Méditation quotidienne du vendredi 9 juin : La confession (No 261 – série 2022 – 2023)

Évangile du vendredi 9 juin – 9e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Comment les scribes peuvent-ils dire que le Messie est le fils de David ? » Mc 12, 35-37

En ce temps-là, quand Jésus enseignait dans le Temple, il déclarait : « Comment les scribes peuvent-ils dire que le Messie est le fils de David ? David lui-même a dit, inspiré par l’Esprit Saint : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : “Siège à ma droite jusqu’à ce que j’aie placé tes ennemis sous tes pieds !” David lui-même le nomme Seigneur. D’où vient alors qu’il est son fils ? » Et la foule nombreuse l’écoutait avec plaisir.

Méditation

Les scribes annoncent un Messie Fils de David alors que David l’appelle Seigneur. La foule jubile, là où il y a contradiction, surgit la confession : Il est Fils et Seigneur. La logique du renversement et de la conversion à laquelle, nous invite le Christ se mesure à une paix qui enrobe le cœur, démantèle le vide bardé de savoirs et de tiraillements.

Dernièrement, à la fin d’un concert, je me suis précipitée pour féliciter mes beaux-parents, la chorale faisait rougir les anges et les airs sacrés étaient transcendants, rendant palpable la communion qui m’étreignait, assise sur le siège d’à côté.  Je soulignais à beau-papa que le sublime relevait sans aucun doute du talent du compositeur mais surtout de sa foi. Devant cette annonce, il m’opposa, en fin observateur et plusieurs fois docteur, une contradiction où les compositeurs de l’époque baroque devaient se soumettre plutôt aux commandes des milieux ecclésiaux. Je renchéris avec le sentiment religieux qui habite l’oeuvre, prélude au frémissement de l’Esprit qui chuchote trop près de l’oreille. Il répond évoquant la raison, élégamment habillé de respectabilité et d’incrédulité. Il s’agissait là plutôt de projections sur des dieux-écrans qui ne reflètent, au fond, que de l’humain et juste de l’humain. Je réplique : cela est vrai jusqu’à la rencontre du Dieu de Jésus-Christ, Fils et Seigneur, qui nous renvoie ces projections en plein visage pour ne refléter que la vérité de Dieu, cet appel à être Fils et Seigneur. Étonnée de ma propre confession, mais surtout de la simplicité de cette vérité, l’échange tourne court. Beau-papa baisse le regard et murmure « mais on sait comment Il a fini … sur une croix », avec un air presque déçu. Par ma confession, s’est invitée la fragilité, celle de cet homme en manque de Dieu, celle du monde qui vacille refusant de s’appuyer sur Dieu, celle de Dieu qui peine à s’insinuer dans nos cœurs.

Le Christ est chemin et il est en chemin beau-papa. De la contradiction à la confession, votre cœur qui a reconnu en cet instant sa fragilité a-t-il saisi qu’il contient déjà toute celle du monde en lui, a-t-il saisi qu’il communie à plus grand que lui ? A-t-il dans les yeux baissés, que cette communion à la fragilité de Dieu en ce monde fait naître une paix qui s’empare du cœur pour le draper d’une lumière chaude, d’un linceul soyeux et étincelant ?

Alors qu’il quittait la mine basse, je lui rappelle doucement que si nous parlons encore, en cette soirée d’été deux fois millénaire, de ce Fils et Seigneur qui nous rend Fils et nous fait Seigneur, peut-être est-ce parce que l’on sait comment, par la Croix, nous avons cessé d’être finis ? Il est allé, pensif peut-être ébréché, ranger les lutrins; une sonate de Bach flottait encore dans l’air comme une paix distillée. Il me semblait que j’aurais pu dormir en pleine mer déchaînée, il me semblait que je devrais lui offrir les paroles du Père Yves Girard qui m’accompagnaient alors :

Ne me demandez pas sur quoi repose ma paix, dit le baptisé : sachez seulement que le pain dont je nourris mon cœur vaut mieux que la lumière dont vous remplissez votre esprit. Le monde alors ne comprendra pas, et ce n’est qu’au jour où son cœur commencera à avoir mal que sa tête, se verra dans l’obligation d’avouer son incompétence à guérir la plus dramatique de toutes les famines, l’absence de lumière chaude (Croire jusqu’à l’ivresse, 2006, p. 196).

La logique du Royaume est ainsi beau-papa, le cœur de Dieu est plus grand que le nôtre (1 Jn 3.20), et le nôtre est plus grand que n’importe quelle croix.

Barbara Martel (bmartel@lepelerin.org)

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