Veuillez noter que les méditations cesseront le dimanche 25 juin pour la période des vacances et recommenceront en septembre prochain. Toute notre gratitude d’avoir marché avec nous et demeurons unis dans la prière.
Évangile du lundi 19 juin – 11e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant » Mt 5, 38-42
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil, et dent pour dent. Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. Et si quelqu’un veut te poursuivre en justice et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. À qui te demande, donne ; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos ! »
Méditation
Dieu donne son importance aux lois humaines, aux intermédiaires comme les juges ou les procédures juridiques. L’histoire de Suzanne, dans le Livre de Daniel, nous le montre. Alors qu’il faisait chaud, Suzanne se baignait tranquillement, sans imaginer que le désir de deux vieillards pervers viendrait la chercher jusque dans son propre jardin. Lorsque Suzanne fut calomniée par ces vieux notables, le piège semblait se refermer sur cette innocente. Mais, une procédure d’interrogatoire démasqua les menteurs. La civilisation se grandit lorsqu’elle garantit l’impartialité des institutions judiciaires. « Un tout jeune garçon nommé Daniel » (Dn 13,45) refusa l’engrenage des pervers et imposa une procédure juste : « Fils d’Israël, vous êtes donc fous ? Sans interrogatoire, sans recherche de la vérité, vous avez condamné une fille d’Israël. » (Dn, 13,48). Daniel fit passer les accusateurs vicieux séparément devant un interrogatoire minutieux (Dn 13,51-59). L’innocence de Suzanne fut reconnue grâce à l’ingéniosité de Daniel.
Dans le texte que nous méditons aujourd’hui, Jésus ne dénigre pas les procédures du tribunal. Mais, Il pose d’autres questions : Comment réagir au mépris ? Comment prendre position quand un adversaire se pose devant nous en crachant son insulte ? On aimerait cultiver son jardin tranquillement, se tenir à l’écart des violences du monde en bénissant ses frères. Mais, parfois, nous sommes confrontés à des adversaires qui viennent nous chercher jusque dans notre jardin ! Ils cherchent à nous expulser de la paix que donne Jésus. Ils veulent nous exproprier du bien reçu dans la grâce. Un mari aimé peut au fil des années devenir un agresseur redoutable. Une épouse choyée peut devenir maltraitante. Un patron peut harceler ou un employé se révéler être un voleur…
Comment réagir ? Face à ce défi, Jésus étonne : « Tendre une joue autre » ? Ses propos extravagants sonnent comme une pro-vocation ! Faut-il ramper en demandant des gifles supplémentaires ? Faut-il être passif, soumis ? Pendant son procès, Jésus s’adressa au garde qui l’avait frappé : « Si j’ai mal parlé, fais voir ce que j’ai dit de mal ; et si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » (Jn 18,23). Il ne tendit pas l’autre joue, mais proposa une parole pleine de sens à son adversaire. Lorsque Paul faisait face à son agresseur, il l’avertit du jugement et de la punition divine (Ac 23,3). Ni l’un, ni l’autre ne réclamèrent d’être frappés à nouveau. Ni l’un, ni l’autre ne répondirent au mal par un mal équivalent. Ils ne ripostèrent pas au méchant, afin de conserver leur liberté, même face au mal.
Les propos de Jésus ne sont pas gravés dans le marbre, mais Ses pro-vocations font réfléchir pour laisser émerger notre vocation. Quel était, pour Jésus ou pour Paul, l’enjeu spirituel de leur situation de violence ? Ne pas succomber au mal en se laissant contaminer par la violence, mais résister au mal en luttant contre la tentation de haïr celui qui l’a accompli. Ne pas riposter au méchant en se plaçant sur le terrain qu’il a choisi, mais maintenir sa confiance d’être les enfants bien-aimés du Père. Demeurer dans sa filiation divine en restant libre d’inventer une réponse qui préserve une possible relation, sans sombrer dans une auto-destruction pleine de culpabilité. Jésus, comme Paul et de nombreux saints dans l’histoire, invita son adversaire à une salutaire prise de conscience, tout en protégeant son cœur du dénigrement, du mépris ou de la haine.
Quand on est droitier, pour que la main percute la joue droite de l’adversaire, il faut frapper avec le revers de la main, ce qui est plus une marque de mépris qu’une agression physique. Présenter une joue « autre » (celle qui n’est pas rougie par la gifle) invite à présenter un autre visage, à proposer à l’interlocuteur la possibilité d’une autre relation. Faire face, tête haute, à celui qui méprise est un refus de soumission, un refus de la passivité coupable qui voudrait faire croire que l’on a mérité l’insulte. Présenter un visage autre est aussi une marque de liberté. Jésus ne demande pas la passivité et encore moins l’application mécanique de ce geste sans l’invention qui lui donnerait son sens et sa possible fécondité. Une joue « autre » suppose un coeur nouveau, un esprit nouveau.
Le méchant cherche à attirer sur le terrain de la violence qu’il a choisi. Il fait tout pour susciter la riposte violente qui le justifie dans son choix. Par Ses paroles, Jésus nous invite à demeurer libre et inventif face au mal. Il nous invite à protéger notre « je » divin que le Défenseur nourrit de Ses dons. Rester libre, sans peur, sans colère, sans honte de soi, sans confusion d’esprit sont des manières de désobéir au méchant.
Vincent REIFFSTECK. vincent.reiffsteck@wanadoo.fr
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