Méditation quotidienne du mardi 24 octobre : Comme Lui : revêtir la tenue de service en fils/filles bien-aimé-es de Dieu (No 51 – série 2023-2024)

Image par John Hain de Pixabay

Évangile du Mardi 24 octobre – 29e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller » Lc 12, 35-38

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : c’est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir. S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils ! »

Méditation

Chères amies et chers amis dans le Christ, il y a deux semaines, je proposais une méditation évangélique au sein de laquelle Jésus nous invitait « à la bonne franquette » chez Marthe et Marie. Il nous conviait, à l’instar de Marie, à nous poser et à nous mettre contemplativement à son écoute et à son accueil dans les profondeurs de notre être, afin de discerner l’essentiel de l’accessoire au cœur de notre vie. Ceci étant dit et en devenir, il nous appelle aujourd’hui dans cette parabole sur la vigilance, tel un « clin Dieu » affectueux à Marthe, à revêtir, à son exemple, la tenue de service. « Comme Lui, savoir dresser la table. Comme Lui, nouer le tablier. Se lever chaque jour et servir par amour. Comme Lui », entonné-je à la suite du P. Robert Lebel. « Servir », voilà un verbe affublé de discrédit, qui n’a pas bonne presse ni la cote dans notre contexte contemporain. Trop souvent confondu avec la servitude, l’asservissement, l’esclavage selon l’étroitesse et la sensibilité de notre conception humaine, Jésus nous interpelle, dans l’horizon de Dieu son Père, à un renversement de valeurs, à une conversion/métanoïa de notre perception du service. Servir selon Jésus-Christ, c’est être pleinement fils et fille de Dieu, mus par un Amour sans mesure. Bien loin de voir dans le service un abaissement et une servitude, il nous exhorte à y voir plutôt une marque de confiance, de grandeur et une source d’être et d’affranchissement de nos « enfer-mements », le lieu de l’actualisation authentique de soi et de l’a(A)utre dans une véritable liberté d’être et d’agir. L’obéissance est ici paradoxalement synonyme de vie en plénitude. Comme dirait l’autre, « le service à la manière des hommes épuise, le service à la manière de Dieu fortifie et met en joie », car l’amour est le nerf du service, il donne des ailes et de l’élan. Pour bien servir, il faut aimer tout de soi et de l’a(A)utre, et que l’on ne se méprenne pas : toujours aimer la personne pécheresse au-delà de sa faute, de son péché. Rappelons que, dans l’Ancien Testament, le titre de « serviteurs de Dieu » (envoyés/choisis de Dieu) était somme toute honorifique. Or, bien que Jésus ait pris les traits de doulos (serviteur avec la connotation d’esclavage), on lui préfère plutôt, à juste titre dans les Écritures, le mot païs, « enfant », pour le désigner comme le Serviteur de Dieu son Père, terme qui était jadis employé par extension pour les serviteurs et les esclaves envisagés comme appartenant à la famille. Tel que l’affirme avec justesse le grand bibliste Xavier-Léon Dufour : « Les chrétiens servent Dieu non pas dans la crainte mais dans la liberté, non pas en esclaves mais en fils. N’étant plus serviteurs, mais amis de Jésus, ils participent au service de Dieu qu’il a lui-même réalisé pour la cause de l’Évangile ». En effet, proclame Jésus : « Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître, mais je vous appelle mes amis […] Ce n’est pas vous qui m’avez choisi; mais c’est moi qui vous ai choisis et vous ai établis pour que vous alliez et portiez du fruit et que votre fruit demeure » (Jn 15, 15). Ainsi, Jésus nous appelle à servir (douleuô), à être lié en fils et filles à Dieu son/notre Père dans l’Esprit, dans une parfaite adhésion de foi et d’amour, en donnant librement notre oui et notre vie à l’a(A)utre, car la vie aussi bien que l’amour ne se perdent pas en se donnant. Tout au contraire, la vie et l’amour se multiplient au centuple en se partageant. Servir, c’est suivre Jésus et servir autrui, c’est servir Jésus lui-même en Dieu son Père, tel que rappelé en Mt, 25 : « c’est à moi que vous l’avez fait ». Parlant de sa vie, Jésus révèle prophétiquement : « Personne ne me l’enlève mais je la donne de moi-même » (Jn 10, 18). « C’est ainsi que le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude » (Mt 20, 28). Ceux et celles qui suivent ce chemin de vérité et de vie, « heureux [parce qu’en marche, en vie selon la traduction de Chouraqui des béatitudes], sont-ils ! », s’exclame Jésus dans l’Évangile du jour (v. 38). « O Dieu, je me suis fatigué à ton service mais pas de ton service » (Alex Withefield). Ainsi, Jésus nous pose devant un choix vital qu’il a lui-même fait en guise d’option préférentielle devant deux formes d’humanité : « l’amour de soi au mépris des autres ou bien l’amour des autres comme vraie réalisation de soi » (Yves Burdelot). Or, cette « meilleure part » n’est jamais un « désamour-en-soi », car l’amour en vérité appelle l’amour et n’a de cesse de vouloir grandir en soi et autour de soi pour pouvoir voir plus loin. En conséquence, pour l’amour de Dieu et le salut du monde, veillons à ceindre nos reins, symbole de force courageuse, d’attachement, de conscience et de vie intérieure féconde, pour discerner au service de quoi ou de qui s’oriente le sens de notre vie. Comme on dit chez-nous, suis-je prêt à « retrousser mes manches » en pèlerin, à me mettre « en marche » et « à table », afin de mettre en lumière, « d’éveiller » mes zones d’ombre qui sommeillent et/ou « font mal », me maintiennent dans la torpeur d’être et d’agir conséquemment à ma véritable identité et entravent ma croissance humaine et spirituelle ? Gardons présents à l’e(E)sprit dans la foi, l’amour et l’espérance que « ce qui barre la route fait faire du chemin » comme le rappelle sagement Jean-Baptiste Massillon.  Et vous, êtes-vous prêts comme Lui, près de Lui ? Car, Lui est là, tout prêt, tout près : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi. Le vainqueur, je lui donnerai de siéger avec moi sur mon trône, comme moi-même, après ma victoire, j’ai siégé avec mon Père sur son trône (Ap 3, 20). Bref, nous voilà bien servistout comme Lui… Puissions-nous ouvrir les verrous de la peur et la porte de notre cœur puis nous tenir dignement debout, veillant ensemble en tenue de service, confessant tous et chacun en cœur : « Me voici, Seigneur : je viens faire ta volonté ! (cf. Ps 39(40)) 

Bénédiction et union de prière !

Dany Charland

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