Méditation : Leçon missionnaire (No 119 – série 2022-2023)

Image par Thomas de Pixabay

Évangile du Dimanche 15 janvier 2023 – 2e dimanche du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » Jn 1, 29-34

En ce temps-là, voyant Jésus venir vers lui, Jean le Baptiste déclara : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ; c’est de lui que j’ai dit : L’homme qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était. Et moi, je ne le connaissais pas ; mais, si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour qu’il soit manifesté à Israël. » Alors Jean rendit ce témoignage : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui. Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : “Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint.” Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. »

Méditation

Après ce temps de Noël, cet Évangile nous éclaire, il me semble, sur plusieurs éléments de la mission et, donc, sur notre propre mission. J’y vois quatre éléments : une rencontre particulière avec le Christ, un état de mission unique, une humilité nécessaire et un don de soi-même entier.

Jean le Baptiste, cette « voix qui crie dans le désert », a rencontré le Christ comme «l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde» et comme «le Fils (ou l’Élu) de Dieu». Cette réalité de la rencontre du Fils comme Agneau de Dieu était la condition première pour accomplir sa mission, celle de prêcher un baptême de conversion et de pénitence. Toute sa vie, il la passera au désert, dans la souffrance du dépouillement, de la pénitence et de la soif et de la faim de Dieu, et la grâce qui l’a maintenu est celle de sa rencontre avec l’Agneau de Dieu, celui qui va souffrir et qui, par sa souffrance dans l’Amour, va enlever le péché du monde.  Le baptême et la vie de Jean se fondent dans cette rencontre avec « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ».

Si nous regardons à la vie des saint.e.s ou à notre vie, il en va de même. Dieu se révèle toujours de manière particulière à chacun.e de nous et, nous pourrions dire, c’est cette part de Lui-même qu’Il veut que nous incarnions pour Lui en ce monde. Constamment, nous avons à puiser et à vivre de ce don unique de Dieu pour avoir non seulement le courage de notre mission mais pour recevoir le contenu et l’intelligence de cette mission.

Mais, par deux fois, Jean dit une phrase qui peut sembler énigmatique : « Et moi, je ne le connaissais pas ».  Cette phrase, il me semble, signifie que nous ne connaîtrons jamais tout du Christ ou que chaque rencontre est un émerveillement nouveau devant ce Dieu qui ne peut jamais être pleinement “connu”. Nous connaissons de Lui ce qu’il veut nous révéler de Lui, soit le don qu’il fait de Lui-même et qui nous constitue fille ou fils dans le Fils, et qu’Il veut par nous révéler au monde.  Pour Jean, il sera appelé le précurseur, « la voix qui crie dans le désert » (Jn 1, 23), celui qui baptise dans l’eau, « l’ami de l’époux » (Jn 3, 29)… mais il ne sera jamais l’Épouse du Christ, celui qui baptise dans l’Esprit ou un apôtre du Christ comme Pierre.  Il devra accepter de vivre sa mission dans les paramètres de sa rencontre avec le Christ. D’ailleurs, Jésus Lui-même ne dira-t-il pas de Jean qu’il fut un grand prophète mais que « le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui » (Mt 11, 12).

Souvent, nous pouvons désirer vivre ou connaître Dieu comme tel.le saint.e l’a connu et ce désir peut nous entraîner loin de notre mission, car nous sommes appelé.e.s à révéler Dieu comme il se donne à nous. Cela nous demande beaucoup d’humilité, car il nous faut embrasser et aimer le Fils comme Il se donne à nous et accueillir la manière avec laquelle Il le fait.  Il n’y aucune autre voie.

La vie de Jean a été marquée par la soif et la faim, par la souffrance et la pénitence… par un dévoilement de « l’Agneau de Dieu qui vient enlever les péchés du monde ».  Comme lui, il est essentiel que nous nous attachions non au Christ que nous rêvons mais au Christ qui se donne à nous, révélation du Christ qui est unique à chaque personne.

C’est donc notre rencontre avec le Christ qui est déterminante de notre don au monde; en d’autres mots de notre mission.  Nous sommes appelés à donner Dieu de la manière qu’Il se donne à nous, car notre don est toujours en lien avec le don que le Christ veut être par nous au cœur du monde.  Par nous, Il veut être un visage particulier de Dieu, lequel fonde notre identité profonde.

Nous ne sommes pas appelés à imiter le Christ mais à le laisser vivre par, avec et en nous selon la voie qu’il veut se donner par nous. Pour Jean, c’était le décapage du désert, la mise à nu du mal dans le monde, la soif et la faim véhémentes de Dieu… tout cela impliquant, nécessairement, l’entrée pour lui dans le désert intérieur, dans la mise à nu de son propre mal, dans sa propre soif et faim torturantes de Dieu… C’est le sens profond de ces paroles de Jean à la fin de cet Évangile : « Moi, j’ai vu, et je rends témoignage ». 

Nous ne pouvons rendre témoignage du Fils que de la façon même qu’Il se donne à voir pour nous.  Et ici, il y a autant de chemins que de personnes. Pour les uns, ce sera Jésus à Nazareth; pour d’autres annoncer Jésus sur les chemins; pour d’autres prier dans le secret; pour d’autres, vivre Gethsémani; pour d’autres, la couronne d’épines;… Et chacun de ces chemins d’incarnation filiale nous demandera tout de nous, car il demande tout du Christ en nous. Nuit, angoisse, exil, soif et faim, joie, louange, rencontre avec la Parole, prière…en feront partie selon la couleur du don du Fils en nous.

« Si nous ne connaissons pas le Christ » ou, plus justement, tout du Christ, c’est non seulement parce qu’il est au-delà de tout ce que nous pouvons concevoir ou même appréhender par la foi mais parce que, dans sa tendresse, Il a voulu que nous soyons son corps et que, seulement ensemble, nous puissions former son vrai visage. Là aussi, il y a une humilité formidable et tellement plus riche que nos besoins et désirs de tout occuper la place en accueillant des autres la révélation unique qu’ils sont de Dieu. De plus, Il a voulu que chaque rencontre avec Lui soit nouvelle et irrépétible.

Aujourd’hui, embrassons intérieurement notre rencontre avec le Christ, en lui demandant l’humilité d’y consentir sans détour.

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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