Évangile du Jeudi 20 avril 2023 – 2e semaine du Temps pascal (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Le Père aime le Fils et il a tout remis dans sa main » Jn 3, 31-36
« Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous. Celui qui est de la terre est terrestre, et il parle de façon terrestre. Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous, il témoigne de ce qu’il a vu et entendu, et personne ne reçoit son témoignage. Mais celui qui reçoit son témoignage certifie par là que Dieu est vrai. En effet, celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, car Dieu lui donne l’Esprit sans mesure. Le Père aime le Fils et il a tout remis dans sa main. Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui refuse de croire le Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. »
Méditation
Ma première tendance à la lecture de ce texte est de le lire dans la perspective du témoignage de Jean-Baptiste. En méditant, toutefois, j’ai mieux vu que ce qui est au centre est « le témoignage du ciel ». Cette dimension m’a profondément frappé et touché, spécialement dans un monde actuel en profond déchirement. L’humain semble presque avoir perdu son humanité. Par exemple, la destruction de l’Ukraine et les morts qui s’empilent deviennent, jour après jour, presque un fait divers. Et nous pourrions multiplier un tel scénario dans tant de pays du monde. Je parlais récemment à un ami au Pérou où, dans son petit coin reculé en montagne, ils ont eu 70 morts depuis décembre. La police et l’armée tuent des citoyens sans armes. Quelle est notre espérance ? C’est à cette question que le texte d’aujourd’hui donne une réponse très forte.
Dans un monde de laïcisation et de désacralisation du monde et de l’humain, nous ne pouvons que constater que l’humain, plus il perd Dieu, plus il se perd lui-même. Nous sommes dans une urgence apocalyptique, celle de retrouver en nous la « révélation » (qui est le sens étymologique du mot « apocalypse ») de Dieu sur l’humain. En d’autres mots, si, comme Jean-Baptiste, nous sommes appelés à témoigner de « Celui qui vient d’en haut ou de Celui qui vient du ciel», plus encore, nous sommes appelés à entendre en nous son témoignage sur l’être humain et sur chacun.e de nous.
Et ce Fils qui vient, ce Christ, s’il est vrai qu’Il est au-dessus de tous ou de tout, Il est tout autant au-dedans de nous, car « le ciel est en nous » (Angelus Silesius). Ceci signifie qu’en nous se tient Celui qui, du ciel, « témoigne de ce qu’il a vu et entendu » sur le mystère de l’humain. Il connaît le secret de notre beauté et la grandeur de l’Amour qui repose sur nous tout comme de notre identité unique, du don de Dieu unique que nous sommes. En ce sens, il faut bien soupeser ce verset (v. 27) du texte : « Nul ne peut rien s’attribuer, qui ne lui soit donné du ciel ».
Une telle affirmation nous fait comprendre que l’humain ne peut devenir humain et entrer dans son propre témoignage sans avoir reçu préalablement le témoignage de Dieu sur lui. Notre réalité terrestre ne trouve sens que dans la Lumière du ciel. C’est pourquoi Jean-Baptiste ajoute : « celui qui reçoit son témoignage certifie par là que Dieu est vrai ». Si nous n’accueillons pas le témoignage de Dieu sur nous, nous ne pouvons entrer dans la plénitude de la vérité de notre être et de ce qu’est un être humain ni de Celle de Dieu.
Ce témoignage nous y avons accès, et j’emprunte ici la traduction de Chouraqui, parce que « oui, celui qu’Elohîms (Dieu) envoie parle les dires d’Elohîms; oui, sans mesure, il donne le souffle ». L’accès au témoignage passe donc uniquement par l’écoute du Fils qui parle Dieu en nous et nous donne l’Esprit sans mesure. L’écoute de cette Parole qu’est le Fils a son premier lieu en sa Parole qui nous engendre comme parole de Dieu unique en Lui. C’est cette Parole qui donne à chaque humain son identité véritable. Consentir à cette Parole est le pas premier de notre témoignage, car en disant « oui », nous « certifions » ou « scellons de notre sceau » (traduction de Chouraqui) que Dieu est Vérité et que nous acceptons que notre être soit expression de cette Vérité ou né d’Elle.
En d’autres mots, il n’y a pas de témoignage humain, donc de femmes et d’hommes qui ne deviennent humains, sans accueillir et consentir à la Vérité de notre vie et de notre identité unique qui surgissent de Dieu, et qui nous sont communiquées à chaque instant du jour, et pour l’éternité, par Dieu. Dieu est le témoin de l’humain.
Ainsi, si l’humain n’apprend pas à accueillir et à accepter le voir et l’entendre du Fils sur l’humain dans la démesure de l’Esprit, à ne pas recevoir le témoignage du Ciel, il court à sa perte, car il ne saura jamais trouver la voie de son propre témoignage.
En ce temps de Pâques, je nous invite toutes et tous à faire silence et à nous tourner vers le Ciel en nous afin de voir et d’entendre le témoignage de Celui qui parlant Dieu parle l’humain, qui nous dit ce que nous sommes, tout en nous partageant sa Vie infinie. Cessons de refuser ce témoignage, car c’est la seule voie pour sauver la planète et l’humain. Alors ne perdons pas l’espérance, car ce témoignage est à portée de ciel en nous et c’est ce même témoignage qui nous donne et nous maintient dans la Vie.
Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)
DROIT D’AUTEUR
La méditation peut être partagée à toutes et à tous, en tout ou en partie, mais le nom de l’auteur et l’indication du centre le Pèlerin avec l’adresse du site (www.lepelerin.org) doivent être inscrits, car les droits d’auteur demeurent. Merci de votre compréhension.