Évangile du Mercredi 11 octobre – 27e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Seigneur, apprends-nous à prier » Lc 11, 1-4
Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. » Il leur répondit : « Quand vous priez, dites : Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne. Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour. Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes, nous pardonnons aussi à tous ceux qui ont des torts envers nous. Et ne nous laisse pas entrer en tentation. »
Méditation
La demande d’un des disciples : « Seigneur, apprends-nous à prier » peut nous surprendre. Elle est spécifique de l’évangile selon St Luc, alors même que celui selon St Matthieu développe avec deux demandes supplémentaires la prière du Notre Père (Mt 6, 9-13). Apprendre à prier… Serait-ce que les disciples ignoraient ce qu’était la prière ? Certes pas ! celle-ci pétrissait déjà le vécu de ces juifs qui fréquentaient les synagogues et le temple. Les disciples suivent Jésus depuis un moment, ils commencent à le connaître, ils l’ont entendu enseigner, l’ont vu rencontrer les foules, guérir les malades… et ils ont constaté également qu’il partait prier, seul, à certains moments (Lc 5, 16 ; Lc 6, 12 ; Lc 9,18). « Apprends-nous à prier » : qu’est-ce à dire, sinon « Apprends nous TA façon de prier, que nous voyons être bonne et féconde ».
Et pourtant, Jésus ne partage pas avec les disciples les mots que lui-même utilise dans la prière : il leur dit : « Vous, quand vous priez, dites… ». Des mots de sa prière à Lui, nous ne saurons que ceux que les disciples nous rapportent : au Jardin des Oliviers et sur la Croix…
Cette prière, que Jésus enseigne à ses disciples, ouvre les portes à un dialogue avec Dieu. Nous connaissons tellement le Notre Père ! Nous le connaissons par cœur, avec le cœur certes, mais avec aussi le risque d’en répéter les termes parfois sans trop y penser… N’est-il pas stupéfiant que nous puissions nous adresser à Dieu comme à un Père, lui parler de ses « affaires » et des nôtres, comme avec un ami ? St Ignace disait que dans la prière : c’est « un ami qui parle à un ami et qui sait se taire pour l’écouter ». Dieu n’est plus celui à qui l’on va offrir des sacrifices et de l’encens, mais Celui à qui nous parlons. Nous apprenons aussi à l’écouter : l’un ne va pas sans l’autre.
Parler au Père nous établit en fraternité avec Jésus, lui qui s’adresse ainsi à son « Père, Seigneur du ciel et de la terre », lui que personne ne connaît sinon le Fils (Lc 10, 21.22). Cette fraternité avec Jésus ne s’accomplit pour nous que dans la mort sur la Croix de celui-ci. Oui, nous pouvons dire « Père » parce que Jésus a choisi d’être notre frère en nous confiant à sa Mère : « Femme, voici ton Fils ». Puis il dit au disciple : « Voici ta mère » (Jn 19, 26). Chacun de nous est ainsi confié à Marie en la personne du disciple bien-aimé. Il devient ainsi frère ou sœur de Jésus, et fils ou fille du Père. Cette relation est unique, et cependant elle vient souder aussi le lien qui nous unit les uns aux autres. Le « Je » n’est pas de mise dans la prière du Notre Père : chacune des demandes nous relie à un « nous » qui ne nous permet pas d’oublier que nous n’allons pas seuls sur notre route vers Dieu.
Voilà ce que me rappelle le pèlerinage du Rosaire à Lourdes, où la prière du Notre Père, alternant avec la prière à Marie, monte avec force et persévérance de cette foule de plus de 10 000 personnes, qui s’adresse à son Père d’une seule voix.
Sœur Marie-Emmanuel Raffenel (raffenel@gmail.com)
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