Méditation quotidienne du samedi 20 mai : Car le Père nous aime… (No 242 – série 2022 – 2023)

Évangile du Samedi 20 mai 2023 – 6e semaine du Temps pascal (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Le Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé et vous avez cru » Jn 16, 23b-28

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Amen, amen, je vous le dis : ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom ; demandez, et vous recevrez : ainsi votre joie sera parfaite.
En disant cela, je vous ai parlé en images. L’heure vient où je vous parlerai sans images, et vous annoncerai ouvertement ce qui concerne le Père. Ce jour-là, vous demanderez en mon nom ; or, je ne vous dis pas que moi, je prierai le Père pour vous, car le Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé et vous avez cru que c’est de Dieu que je suis sorti. Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde ; maintenant, je quitte le monde, et je pars vers le Père. »

Méditation

Je poursuis la méditation entamée hier sur ces versets qui suivent et contractent l’infini entre Dieu et nous, entre la Vie et notre existence. Contraction qui est le prélude à l’accouchement de notre identité profonde par notre nature filiale et notre mise au monde. S’ouvrir, sortir et venir dans le monde. N’est-ce pas là l’essentiel de tout cheminement spirituel ? Ces versets soulignent la nature divine du Christ parce que sorti du Père et son incarnation par sa venue dans le monde. Double naissance comme celle à laquelle nous sommes aussi appelés en tant que fils et filles de Dieu, la première se déployant au fil du temps, des malheurs et des évènements en autant de chemins de l’incarnation, cette naissance seconde et spirituelle. Le Christ délaisse les paraboles comme nous abandonnons, dans le dépouillement et la guérison, nos récits et leurs morsures dans nos vies. Au fil de notre cheminement, le Je émerge, inondant le petit reste, du plaisir coupable à la honte reluisante. L’émergence comme naissance accouche de ce qui est autre et plus grand que soi, pour chérir l’acte et la vérité de ce que je suis.

Ce Je, cette confiance indélogeable par laquelle le Christ se faufile en moi, est ce qui donne parole au Père, est ce qui permet sa venue dans le monde. En toi, j’ai mis tout mon amour (Mt 3.17), notre Je filial contient tout l’amour de Dieu d’autant qu’il nous a aimé le premier. Je relis éblouie : je contiens tout l’amour de Dieu… il ne peut que déborder vers le Christ qui contient tout de ce Je enraciné dans les profondeurs de mon cœur. L’acte et la vérité d’aimer la présence pacifiante du Christ en soi devient la raison pour laquelle Dieu nous aime. Ce mouvement d’amour et de paix qui rend le Je transparent au point d’y percevoir les premières lueurs du Royaume, montre le caractère trinitaire de l’identité filiale. Par l’action de l’Esprit, l’amour se communique par moi entre les divines personnes pour leur venue dans le monde. Les paroles alors s’effritent révélant la friabilité de la honte et de la peur. Les paroles alors s’étiolent révélant toute la nudité de l’âme qui se drape de la pudeur d’un simple amen. Les paraboles et les récits font maintenant place à un présent fondu dans un temps dont le rythme est l’expire de Dieu. Et cela suffit.

Me revient en tête la première épître de Jean : « Mes petits enfants, n’aimons pas en paroles et de langue, mais en acte et dans la vérité; à cela nous reconnaîtrons que nous sommes de la vérité et devant lui nous apaiserons notre cœur, car si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur et il discerne tout (1 Jean 3, 18-20) ».

Aimer en acte et dans la vérité, c’est le verbe qui se fait chair. Il conjugue le sortir et l’innocence remise au monde faisant advenir le Royaume par la grâce d’un je t’aime, d’une lueur et d’un matin qui tournoient dans ton cœur. Aimer en acte et dans la vérité, c’est laisser la parole divine résonner et réveiller, comme Lazare qui git au fond de moi :  Sors et Sois!

Barbara Martel (bmartel@lepelerin.org)

DROIT D’AUTEUR

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