Évangile du Mercredi 25 octobre – 29e semaine du Temps ordinaire (tiré de l’AELF)
« À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup » Lc 12, 39-48
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Vous le savez bien : si le maître de maison avait su à quelle heure le voleur viendrait, il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »
Pierre dit alors : « Seigneur, est-ce pour nous que tu dis cette parabole, ou bien pour tous ? » Le Seigneur répondit : « Que dire de l’intendant fidèle et sensé à qui le maître confiera la charge de son personnel pour distribuer, en temps voulu, la ration de nourriture ? Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi ! Vraiment, je vous le déclare : il l’établira sur tous ses biens. Mais si le serviteur se dit en lui-même : “Mon maître tarde à venir”, et s’il se met à frapper les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s’enivrer, alors quand le maître viendra, le jour où son serviteur ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas, il l’écartera et lui fera partager le sort des infidèles. Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’a rien préparé et n’a pas accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups. Mais celui qui ne la connaissait pas, et qui a mérité des coups pour sa conduite, n’en recevra qu’un petit nombre. À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage. »
Méditation
Au temps où survient l’épreuve, l’absence du maître devient insoutenable… Le maître tarde à venir… Voilà qui fait écho avec l’époque que nous traversons ! Comme bien d’autres l’ont fait avant moi, il m’arrive aujourd’hui de m’écrier : « Mais où es-tu, mon Dieu, quand la violence se déchaîne en luttes fratricides et suicidaires depuis tant d’années sur cette terre où naquit ton Fils ? où es-tu, mon Dieu, quand des hommes et des femmes préfèrent à une survie sans espoir le risque des camps de la mort en Lybie et la traversée incertaine d’une mer méditerranée devenue un cimetière ? où es-tu mon Dieu, quand nos jeunes, tout fraîchement sortis de l’adolescence, s’entretuent dans les tranchées ukrainiennes ? » Oui, si seulement le maître pouvait venir… « Le monde est en feu » disait déjà St Catherine de Sienne : l’urgence des situations ne date pas d’hier. Face aux cris qui montent de la terre, la tentation pourrait être de blinder son cœur et de laisser le sentiment d’impuissance nous noyer dans une recherche de plaisirs immédiats : notre société de consommation nous y incite.
Tenez-vous prêts, nous dit Jésus. Tenons-nous prêts, car ce n’est pas le maître de maison qui va faire le travail : il compte sur nous ! Cela se concrétise par une fidélité à ce que nous connaissons de la volonté du maître, et dans un comportement qui soit en adéquation avec nos capacités.
L’Évangile ne nous donne jamais une recette à appliquer, une feuille de route précise dont nous serions de simples exécutants. Il ne donne pas non plus de garantie de réussite, mais n’implique pas non plus d’obligation de résultat. C’est bien là l’exigence de notre foi, qui nous renvoie à une connaissance toujours à acquérir de ce que le Seigneur nous demande, personnellement, à la mesure de nos capacités et des dons qui sont déposés en nous. La vigilance que je vais cultiver va devoir s’adapter à l’imprévu des situations : celles qui me sont proches, et celles qui envahissent l’actualité. Dans une connaissance de moi-même et des dons que je peux mettre au service, dans une connaissance de l’amour de Dieu que je souhaite pouvoir partager, et dans une connaissance du monde qui m’entoure et de ses besoins : ces trois domaines s’articulent pour permettre les prises de décision. Humilité et grandeur se conjuguent alors pour être disponible au souffle de l’Esprit dans le contexte qui est le mien. Aujourd’hui, comment vais-je être semence de paix, de fraternité, d’espérance dans mon entourage ? Ma réponse est unique, toujours à réévaluer. Cela peut me paraître une goutte d’eau dans un océan, mais si je suis vigilante et persévérante dans cette attitude de service, et sans jugement vis-à-vis de ce que les autres vont mettre en œuvre eux aussi, alors je deviens un peu plus pierre vivante d’un monde meilleur.
Sœur Marie-Emmanuel Raffenel (raffenel@gmail.com)
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