Méditation quotidienne du lundi 23 octobre : Dans le désert avide, coule une rivière, sèche, qui se souvient du ciel (No 50 – série 2023-2024)

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Évangile du Lundi 23 octobre – 29e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Ce que tu auras accumulé, qui l’aura ? » Lc 12, 13-21

En ce temps-là, du milieu de la foule, quelqu’un demanda à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. » Jésus lui répondit : « Homme, qui donc m’a établi pour être votre juge ou l’arbitre de vos partages ? » Puis, s’adressant à tous : « Gardez-vous bien de toute avidité, car la vie de quelqu’un, même dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède. » Et il leur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche, dont le domaine avait bien rapporté. Il se demandait : “Que vais-je faire ? Car je n’ai pas de place pour mettre ma récolte.” Puis il se dit : “Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands et j’y mettrai tout mon blé et tous mes biens. Alors je me dirai à moi-même : Te voilà donc avec de nombreux biens à ta disposition, pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.” Mais Dieu lui dit : “Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ?” Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. »

Méditation

Dans un pays mythologique, le roi Midas obtint de Bacchus la faveur de recevoir une récompense à son goût. Une vie de rêve… qui la refuserait ? L’imprudent Midas, qui méconnaissait ses rêves, devait abuser du cadeau. Midas fit le souhait suivant : « Fais que tout ce que mon corps aura touché se convertisse en or. » Midas toucha une motte de terre qui devint un lingot, il ramassa une pierre qui prit la couleur de l’or. Quelle n’était pas sa joie ! Il était sûr d’être l’homme le plus riche du monde… L’heure du midi sonna. Midas porta à sa bouche une grappe de raisin qui durcit sous ses dents. Il glissa sa bouche sous le filet rafraichissant d’une fontaine dont l’eau devint un sable doré. Sa gorge en feu ne pouvait étancher sa soif. Il se plaignit auprès de sa fille qui accourut. Quand il l’embrassa, ses bras se refermèrent sur une froide statue d’or.

Cette fable enseigne que notre désir colore notre monde. Le monde est l’organisation de la vie autour d’une vision. Notre monde est à l’unisson de notre désir. Pour un cœur avide, tout devient dur, froid et sans vie. L’eau des sources chantantes devient une matière à exploiter. L’élevage de nos frères animaux devient une production animale. La nature séquestrée doit rendre son poids d’or. L’âme cachée dans l’intime se retourne, s’affiche sur un visage grimaçant et projette sa folie dans le monde. Devenue visible, l’âme avide teinte toute chose : « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. » (Mt 6,21) Dans le film Wall Street d’Oliver Stone, Gordon Gekko célébrait l’avidité : « La voracité est utile. L’avidité, c’est bien. » « Greed is good » est devenu un slogan…

À la question d’un homme qui veut partager les richesses d’un mort, Jésus répond en orientant notre regard vers la vie qui vient de Dieu. Le Christ sauve notre désir : « Gardez-vous bien de toute avidité, car la vie de quelqu’un, même dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède. » De quoi notre vie dépend-t-elle ? Quelle est notre origine nourricière ? Où bruisse notre source ? L’enseignement de Jésus n’est-il qu’un pieux idéal ? Il faut être réaliste, dit-on ! Mais, où est le réalisme ? Notre époque a saccagé le monde. Notre regard avide a desséché les sources. L’avidité est une impasse vitale… Sur cette fausse route, qui conduit le troupeau  ? « La mort est leur berger. » (Ps 49,15)

Des orages craquent soudainement dans l’oued palestinien où des torrents creusent des rivières éphémères. Quand le soleil revient dans le relief tourmenté du désert, se devine l’ancienne rivière devenue sèche. La soif atroce qui déchire le corps scrute le désert qui se souvient des eaux qui tombaient du ciel. La trace de cette pluie, toute chaude dans la roche, espère encore… La soif parle de la source. Où trouver ce qui étanche ? « Vous tous qui avez soif, venez vers l’eau, même celui qui n’a pas d’argent ! » (Isaïe 55,1).

L’oubli de Dieu fait du désir une exigence qui hurle. Alors, l’âme qui souffre se punit en se vidant toujours plus. Désespérée, notre âme s’enrage contre elle-même. Midas tournait ses mains avides vers des ombres vides : le pâle reflet de l’or. Sa bouche, faite pour l’eau vive, ne recevait que du sable chaud. En fin de compte, était-ce profitable ? « Dieu lui dit : Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie. » Jésus ranime notre mémoire de vie. Midas, l’or ne parle-t-il pas du soleil ? Midas…  il est temps de vivre !

Le roi Salomon est un roi de vie : « Dieu dit à Salomon : Puisque c’est là ce qui est dans ton cœur, puisque tu ne demandes ni des richesses, ni des biens (….) et que tu demandes pour toi de la sagesse et de l’intelligence afin de juger mon peuple sur lequel je t’ai fait régner, la sagesse et l’intelligence te sont accordées. » (2 Ch 1,11-12). Salomon choisit quelque chose de meilleur que l’avidité : la sagesse et l’intelligence divines. La foi libère l’énergie divine, notre union à Dieu commence. Comme une porte ouverte, la foi découvre l’immense pays de Dieu, notre Création habitée par le Fils. Une connaissance infinie se propose à notre aventure : la foi réveille l’énergie divine enfouie dans les dimensions cachées de notre être. Dès lors, l’avidité tombe comme une peau morte… Devant l’acquisition du Saint Esprit, ce Souffle qui donne la richesse divine, quelle avidité pourrait opposer une plénitude ?

Vincent REIFFSTECK.     vincent.reiffsteck@wanadoo.fr

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