Méditation quotidienne du mardi 6 juin : Rendre à Dieu ce qui est à Dieu (No 258 – série 2022 – 2023)

Image par Jackson David de Pixabay

Évangile du mardi 6 juin – 9e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Ce qui est à César, rendez-le à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » Mc 12, 13-17

En ce temps-là, on envoya à Jésus des pharisiens et des partisans d’Hérode pour lui tendre un piège en le faisant parler, et ceux-ci vinrent lui dire : « Maître, nous le savons : tu es toujours vrai ; tu ne te laisses influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens, mais tu enseignes le chemin de Dieu selon la vérité. Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? Devons-nous payer, oui ou non ? » Mais lui, sachant leur hypocrisie, leur dit : « Pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? Faites-moi voir une pièce d’argent. » Ils en apportèrent une, et Jésus leur dit : « Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? – De César », répondent-ils. Jésus leur dit : « Ce qui est à César, rendez-le à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » Et ils étaient remplis d’étonnement à son sujet.

Méditation

« Ce qui est à César, rendez-le à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » Celui qui prononce cette parole claire, limpide, si connue de l’Évangile, c’est celui à qui « des pharisiens et des partisans d’Hérode [voulaient] tendre un piège en le faisant parler » ! Impressionnante, cette intention cachée sous leur hypocrisie : vouloir lui tendre un piège ‘en le faisant parler’ ! Lui, la Parole libre, la Parole toute transparente de vérité, LA Parole, vouloir le piéger justement en le faisant parler ! J’en ai été frappée pour la première fois ce matin en lisant cet Évangile.

Mais Jésus est tellement enraciné dans son identité, dans son être profond, qu’Il est capable de percevoir leur dynamique mensongère et de rester libre. « Sachant leur hypocrisie, Il leur dit : « Pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? » Comme St Paul le confessait à Timothée : « la parole de Dieu n’est pas enchaînée » (2 Tim 2,9). Jésus n’est pas enchaîné ! La Parole qu’Il est, rien – ni dans le monde ni dans nos vies personnelles – ne peut l’emprisonner, la voiler ni la taire. Un jour Il avait répondu à quelques Pharisiens qui lui demandaient de réprimander ses disciples :  « Je vous le dis, si eux se taisent, les pierres crieront. » (Lc 19,40) Même si parfois nous faisons l’expérience de l’apparent silence de Dieu, de la force écrasante du prince du mensonge dans nos vies et dans l’existence de nombreuses personnes, Jésus SAIT qu’un jour ou l’autre là aussi les pierres crieront. Même les pierres feront se briser le silence pour qu’éclate le chant de la vérité. Il le sait et, ce matin, désire nous le transmettre une nouvelle fois. « La parole de Dieu n’est pas enchaînée ».

« Maître, nous le savons : tu es toujours vrai ; tu ne te laisses influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens, mais tu enseignes le chemin de Dieu selon la vérité. » Je suis impressionnée par ces mots prononcés pourtant par des bouches hypocrites. Ce portrait de Jésus pourtant ‘vrai’ sort de cœurs remplis de duplicité et de fausseté. Impressionnant … Ils veulent coincer Jésus, mais seront pris dans leur propre filet !

« “Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? Devons- nous payer, oui ou non ?” “Faites-moi voir une pièce d’argent.” » La recevant, Jésus leur demande avec une autorité d’homme libre : « Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? De César. » Ce qui nous vaudra cette parole majestueuse : « Ce qui est à César, rendez-le à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »  A vous de juger, à vous de discerner ! Je ne répondrai pas à votre place !

Et quel appel, celui-là, de ‘rendre à Dieu ce qui est à Dieu’ ! N’est-ce pas à cet appel que le Pèlerin a répondu ? Offrir à toute personne qui le demande l’accompagnement dont elle a besoin et lui permettre de ‘rendre à Dieu ce qui est à Dieu’. Et moi, ‘envoyée’ dans ce ‘bout du monde’ (mais la terre est ronde !!), n’est-ce pas pour la même raison ? Être en mission pour que chaque personne, à son rythme, puisse revenir à la source, reconnaître dans son désert intérieur la présence de Dieu qui l’attend.  

« Et il y a de nombreuses formes de désert. Il y a le désert de la pauvreté, le désert de la faim et de la soif ; il y a le désert de l’abandon, de la solitude, de l’amour détruit. Il y a le désert de l’obscurité de Dieu, du vide des âmes sans aucune conscience de leur dignité ni du chemin de l’homme. Les déserts extérieurs se multiplient dans notre monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus très grands. »[1]

Le Pape François posait un jour cette question : « Mais pourquoi annoncer [l’Évangile]? Parce que j’ai reçu gratuitement et que je dois donner gratuitement. L’annonce ne part pas de nous, mais de la beauté de ce que nous avons reçu gratuitement, sans mérite »[2] Qu’avons-nous reçu gratuitement, chacun de nous ? Et si ce matin, nous nous laissions interpeler par cette question …

Moi, ce que j’ai reçu gratuitement, c’est savoir que ma vie Lui appartient ! « Ou bien ne savez-vous pas que votre corps est un temple du Saint Esprit, qui est en vous et que vous tenez de Dieu ? Et que vous ne vous appartenez pas ? » (1 Cor 6,19) Et bien moi, jusqu’à mes 21 ans, je ne le savais pas ! Peut-être que ces mots de saint Paul, mes oreilles distraites les avaient déjà entendus … Mais réellement je ne le ‘savais’ pas dans mon corps, dans mon âme. Quand cette Parole – qui n’était heureusement pas enchaînée – a enfin résonné en moi, ma longue nuit (mon désert intérieur) qui voilait sans le savoir cette incroyable dignité, a commencé à se dissiper. A partir de ce moment-là j’ai pu commencer à ‘rendre à Dieu ce qui était à Dieu’ dans ma vie. Lui donner du temps, ce temps d’exister, reçu gratuitement. Du temps juste pour Lui, pour L’écouter. Du temps pour faire de l’espace en moi aux Paroles de vie en abondance. Du temps pour laisser résonner aussi les désirs les plus profonds qui m’habitaient.

‘Rendre à Dieu ce qui est à Dieu’, pour nous réunis ici chaque matin de tant de lieux de la terre autour de sa Parole, c’est prêter l’oreille du cœur. C’est, durant la journée au milieu des ‘choses qui se passent’, laisser l’Esprit nous défendre contre les pièges du tentateur et contre nos fausses croyances. C’est reconnaître avec Lui l’effigie gravée – non pas sur une pièce d’argent – mais au fond de notre cœur et de celui des personnes que nous rencontrerons. « Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? »

« Je Te connaîtrai, ô Toi qui me connais, je Te connaîtrai comme je suis connu de Toi. Tu es la vie de mon âme ; pénètre donc en elle, modèle-la à ton image qu’elle soit sans tache ni ride pour que Tu l’habites et la possèdes entièrement. Telle est mon espérance, voilà pourquoi je parle, et cette espérance fait ma joie. »  (Confessions, saint Augustin)

Laurence Vasseur, vasseurlaurence@hotmail.com


[1] Pape Benoît XVI, Homélie du début de son pontificat, 24 avril 2005.

https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/homilies/2005/documents/hf_ben-xvi_hom_20050424_inizio-pontificato.html

[2] https://www.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2023/documents/20230215-udienza-generale.html

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