Méditation quotidienne du dimanche 18 juin : Jetés dehors (No 270 – série 2022 – 2023)

Image par José Gracia de Pixabay

Veuillez noter que les méditations cesseront le dimanche 25 juin pour la période des vacances et recommenceront en septembre prochain. Toute notre gratitude d’avoir marché avec nous et demeurons unis dans la prière.

Évangile du dimanche 18 juin – 11e dimanche du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Jésus appela ses douze disciples et les envoya en mission » Mt 9, 36 – 10,8

En ce temps-là, voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles parce qu’elles étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger. Il dit alors à ses disciples : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. » Alors Jésus appela ses douze disciples et leur donna le pouvoir d’expulser les esprits impurs et de guérir toute maladie et toute infirmité.
Voici les noms des douze Apôtres : le premier, Simon, nommé Pierre ; André son frère ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère ; Philippe et Barthélemy ; Thomas et Matthieu le publicain ; Jacques, fils d’Alphée, et Thaddée ; Simon le Zélote et Judas l’Iscariote, celui-là même qui le livra. Ces douze, Jésus les envoya en mission avec les instructions suivantes : « Ne prenez pas le chemin qui mène vers les nations païennes et n’entrez dans aucune ville des Samaritains. Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël. Sur votre route, proclamez que le royaume des Cieux est tout proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons. Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement. »

Méditation

Ce texte prend racine dans le Cœur de Dieu : « Jésus fut saisi de compassion » devant ces foules « désemparées et abattues comme des brebis sans berger ».  N’est-ce pas de là que devrait s’initier toute contemplation et toute mission ?! La nôtre comme celle des disciples ?! En fait, toute mission ne peut qu’originer de cet Amour du Fils pour le Père dans l’Esprit et de leur Amour pour chacun.e de nous. La mission ne peut être en nous qu’un feu d’Amour. Elle ne peut jamais être un travail, un quelque chose à faire, mais réellement une passion du cœur. Et si nous nous fions au texte, elle semble même rare, car il est écrit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux ».

Pourquoi ce « peu » ? La réponse me semble se retrouver dans une erreur de traduction liée à ce verset : « Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. » Mais, en grec, le verbe n’est pas « envoyer » mais « jeter dehors », exactement le même qui sera utilisé deux autres fois dans le texte de cette façon : « jeter dehors les souffles contaminés (ou les esprits impurs) » et « jetez dehors les démons ». Quel verbe étonnant et, pourrions-nous dire, peu invitant, car, au lieu d’être “envoyés”, nous sommes “jetés dehors”. Car ce verbe est le même que dans ce texte de Luc : « Là seront les pleurs et les grincements de dents, lorsque vous verrez Abraham, Isaac, Jacob et tous les prophètes dans le Royaume de Dieu, et vous, jetés dehors » (13, 28). N’est-ce pas là notre réponse ?!

La moisson, dans notre imaginaire, a quelque chose de poétique. Elle renvoie à l’abondance, aux récoltes, aux fruits mais l’Évangile nous affirme qu’elle est plutôt « foules désemparées et abattues comme des brebis sans berger ». Pour accepter d’aller moissonner, le texte grec est très juste : nous devons accepter d’être « jetés dehors ». L’appel des disciples de la part du Père est de suivre son Fils au dehors. « Lui, de condition divine, ne retient pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave, et devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix ! » (Ph 2, 6-8).

Être « jetés dehors » demande d’abord d’être saisis par l’Amour du Père pour ses enfants, car Il « a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16). Le chemin de la moisson implique pour les disciples-missionnaires d’être « jetés dehors » au milieu de ce mal qui moissonne l’humanité et la garde dans les ténèbres.

Quand Jésus nous appelle chacun par notre nom, « le premier, Simon, nommé Pierre ; André son frère ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère ; Philippe et Barthélemy… », Il nous appelle d’Amour à perdre notre vie au cœur des ténèbres de mort qui tuent ce monde. Il nous demande de nous tenir là, comme ce sel qui va redonner goût à la Vie et comme cette lumière qui va éclairer le chemin de nos frères et sœurs. Notre vie de disciples-missionnaires doit être kénotique, c’est-à-dire ensevelie en enfer, embrassant les ténèbres, et, en ce lieu, où Jésus nous dit, comme à saint Silouane de l’Athos, : « tiens ton esprit en enfer et ne désespère pas ».

Personne ne peut se tenir là où tout semble mourir, s’il n’accueille pas l’Amour du Père qui se tient là Lui-même avec nous, en enfer, car Il souffre qu’un seul de ses enfants souffre et se perde. Il nous demande que, « jetés dehors » en enfer, nous communiquions gratuitement son Amour éternellement gratuit. Il a besoin de nous, comme filles et fils de Dieu, pour nous y tenir là par, avec et en le Fils afin de Lui ramener chacun de ses enfants.

Pour ce faire, Il nous donne « l’autorité sur les souffles contaminés, pour les jeter dehors, et pour guérir toute maladie et toute infirmité » (traduction de Chouraqui). Quelle grâce alors d’entendre l’Amour nous « jeter dehors » en disant : « Guérissez les infirmes, réveillez les morts, purifiez les lépreux et jetez dehors les démons » (Chouraqui). Quel ministère de délivrance extraordinaire est le nôtre ! Et quel courage amoureux il demande ! Allons frères et sœurs et tenons nos esprits en enfer et ne désespérons pas !

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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