Évangile du Lundi 16 octobre – Ste Marie-Marguerite d’Youville– 28e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« À cette génération, il ne sera donné que le signe de Jonas » Lc 11, 29-32
En ce temps-là, comme les foules s’amassaient, Jésus se mit à dire : « Cette génération est une génération mauvaise : elle cherche un signe, mais en fait de signe il ne lui sera donné que le signe de Jonas. Car Jonas a été un signe pour les habitants de Ninive ; il en sera de même avec le Fils de l’homme pour cette génération. Lors du Jugement, la reine de Saba se dressera en même temps que les hommes de cette génération, et elle les condamnera. En effet, elle est venue des extrémités de la terre pour écouter la sagesse de Salomon, et il y a ici bien plus que Salomon. Lors du Jugement, les habitants de Ninive se lèveront en même temps que cette génération, et ils la condamneront ; en effet, ils se sont convertis en réponse à la proclamation faite par Jonas, et il y a ici bien plus que Jonas. »
Méditation
Beaucoup courent derrière des signes qui déchirent le ciel. A l’heure des « fake-news », des « faits alternatifs », nombre de vidéos sur Internet promettent des signes comme des publicités alléchantes ! Quand le signe tarde à venir, on repousse de quelques mois l’atterrissage du signe… Les signes comme les promotions font monter les nombres des « followers » et des « like ».
Aujourd’hui, Jésus recentre notre attente de signes sur l’essentiel. Est-ce dans les nuages qu’il faut lire les signes de notre foi ?
D’abord, qu’est-ce qu’un « signe » ? Un signe est une réalité matérielle visible qui dirige l’attention d’une personne vers autre chose que ce signe. Il existe des signes dans le monde : la fumée dirige le regard vers le feu d’où la fumée provient. Les agriculteurs contemporains de Jésus savaient lire les signes naturels : « quand vous voyez souffler le vent du midi, vous dites : Il fera chaud. Et cela arrive. » (Lc 12,55). L’homme produit également des signes : ceux qui attendent un voyageur qui arrive à la gare agitent la main. Le voyageur ne regardera pas la main en pensant que l’on chasse des mouches, mais il comprendra que la main fait « signe ». Le signe est porteur d’un message émis par une personne. Le voyageur comprendra que la main qui s’agite signifie un accueil. Un sourire est un signe. Le « bonjour ! Comme il fait beau aujourd’hui ! » lancé à un voisin dans la cage d’escalier est un signe bienveillant qui va plus loin que la météo. Ce « bonjour » jovial ne prétend pas informer le voisin de l’existence du soleil. Ce signe est une mise en relation qui va au-delà des mots échangés. Tout le monde sait aller plus loin que les mots vers la réalité signifiée, c’est-à-dire vers la bienveillance entre voisins.
Jésus déplore le cœur fermé de cette « génération mauvaise » à laquelle Il refusera un « signe ». La foule attend un signe pour se dispenser de croire, pour éviter la fatigue du travail de conversion. « Si un signe zèbre le ciel… nous croirons… » se disait peut-être cette foule. Il est aisé de repousser dans l’avenir une conversion. On range dans le futur le retournement du cœur. Jésus veut épargner à cette foule égarée la douleur de ne pas faire le chemin vers la foi. Dans Sa bonté, Il veut leur épargner l’aridité d’une vie sans recherche de Dieu. Car, Jésus connaît la valeur des signes… des signes qui conduisent vers la Vérité, des signes vraiment lus et reçus par le cœur, des signes qui font Vie.
Jésus, qui refuse un signe de show-business comme une publicité lumineuse, affirme qu’Il donnera un signe pour les affamés de miséricorde : « en fait de signe il ne lui sera donné que le signe de Jonas. » Ce prophète fut un signe qui permit la conversion de la grande ville païenne de Ninive. La parole prophétique de Jonas mit en lumière la gloire de la miséricorde. Pour ces païens, à l’appel de Jonas, la vie s’est élargie vers Dieu : « des chemins s’ouvrent dans leur cœur » (Ps 83,6). « Jonas a été un signe pour les habitants de Ninive ». L’éclat de la prophétie retentit pour les Ninivites qui surent lire dans la miséricorde un signe vivant par lequel Dieu Se révèle. Mais, pour nous, la miséricorde fait-elle signe ? Que nous dit-elle de Dieu ?
Nous comprenons qu’un signe signale d’abord la profondeur de celui auquel ce signe s’adresse… Dans la parabole du semeur, le bon grain révèle celui qui a un « cœur bon et généreux » (Lc 8,15). Jésus donne « le signe de Jonas », car la personne même de Jésus est ce signe offert au monde pour percer un chemin vers le Père. Comme l’écrit Saint Jean de la Croix, dans sa Maxime 147 : « Le Père éternel n’a dit qu’une parole, à savoir Son Fils et dans un silence éternel Il la dit toujours : l’âme aussi doit L’entendre en silence. » Le Père parle en créant le monde par le Fils, dans l’Esprit. Il parle dans l’Incarnation de Son Fils et par Sa Parole vivante et toujours actuelle grâce à l’Esprit. Le Père parle en me créant comme fils greffé par l’Esprit sur l’unique Fils. Je deviens une parole à entendre… Le signe de Jonas joue le rôle de signe pour celui qui accepte, comme Marie (Lc 2,51), la méditation du cœur. Ne suis-je pas un instrument de musique prêt à vibrer ? Pour qui sait trouver un désert, le silence parle. Jésus est un signe qui ME fait signe. Ne suis-je pas un signe pour moi-même ? Un signe révélé, aujourd’hui, par la Parole ? Si ma vie ordinaire est le lieu où se dépose ce signe… rien n’est anodin, rien n’est vide. Tout parle.
Ne suis-je pas devant le Christ une interpellation qui doit livrer sa réponse ?
Au Christ qui me fait signe, que ma vie soit une mélodie qui réponde !
Vincent REIFFSTECK. vincent.reiffsteck@wanadoo.fr
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