Pour favoriser la prière des personnes qui sont dans d’autres pays, nous avons décidé de rendre disponible par courriel la méditation de chaque jour le soir précédent à 17 h heure du Québec. Sur le site du Pèlerin, elle sera déjà accessible à 16 h.
Évangile du Jeudi 7 septembre – 22e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Laissant tout, ils le suivirent » Lc 5, 1-11
En ce temps-là, la foule se pressait autour de Jésus pour écouter la parole de Dieu, tandis qu’il se tenait au bord du lac de Génésareth. Il vit deux barques qui se trouvaient au bord du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets. Jésus monta dans une des barques qui appartenait à Simon, et lui demanda de s’écarter un peu du rivage. Puis il s’assit et, de la barque, il enseignait les foules. Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : « Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche. » Simon lui répondit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. » Et l’ayant fait, ils capturèrent une telle quantité de poissons que leurs filets allaient se déchirer. Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu’elles enfonçaient. À cette vue, Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus, en disant : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » En effet, un grand effroi l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu’ils avaient pêchés ; et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon. Jésus dit à Simon : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent.
Méditation
« Jésus dit à Simon : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » » Ce texte sur l’appel de Pierre, en ce début d’année scolaire et de reprise des méditations, « m’appelle ». De fait, je suis fasciné de voir que Jésus non seulement nous appelle mais il place devant nous, avant même que nous en ayons conscience, le terreau de notre appel. Dans le texte, Jésus, dès le départ, offre, aux pêcheurs futurs d’hommes et de femmes, « une foule (qui) se pressait autour de Jésus pour écouter la parole de Dieu ». Plus encore, il monte dans la barque de Pierre symbole de l’Église et du rôle de Pierre, car c’est sur cette Pierre qu’il bâtira son Église. Tout est là devant Pierre et devant les futurs apôtres.
Ce qui est plus fascinant encore est que Pierre et les autres semblent complètement indifférents à la foule et à Jésus. Leurs barques sont là au bord du lac et ils en sont tous descendus pour laver leurs filets. Jésus est là à côté d’eux avec la foule de ceux qu’ils devront bientôt pêcher (s’ils acceptent) et ils ne voient rien. Pour moi, il y a un appel à chacun.e de nous d’apprendre à contempler la réalité dans laquelle nous sommes afin d’apprendre à voir. Est-ce que, dans tout ce que nous vivons, nous savons voir le Fils présent ? Est-ce que, dans cette réalité placée devant nous, nous sommes capables d’entendre la quête souvent souffrante des personnes et leur désir véhément, qu’elles ne comprennent souvent pas elles-mêmes, d’entendre la Parole de Dieu ? N’est-ce pas le besoin et le désir premiers de toutes et de tous de se connecter à cette Parole qui leur donne la Vie, qui est la Source de leur engendrement tout autant que de leur salut ?
La moisson est toujours devant nous, et déjà en nous se fait entendre l’appel à moissonner au nom du Christ. Mais est-ce que nous entendons, contemplons et sommes pris aux entrailles par cette Présence de Dieu et par cette souffrance de nos frères et sœurs ? En fait, sommes-nous prêts à répondre cette année à Jésus qui réquisitionne notre barque pour annoncer sa Parole aux foules ?
Nous pourrions être un peu scandalisés par le fait que Jésus monte dans notre barque sans même nous demander la permission mais je dirais que c’est là la révélation de l’appel. L’appel ne change pas ce qui est devant nous mais il nous donne les yeux pour voir et les oreilles pour entendre. L’appel ne change pas ce qui est en nous mais il nous donne de contempler que le Fils est dans notre barque depuis toujours et qu’Il est la Parole même qui nous convoque à la « pêche humaine au nom du Père ». Il nous demande dans l’intime du cœur « de nous écarter un peu du rivage », comme s’il nous disait du même élan : « ouvrez-vous à cette distance de cœur par rapport au monde afin de voir le trésor Divin que vous portez ».
Dans les faits, nous sommes continuellement immergés dans la réalité où seul l’Amour de Dieu peut nous révéler l’essentiel. Après la réquisition de nous-mêmes par le Seigneur afin de commencer à voir et à entendre autrement, le deuxième pas de l’appel est d’accepter la proximité avec Jésus dans notre barque et de prendre le temps d’entendre cette Parole qui s’adresse à ce monde afin de le sauver et qui nous offre la Vie de Dieu (car le cœur de l’appel n’est-il pas de devenir une parole de Dieu pour les autres ?). Une telle expérience très déstabilisante est au cœur de nos vies, car nous quittons la « terre » de nos certitudes, de nos habitudes, de nos inquiétudes, de nos rectitudes… pour commencer à voguer dans le milieu divin. Ce n’est pas que nous quittons ou dédaignons ce monde mais Jésus veut nous apprendre à le contempler à partir de Dieu et, ce faisant, à entrevoir une « autre pêche » plus vitale et urgente.
Le troisième pas, conséquent au deuxième, sera de nouveau à la demande de Jésus : « Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche. » Cette requête est courte mais l’apprentissage de cette pêche au large n’est pas simple. Et en ce lieu loin de nos rivages habituels, un « grand effroi » est le lot de toutes et de tous, car nous sommes soumis à l’abondance divine, celle des existences de tous ces hommes et toutes ces femmes qui font craquer nos filets. L’Amour de Dieu ne veut laisser perdre aucune personne et nous sommes, comme Jésus, pressés de toute part quand nous nous laissons atteindre par la quête et la souffrance de ces personnes. Et, dans cette mise en lumière de leurs souffrances ne voit-on pas avec plus d’acuité les nôtres avec le déchirement de mal qu’elles portent ? Tout humain est « un pêcheur d’hommes et de femmes ».
Entendons en ce début d‘année la Parole de Dieu qui se dit en nous, et au cœur de tous et de tout, et qui nous invite à ne plus vivre, assis dans cette indifférence où nous intéresse que nos petits filets, refusant ainsi la responsabilité de notre appel. Acceptons d’avancer au large, c’est-à-dire à laisser le Fils nous guider dans le mystère trinitaire pour y découvrir le mystère humain. Dieu a besoin de personnes qui sachent pêcher l’humain ou, dit autrement, qui permettent à chacun.e d’être libéré.e des filets du monde pour naître à soi en pleine lumière et en pleine humanité.
Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)
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