Évangile du Lundi 13 février 2023 – 6e semaine du temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Pourquoi cette génération cherche-t-elle un signe ? »Mc 8, 11-13
En ce temps-là, les pharisiens survinrent et se mirent à discuter avec Jésus ; pour le mettre à l’épreuve, ils cherchaient à obtenir de lui un signe venant du ciel. Jésus soupira au plus profond de lui-même et dit : « Pourquoi cette génération cherche-t-elle un signe ? Amen, je vous le déclare : aucun signe ne sera donné à cette génération. » Puis il les quitta, remonta en barque, et il partit vers l’autre rive.
Méditation
Jésus vient d’accomplir le signe merveilleux de la multiplication des pains. À partir de « sept pains » (Mc 8,6) signe de la perfection qui est en Dieu, Jésus nourrit « quatre mille » hommes (Mc 8,9) chiffre qui évoque le monde entier. « Dans un endroit désert » (Mc 8,4) où nul ne dissimule ses limites, la « compassion » (Mc 8,2) de Dieu relève l’homme. Sans le pain qui soutient, Jésus sait bien que « les forces leur manqueront en chemin » (Mc 8,3). Tout est dit. Par Jésus, le Très-Haut se rend présent au monde pour le nourrir. La perfection divine soutient l’homme qui présente sa fragilité au Père (Mc 8,6).
Pourtant, les Pharisiens refusent le signe qu’ils viennent de voir ! Ces choses que tous ont observées ne mettent pas les Pharisiens en mouvement vers la vérité. Ces spécialistes des Écritures s’interrogeaient quant à la venue du Messie. Ils mettaient leur espoir dans la justice que procure la Loi de Moïse. Alors, pourquoi n’ont-ils pas reçu le signe accompli par Jésus et Jésus lui-même en tant que signe de Dieu ?
Ces hommes, enfermés dans leur savoir, ont le sentiment de tout connaître. Ils savent… Tout est déjà bouclé. Au Christ descendu du ciel, les Pharisiens demandent « un signe venant du ciel », car ils veulent que tous comprennent qu’ils ont raison. Ils définissent le centimètre carré à l’intérieur duquel Dieu a le droit d’agir pour consolider leur pouvoir. Ils n’ont pas besoin d’une foi qui ferait entrer dans une relation de confiance.
Aujourd’hui, nous sommes encore moins avancés que ces Pharisiens qui mettaient Jésus à l’épreuve. La seule vérité qui unisse les hommes est la vérité de la technologie (comprise de quelques spécialistes), mais que tous utilisent, car elle fonde notre pouvoir sur la terre. A nos oreilles, l’idée que le mot de « vérité » fasse partie du vocabulaire de la religion sonne faux… Et pourtant, la question de la vérité, n’est-elle pas pour nous un point de conversion ? Le sociologue Zygmunt BAUMAN (mort en 2017) a longuement étudié le délitement des liens intimes et sociaux de nos sociétés post-modernes et le désarroi qui les frappe. Dans La vie liquide, il décrit nos sociétés sans repères ballottées par un changement permanent à l’image des vagues d’un univers liquide. Nous courrons à perdre haleine sans savoir où aller.
Jésus est désolé devant ces hommes qui perdent le sol stable de la vérité : « Jésus soupira au plus profond de lui-même ». Il soupire de déception. Plus tard, Jésus soufflera sur ses disciples (Jn 20,22) pour partager l’Esprit. Jésus sait qu’il existe un type de compréhension qui ne s’ouvre qu’à partir de la foi. La foi dispose le cœur à comprendre la vérité de Dieu. Le pays où Dieu nous demande de marcher n’est pas au bout de nos efforts humains, ce pays n’est pas sur la carte que nous avons dessiné. La vérité de Dieu que Jésus révèle dans son incarnation, c’est Lui-même… c’est l’amour en personne. Ne disons pas trop vite que nous savons ce qu’est aimer. On n’entre pas dans la connaissance d’une personne par effraction. Nulle préparation technique ne nous conduit vers Dieu. On ne se présente pas devant Dieu en déployant la puissance nécessaire pour le conquérir ; sinon ce nouvel objet (auquel on accroche par orgueil l’étiquette de « divin ») tombera sous notre pouvoir comme les autres ; cet objet conquis sera à notre triste image… Et la fenêtre que l’on croyait ouverte sur l’illimité se refermera sur nos doigts !
Comme l’écrit saint Augustin (dans ses Homélies sur l’Évangile de Jean, Tract. XXIX, 6), il existe une vérité qui s’ouvre à celui qui fait confiance à Dieu : « La compréhension est la récompense de la foi. Ne cherche donc pas à comprendre pour croire, mais crois afin de comprendre, parce que si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas. ».
Entrons dans la foi qui dilate notre cœur afin de savourer ce que la relation avec le vrai Dieu délivre en nous.
Vincent REIFFSTECK. vincent.reiffsteck@wanadoo.fr
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