Pour favoriser la prière des personnes qui sont dans d’autres pays, nous avons décidé de rendre disponible par courriel la méditation de chaque jour le soir précédent à 17 h heure du Québec. Sur le site du Pèlerin, elle sera déjà accessible à 16 h.
Évangile du Mardi 12 septembre – 23e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Il passa toute la nuit à prier Dieu. Il appela ses disciples et en choisit douze auxquels il donna le nom d’Apôtres » Lc 6, 12-19
En ces jours-là, Jésus s’en alla dans la montagne pour prier, et il passa toute la nuit à prier Dieu. Le jour venu, il appela ses disciples et en choisit douze auxquels il donna le nom d’Apôtres : Simon, auquel il donna le nom de Pierre, André son frère, Jacques, Jean, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas, Jacques fils d’Alphée, Simon appelé le Zélote, Jude fils de Jacques, et Judas Iscariote, qui devint un traître.
Jésus descendit de la montagne avec eux et s’arrêta sur un terrain plat. Il y avait là un grand nombre de ses disciples et une grande multitude de gens venus de toute la Judée, de Jérusalem, et du littoral de Tyr et de Sidon. Ils étaient venus l’entendre et se faire guérir de leurs maladies ; ceux qui étaient tourmentés par des esprits impurs retrouvaient la santé. Et toute la foule cherchait à le toucher, parce qu’une force sortait de lui et les guérissait tous.
Méditation
En laissant germer en ce jour cette Parole de Dieu en notre cœur, surgit l’appel de Jésus à le rejoindre dans la montagne, afin de communier à l’élan vital de sa prière, et d’accueillir, en son Saint Nom, notre identité et notre vocation de fils ou filles bien-aimés de Dieu notre Père. L’appel intérieur de la montagne, lieu paradoxal et symbolique des hauts faits de la Présence et de la Rencontre de Dieu dans la tradition judéo-chrétienne, se donne à reconnaître en un désir qui oriente le discernement et le choix d’un chemin de vie en plénitude, un chemin de salut à accueillir et accomplir. Mais quelle est pour chacun de nous cette montagne qui se dresse devant et sur laquelle le Dieu de Jésus-Christ nous convie, nous attend et nous accompagne ? « Qu’es-tu, grande montagne ! », demandons-nous avec le prophète Zacharie (Za 4, 7).
Pour l’intérioriser autrement, qu’est-ce qui, dans notre vie, fait obstacle et défigure notre relation à nous-mêmes, à l’autre, à la Création et à Dieu, et qui aspire dès lors au salut ? En Jésus-Christ, nous sommes aujourd’hui invités par sa Parole à envisager et à consentir, dans la prière, à ce qui nous apparaît souvent « comme une montagne », pour y découvrir le chemin de son pas, afin d’en gravir avec lui les paliers successifs par lesquels il nous conduit. Nul autre chemin ne peut nous permettre d’éprouver la grâce de nous déposer et nous retrouver « sur un terrain plat », source et sommet de bien-être pour nous-mêmes et pour l’autre, et ce, pour la plus grande gloire de Dieu et le salut du monde. Comme en appelle en guise de préfiguration le prophète Isaïe : « dans la steppe, aplanissez une route pour notre Dieu. Que toute vallée soit comblée, toute montagne et toute colline abaissées, que les lieux accidentés se changent en plaines et les escarpements en larges vallées; alors la gloire de Yahvé se révélera et toute chair, d’un coup, la verra, car la bouche de Yahvé a parlé. » (40, 3-5) Mais, « comment cela sera-t-il ? […] L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre; c’est pourquoi l’être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu. » (Lc 1, 34-35) Dans la foi chrétienne, il ne fait aucun doute que cette configuration filiale s’actualise toujours davantage en chacun de nous, à l’exemple du Fils, particulièrement dans l’espace-temps de la prière, cet instant présent et privilégié de rencontre, de relation et de dialogue avec Dieu. Cet espace-temps interstitiel (intersti-ciel) de la prière au cœur de notre montagne s’avère paradoxalement une élévation silencieuse au-dessus de la mêlée, afin de pouvoir mieux descendre en nous-mêmes, au sein des profondeurs de notre être, en ce « lieu plat » de grâce inaliénable. Cet espace-temps de la prière, à la fois don et mission, se déploie au carrefour d’un « lâcher-prise » et d’un « tenir bon », d’un abandon-dépouillement et d’un persévérant engagement. Prier, c’est d’abord, en effet, accueillir et entrer dans la vérité de notre identité filiale en « lâchant-prise » sur ce qu’elle n’est pas. Mais, qu’est-ce à dire ?
Ne serait-ce pas discerner et abandonner à Dieu en Jésus-Christ la souffrance et l’aliénation de nos lieux d’enfermement (où l’enfer-me-ment), de même que nos pseudo-suffisances qui nous tiennent cloîtrés et à distance de nous-mêmes, de l’autre, de la Création et de Dieu Lui-même ? Ne serait-ce pas nous délier et nous dépouiller de ce qui nous encombre, nous alourdit, nous détourne et nous isole loin de l’inaltérable source de notre désir d’être en plénitude, pourtant si proche « dans la montagne » ? « J’ai enlevé beaucoup de choses inutiles dans ma vie et Dieu s’est approché pour voir ce qui se passait », témoignait avec humour feu Christian Bobin. En outre, prier, n’est-ce pas aussi « tenir bon » sur le chemin de l’unification de nous-mêmes et de la communion à l’autre, à la Création et à Dieu ? Autrement dit, n’est-ce pas faire constamment et miséricordieusement nôtre la grâce offerte d’être relevé/ressuscité dans le discernement et le cheminement vers ce qui conduit à la vie et à plus de vie, à la liberté et à plus de liberté intérieure, à la vérité et à plus de vérité d’être, à l’amour et à plus d’amour en nous-mêmes et autour de nous ? De là, incessamment renouvelés et fortifiés par la prière sur le chemin de la guérison et conversion de nos montagnes en lieu de repos et de contemplation, Jésus-Christ nous invite ainsi conséquemment à nous repositionner autrement puis à devenir pour nous-mêmes comme pour les autres ce qu’il est pour chacun de nous : des artisans de réconciliation et de vie qui accompagnent et dont la foi, l’espérance et la charité « trans-portent » (portent au-delà) les montagnes (Mt 17,20) qui pèsent lourdement sur les épaules de nos frères et sœurs en humanité. Apôtres, « repêchés » et envoyés (apostolos), nous le sommes tous et toutes à notre façon dans l’unicité de notre identité et de notre mission correspondante pour peu que librement nous y consentions. Le Dieu de Jésus-Christ n’attend ainsi que la participation de notre humble fiat filial et fraternel mûri dans la prière, tantôt pour aplanir, tantôt pour faire resplendir de vie nos montagnes quelles qu’elles soient : « je les conduirai à ma montagne sainte, je les comblerai de joie dans ma maison de prière » (Is 56, 7). Ainsi, tous et toutes ont du prix au divin « repêchage » en humanité et la contribution de chacun n’a pas de prix aux yeux du Dieu de Jésus-Christ. En ce sens, soyons donc le changement que nous voulons voir dans le monde, pour reprendre à notre compte les paroles de Gandhi. Êtes-vous partants ?
Bénédiction et union de prière !
Dany Charland
DROIT D’AUTEUR
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