Méditation quotidienne du jeudi 11 mai : La joie (No 233 – série 2022 – 2023)

Image par Jupi Lu de Pixabay

Évangile du Jeudi 11 mai 2023 – 5e semaine du Temps pascal (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Demeurez dans mon amour pour que votre joie soit parfaite » Jn 15, 9-11

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. »

Méditation

Comme chrétiens, nous nous souhaitons Joyeux Noël et Joyeuses Pâques ! Dans les deux, un seul état est décrit : la joie. La joie est à Noël le cadeau d’une naissance et à Pâques le cadeau de toutes nos naissances dans le Fils. Toujours l’éclatement de la Vie !

Dans un monde où la joie semble liée à ce que nous possédons, à ce que nous acquérons, à ce que nous réussissons… cette joie pascale fait scandale. Car elle surgit plutôt d’une naissance, de celle de nous en Dieu et de Dieu en nous.  Cette joie n’est pas égoïsme, car elle surgit toujours comme un excédent de Vie qui jaillit de la rencontre avec Dieu, de la rencontre entre nous et de la rencontre avec la création. Car ce n’est que dans une étreinte amoureuse que la vraie joie apparaît. Dans cette rencontre où nous partageons le don de notre Vie et que, dans ce partage, nous nous engendrons et nous permettons à chacun.e de devenir qui il est.

La joie est l’étreinte de nos dons, comme si, en riant, cette étreinte nous empêchait de ne rien retenir, de ne rien prendre, mais simplement d’éprouver en nous nos êtres mutuellement en don.  La joie prend alors les pas de l’enfant qui danse d’émerveillement et ne sait s’arrêter.  Vivre cet être dans le tourbillon de l’étreinte ou cette expérience de l’être en jaillissement de Vie éternelle, n’est-ce pas “ce trop” qui a jeté dans le ravissement et le chérissement tous les mystiques de tous les siècles ?

Dans cette joie, sont tout contenus notre don aux autres, le don des autres à nous et les deux saisis et entraînés dès le début et jusqu’au bout par le don de Dieu. N’est-ce pas ce que saint Jean décrit de Jésus quand il écrit : « ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin » (Jn 13, 1). Dans notre quotidien ou dans nos passions traversées avec douleur comme Jésus, l’Amour nous maintient dans le don afin que « là où je suis, vous soyez, vous aussi; et là nous sommes, Il soit », nous tenant ainsi les uns dans les autres.

C’est cet Amour duquel surgit toute joie. C’est pourquoi Jésus nous dit : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez en mon amour. (…) Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète » (Jn 15, 9.11). La joie n’est donc point satisfaction d’un instant mais un « demeurer mutuellement dans l’Amour », l’un dans l’autre, l’un pour l’autre. Il n’y a pas de plus grande joie que, comme le fit le Christ toute sa vie, et à la Croix, de donner sa vie par Amour pour ses amis. Mais comme cela nous est difficile…

Car seul le pauvre connaît la joie. Ce pauvre qui reçoit tout et redonne tout, sans emprise. Ce pauvre qui laisse la Vie le traverser comme un saisissement d’Amour, convoqué ainsi au service de la joie. La joie étant cet Amour qui déborde, qui glisse sur les pieds de l’autre comme un nard pur, comme une larme qui glisse de la Lumière des yeux, qui oint le corps de l’autre et qui embaume son cœur. La joie comme le débordement du don, dont le nom est Esprit.

La joie est l’accomplissement parfait de l’humain, car il ne demeure alors en lui que l’Amour et lui en l’Amour.  Cette joie ne fait toutefois pas de fracas. Elle se lève dans le silence de l’aube au jour de Résurrection quand, doucement et sans bruit, l’Amour nous fait franchir la porte de nos tombeaux. Elle se rit alors de la mort pour prendre un pas de danse sur la terre des vivants avec le Dieu, maître de la Vie.  Et si nous dansons en Dieu, n’oublions pas le Dieu qui danse lui aussi en nous et sur cette terre : « Yahvé ton Dieu est au milieu de toi, héros sauveur! Il exultera pour toi de joie, il te renouvellera par son amour; il dansera pour toi avec des cris de joie, comme aux jours de fête » (So 3, 17-18).

À vous toutes et tous, Joyeuses Pâques ! Et que le Dieu de la danse virevolte de joie pour vous et vous entraîne en sa danse ! Et que par notre joie Il soit entraîné en nos pas !

Stéfan Thériault, directeur

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