécutions. Cet Amour l’a visité jusqu’au tréfonds de sa misère et de toutes ses morts. Au point qu’il ne peut plus croire en la mort et ses mensonges mais seulement adhérer à cet Amour qui l’entraîne plus loin que lui-même dans les parterres embaumés de la Sainte Trinité.

Là, le saint.e est « heureux » en la Béatitude divine ! Là, il est continuellement « en marche » parce qu’uni à Celui qui est le chemin !

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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