Méditation quotidienne du jeudi 19 octobre : Le prophète admirable de la Vie (No 46 – série 2023-2024)

Évangile du Jeudi 19 octobre – 28e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Cette génération devra rendre compte du sang de tous les prophètes depuis le sang d’Abel jusqu’au sang de Zacharie » Lc 11, 47-54

En ce temps-là, Jésus disait : « Quel malheur pour vous, parce que vous bâtissez les tombeaux des prophètes, alors que vos pères les ont tués. Ainsi vous témoignez que vous approuvez les actes de vos pères, puisque eux-mêmes ont tué les prophètes, et vous, vous bâtissez leurs tombeaux. C’est pourquoi la Sagesse de Dieu elle-même a dit : Je leur enverrai des prophètes et des apôtres ; parmi eux, ils en tueront et en persécuteront. Ainsi cette génération devra rendre compte du sang de tous les prophètes qui a été versé depuis la fondation du monde, depuis le sang d’Abel jusqu’au sang de Zacharie, qui a péri entre l’autel et le sanctuaire. Oui, je vous le déclare : on en demandera compte à cette génération. Quel malheur pour vous, docteurs de la Loi, parce que vous avez enlevé la clé de la connaissance ; vous-mêmes n’êtes pas entrés, et ceux qui voulaient entrer, vous les en avez empêchés. »
Quand Jésus fut sorti de la maison, les scribes et les pharisiens commencèrent à s’acharner contre lui et à le harceler de questions ; ils lui tendaient des pièges pour traquer la moindre de ses paroles.

Méditation

Nous n’aimons pas se faire annoncer des malheurs, spécialement dans un monde qui en traverse tant. Mais si Dieu n’est pas le maître des malheurs, car nous nous en occupons très bien nous-mêmes, Il nous avertit de quitter nos chemins destructeurs, source de nos malheurs. Ce matin, j’entends ce texte comme un besoin de mieux prendre soin de nos enfants, car ne sont-ils pas, de tout temps, les prophètes du monde ?! N’est-ce pas d’ailleurs pour cela que Jésus a placé et place tous les jours des enfants au milieu de nous pour nous rappeler que si nous ne devenons pas comme eux, nous n’entrerons pas dans le Royaume des Cieux. Jésus nous fait donc deux avertissements pour éveiller notre cœur.

Le premier avertissement est que, comme parents, nous devons chercher à ne pas tuer le prophète en eux, car, malheureusement, si nous le faisons, ils veilleront en grandissant à bien bâtir un tombeau pour eux-mêmes et pour les autres. C’est ce que nous constatons chez les personnes qui viennent au Pèlerin et dans nos vies : nos parents n’étaient pas parfaits et nous ne le sommes pas nous aussi, car ils ont reçu eux-mêmes de la mort de leurs propres parents ou de leur proches et ont transmis cette mort à leurs enfants. Mais ce qui est triste est que personne ne les a ou ne nous a appris au cœur même de ces blessures à trouver le chemin de la Vie et à découvrir l’enfant unique de Dieu que nous sommes. Nous avons chacun.e gobé la mort comme le seul chemin possible de vivre. Si bien que la suite des choses dans notre vie sera d’être le bâtisseur de notre tombeau et de celui des autres. Ce tombeau enfermera en nous l’enfant blessé, avec sa souffrance, et servira à nous protéger d’autres souffrances ou simplement des autres. Mais comment l’enfermement dans cette mort est-il une protection ? Il est plutôt un long enterrement.

« Ainsi cette génération devra rendre compte du sang de tous les prophètes qui a été versé depuis la fondation du monde », car n’est-il pas vrai que, depuis la fondation du monde, nous sommes des spécialistes pour transférer notre mort aux suivants et que chaque nouvelle génération porte les blessures et les péchés des autres. À chaque génération, nous continuons à célébrer la mort et à bâtir notre tombeau et celui des autres à la suite de nos pères qui se sont occupés de tuer l’enfant en chacun.e, tuer en nous ce prophète admirable de la Vie.

Jésus, en nous rappelant ce malheur qui traverse les siècles humains, nous dit à chacun.e : tu as le pouvoir d’arrêter cette chaîne ou cette esclavage de mort. Le chemin est de retrouver ton enfant en toi et la voie d’enfance qu’il porte, car cet enfant porte en lui le secret du chemin vers le Royaume des Cieux. En ce but, Il nous fait un autre avertissement : de ne pas « enlever, à tous les enfants du monde et aux femmes et aux hommes qui ont gardé ou découvert cette enfance en eux, la clé de cette connaissance, ou même de l’empêcher ».

Au Pèlerin, combien de personnes voyons-nous qui cherchent à retrouver ce chemin de l’enfance, qui est, bien simplement, le chemin vers l’être unique qu’ils sont, avec cette plénitude de Vie que Dieu leur a donnée. Mais qui nous donne la clé de cette connaissance ?!! C’est là le drame le plus criant de notre société. Nous ne comprenons plus que le seul chemin de connaissance, il est spirituel. L’humain ne peut s’accomplir par le matériel. Ce matériel n’appartient qu’au surcroît de la Vie, mais la Vie est dans la recherche de ce Ciel en nous, de ce Royaume, de ce lieu où Dieu se tient en nous et où nous nous tenons en Lui.

Il est vrai que cela est grand malheur que de moins en moins de personnes soient des « enseignants de la Vie ». Tristement nos fonctionnaires de nos différents ministères de l’Éducation bâtissent plus des tombeaux pour nos jeunes prophètes, car ils ne connaissent pas la « clé de la connaissance ». Ils ne permettent plus à chaque enfant de naître vraiment à qui il est et de découvrir la grandeur de la Vie. Non seulement sommes-nous dans une économisation de la connaissance, devenue qu’une compétence, mais, pire encore, porteuse d’idéologies profondément confusionnelles sur l’identité humaine, sur sa valeur et sa dignité. Nous empêchons nos enfants, comme dit Jésus, qu’ils aient accès à la seule connaissance vraie.

Peut-être n’aimons-nous pas le malheur annoncé mais plus nous refuserons de modifier notre chemin, plus l’humain dépérira en entraînant la planète avec lui. Cessons de tuer l’enfant en nous et dans les autres. Arrêtons de préserver avec beaucoup de soins ce mort en nos tombeaux. Mais libérons la Vie, non pas celle de se bricoler une identité comme on veut mais de laisser en chaque personne l’être unique surgir, porteur d’une Vie sans laquelle le monde ne peut reprendre Vie.

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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