Pour favoriser la prière des personnes qui sont dans d’autres pays, nous avons décidé de rendre disponible par courriel la méditation de chaque jour le soir précédent à 17 h heure du Québec. Sur le site du Pèlerin, elle sera déjà accessible à 16 h.
Évangile du Mardi 5 septembre – 22e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu » Lc 4, 31-37
En ce temps-là, Jésus descendit à Capharnaüm, ville de Galilée, et il y enseignait, le jour du sabbat. On était frappé par son enseignement car sa parole était pleine d’autorité. Or, il y avait dans la synagogue un homme possédé par l’esprit d’un démon impur, qui se mit à crier d’une voix forte : « Ah ! que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. » Jésus le menaça : « Silence ! Sors de cet homme. » Alors le démon projeta l’homme en plein milieu et sortit de lui sans lui faire aucun mal. Tous furent saisis d’effroi et ils se disaient entre eux : « Quelle est cette parole ? Il commande avec autorité et puissance aux esprits impurs, et ils sortent ! » Et la réputation de Jésus se propageait dans toute la région.
Méditation
Bonjour à tous! En ce temps-là, Jésus descendit à Capharnaüm, ville de Galilée, et il y enseignait, le jour du sabbat.” Avec ces mots de l’Évangile, je vous retrouve à la fin de cet été caniculaire pour beaucoup d’entre nous. Dans l’hémisphère sud, c’est le printemps qui fait peu à peu son apparition.
“Jésus descendit …” J’ai été frappée par ce tout premier verbe. Ce mot me touche parce qu’il m’a rappelé ce que St Ignace de Loyola dit à propos de Dieu dans la toute dernière contemplation[1] de ses Exercices spirituels. “Dieu “est en descendant” (“Dios es descendiendo” en espagnol, gérondif) – nous commentait un prêtre jésuite lors d’une retraite -. L’être humain, lui, pense plutôt toujours à monter et voir là sa réalisation. Dieu quant à Lui se réalise en descendant, c’est sa tendance à Lui”.
À l’aube de cette nouvelle année scolaire et pastorale, quelle belle invitation! De retour dans le rythme quotidien de la vie, Te reconnaître, Seigneur, comme Tu es! Celui qui “est en descendant”, qui n’hésite pas à “descendre de ton Ciel” et prendre chair pour venir à ma rencontre, me parler ce matin. “Tu parles si bien dans mon dialecte!” dit un poète mexicain (Alfonso Junco) dans un hymne de la liturgie. “Je suis de chair, et de chair je t’aime. Amour qui vint à mon indigence, Tu parles si bien dans mon dialecte! Souffrant, corporel, ami, comme je Te comprends!” Aujourd’hui, comme les gens de la synagogue de Capharnaüm, je peux Te voir descendre vers ma Galilée, T’écouter me parler dans ce dialecte qui m’est unique, si intime et si proche, et Te comprendre, me comprendre.
Puis l’Évangile nous montre ce contraste entre la parole, le ton de Jésus – “On était frappé par son enseignement car sa parole était pleine d’autorité.” – et la voix forte, le cri de l’esprit du démon impur – « Ah ! que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ?-. La Parole de Jésus pleine d’autorité, nous dit-on … Comment entendre ce mot “autorité”? Pour beaucoup de personnes, voici bien un mot qui très facilement provoque rejet, résistance. Dans la mémoire du corps et du cœur, trop de blessures et d’abus subis “au nom de l’autorité”. Alors, la Parole de Jésus “pleine d’autorité”, comment ne pas la mésentendre (dans son sens ancien de ‘mal comprendre’)?
J’ai aimé découvrir l’étymologie de ce mot. ‘Autorité’ vient du latin ‘auctoritas’, mot issu du verbe ‘augere’ qui signifie ‘faire pousser’, ‘faire grandir’, ‘augmenter’. Dans un sens, celui qui ‘a autorité’ est ‘celui qui fait pousser’, ‘qui augmente la confiance par son action’, ‘qui se porte garant’. Les paroles de Jésus, du Dieu fait chair qui ne cesse de descendre à ma rencontre, ne sont-elles pas justement des paroles qui portent en elles la capacité de me faire grandir? Ne font-elles pas ‘pousser’ la Vie en moi?
La Parole de Jésus – celle du Dieu de la Genèse « [qui] dit : « que la lumière soit » et la lumière fut. » […] « qu’il y ait un firmament […] » et il en fut ainsi. » (Gn 1, 3-6) – est créatrice et ré-créatrice, chaque matin, à chaque instant de la journée. L’autorité dont était pleine la Parole de Jésus, en Galilée … et aujourd’hui, est une autorité de vie! Une Parole qui pénètre jusqu’au plus profond du cœur parce qu’elle est “une”, vraie, transparente de la Vie d’en-haut, réalisant cela même qu’elle dit. St Jean nous dit dans son prologue: “Ce qui fut en Lui [le Verbe] était la vie, et la vie était la lumière des hommes” (Jn 1,4).
Alors, l’invitation du Maître pour notre ‘rentrée des classes’ ne serait-elle pas de faire mémoire de ces paroles qui ont eu “autorité de vie” sur nous, nous ont illuminés, remis debout ? Faire mémoire non pas des mots seulement, mais de la Vie de Dieu qui à travers eux est descendue jusqu’à moi. Faire mémoire aussi, avec une immense gratitude, de ceux qui au nom de Jésus les ont prononcés. Ils nous ont tellement ‘fait grandir’…
« Es-tu venu pour nous perdre ? » se mit à crier le démon dans l’homme possédé. Oui, effectivement … la Parole de Jésus, la Parole qu’Il est, toute de lumière et de vérité, vient ‘perdre’ tous nos ‘ennemis intérieurs’, ces fausses croyances sur nous et sur les autres qui nous retiennent prisonniers de la nuit. Jésus descend jusque là. « Silence ! Sors de cet homme. » « Il commande avec autorité et puissance aux esprits impurs, et ils sortent ! » se surprennent les témoins de la scène. Voilà l’autorité de la Parole de Jésus. Notre combat spirituel, notre combat intérieur quotidien – celui que St Ignace a si bien aidé à dévoiler en tout homme –, est celui-là : le combat entre la vie et la mort, entre la lumière et la nuit, entre la liberté et l’esclavage, entre l’expression et le silence …
“Ce qui fut en Lui [le Verbe] était la vie, et la vie était la lumière des hommes” (Jn 1,4).
Laissons-Le descendre là où notre cœur attend encore l’autorité de sa Vie.
Laurence Vasseur
[1] “Contemplation pour atteindre l’amour”. “Regarder comment tous les biens et les dons descendent d’en-haut […] comme du soleil descendent les rayons, de la source les eaux …”
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