Méditation : « C’est pour la liberté que le Christ nous a libérés. » (Galates 5,1) (No 99 – série 2022-2023)

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Évangile du Lundi 12 décembre 2022 – 3e semaine de l’Avent (tiré d’AELF)

« Heureuse celle qui a cru » Mt 21, 23-27

En ce temps-là, Jésus était entré dans le Temple, et, pendant qu’il enseignait, les grands prêtres et les anciens du peuple s’approchèrent de lui et demandèrent : « Par quelle autorité fais-tu cela, et qui t’a donné cette autorité ? »
Jésus leur répliqua : « À mon tour, je vais vous poser une question, une seule ; et si vous me répondez, je vous dirai, moi aussi, par quelle autorité je fais cela : Le baptême de Jean, d’où venait-il ? du ciel ou des hommes ? » Ils faisaient en eux-mêmes ce raisonnement : « Si nous disons : “Du ciel”, il va nous dire : “Pourquoi donc n’avez-vous pas cru à sa parole ?” Si nous disons : “Des hommes”, nous devons redouter la foule, car tous tiennent Jean pour un prophète. » Ils répondirent donc à Jésus : « Nous ne savons pas ! » Il leur dit à son tour : « Moi, je ne vous dis pas non plus par quelle autorité je fais cela.  »

Méditation

« Les grands prêtres et les anciens du peuple », c’est-à-dire les plus hautes autorités religieuses d’Israël, questionnent Jésus quant à l’origine de son autorité. Quel titre peut-il présenter pour légitimer ses actions merveilleuses ? Sur quel fond s’appuie-t-il pour délivrer ses enseignements ? Avec quelle boussole oriente-t-il ses paroles ? Jésus répond à ces questions à chaque fois qu’Il parle du Père.

Mais, ici, les autorités religieuses ne sont pas de bonne foi. Ces hommes, fiers du pouvoir que confère le Temple, inventent un piège qui doit se refermer sur Jésus : s’Il révèle le fondement divin de son autorité reçue du Père, Il se dénonce comme blasphémateur aux yeux de ses adversaires, s’Il se présente comme n’ayant pas de filiation divine, Il renie son être et renonce à sa mission. Le piège est préparé…

Jésus, qui connaît ce qu’il y a dans le cœur de l’homme, répond à leur demande par une autre question qui fait miroir : l’appel à la conversion de Jean le baptiste, d’où venait-il ? La question de Jésus révèle à ceux qui se sont posés comme adversaires qu’Il a clairement compris leur perversion. Jésus n’a rien d’un naïf. La référence à Jean Baptiste ne doit rien au hasard, car ce prophète aimé du peuple criait dans les coeurs devenus un désert. Refusant de répondre, ces grands prêtres refusent de reconnaître qu’ils sont passés à côté d’une conversion… par indifférence à la vie de l’Esprit, par conformisme, par goût du pouvoir.       

Aujourd’hui, la question de l’autorité pose souvent problème dans nos sociétés démocratiques habituées à l’abondance de la consommation. Quelle est l’autorité de Jésus sur notre vie ? Cette simple question hérisse des critiques… tant le soupçon qui siffle au cœur de l’homme accuse la bonté de Dieu.

L’autorité de Jésus ne ruinerait-elle pas notre liberté ? Si Dieu existe, l’homme ne peut être libre, affirmait l’anarchiste russe Bakounine ! Selon ce penseur athée, l’existence de Dieu serait incompatible avec la liberté de l’homme. La transcendance de Dieu écraserait la liberté de l’homme qui devrait secouer le joug pour reconquérir la liberté. Bakounine ne demanderait à Jésus ses titres d’autorité que pour les déchirer, les piétiner. Dieu devrait s’effacer pour que l’homme advienne… On reconnaît l’errance d’une certaine pensée moderne. 

En disant cela, nous sommes aussi aveugles que les grands prêtres et les anciens desséchés dans leurs privilèges. Notre pauvre moi se débat pour lutter comme si Dieu nous menaçait. En réalité, les mâchoires du piège monté contre Dieu se referment sur nos mains ! La flèche tirée contre la bonté divine retombe sur nous et transperce notre cœur !

C’est toujours l’antique discours du serpent qui instille le soupçon. Très finement, le serpent insinue son poison : Dieu serait le rival de l’homme. Seule l’indépendance du moi garantirait la liberté.

Mais, Jésus refuse d’entrer dans le jeu pervers de ses adversaires. Peut-on convaincre ceux qui refusent la Parole ? Ceux qui se ligotent dans l’idée que Dieu est mauvais, écoutent-ils la Parole qui libère ? La liberté divine ne se laisse pas encercler par les machinations et les intrigues : « Moi, je ne vous dis pas non plus par quelle autorité je fais cela. » Plus tard, lorsque les gardes viendront arrêter Jésus, Il se présentera librement à ses adversaires. Jésus reprendra le Nom de Dieu dans l’Exode : « Je suis ». Et cette liberté de Dieu fera tomber les soldats  : « Lorsque Jésus leur dit : « Je suis », ils reculèrent et tombèrent par terre. » (Jn 18,6). Le silence de Jésus lors de son procès permettra le déchainement des violences et la résurrection montrera l’impuissance de ces déchainements violents.

Dans notre cheminement de l’Avent, nous avançons vers l’enfant-Dieu. Dieu nous parle dans le silence. En effet, le « signe » (Lc 2,10) donné aux hommes est un enfant couché dans une mangeoire. Or, ce mot français « enfant » dérive du latin « infans » qui désigne celui qui ne parle pas. La Parole offerte à notre admiration ne parle pas. La Parole qui vient habiter parmi nous choisit le discours éloquent d’une vulnérabilité de bébé… pour parler à notre cœur. Le Très-Haut devient nourrisson pour manifester son innocence désarmée. 

Face à ce mystère, que nos soupçons se taisent ! « Seigneur, mets une garde à ma bouche, veille sur la porte de mes lèvres ! » (Ps 141, 3-4) Ainsi, renouvelé par Ton amour, Enfant-Jésus, que notre âme soit « comme un nourrisson rassasié dans les bras de sa mère, comme un nourrisson apaisé. » (Ps 131, 2) Alors nous naîtrons à l’amour comme des enfants. 

 Vincent REIFFSTECK, vincent.reiffsteck@wanadoo.fr

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