Méditation : Signe et guetteur du Royaume (No 82 – série 2022-2023)

Image par David Mark de Pixabay

Évangile du Vendredi 25 novembre 2022 – 34e semaine du temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le royaume de Dieu est proche » Lc 21, 29-33

En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples cette parabole : « Voyez le figuier et tous les autres arbres. Regardez-les : dès qu’ils bourgeonnent, vous savez que l’été est tout proche. De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le royaume de Dieu est proche. Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas sans que tout cela n’arrive. Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. »

Méditation

« Voyez le figuier et tous les autres arbres. Regardez-les : dès qu’ils bourgeonnent,
vous savez que l’été est tout proche ». Cette page d’évangile n’a rien de surprenant. Depuis l’ère des temps, le cycle des saisons a toujours répondu à l’appel. Lorsque la couche de neige blanche durcit notre sol, nous ne nous inquiétons point puisque nous savons que c’est une saison et que le printemps viendra en son temps. De même, lorsque les bourgeons et les fleurs apparaissent, nous avons pleine confiance que les fruits arriveront avec l’été.

Cependant, ces paroles de Jésus peuvent nous sembler dépassées et peut-être même un peu simplistes pour notre monde actuel bien complexe. Nos vies sont envahies de préoccupations et d’inquiétudes à tous les niveaux : économiques, politiques, sociales, professionnelles, familiales, personnelles…  Nous dépensons beaucoup d’énergie à prévoir, à planifier, à sonder, à gérer pour nous éviter le moins de risque possible. Notre regard s’arrête à observer avec angoisse les événements alarmants et troublants de notre quotidien : l’inflation, la récession, les guerres, les menaces environnementales…et c’est avec raison que nous devenons préoccupés pour l’avenir. Les paroles de Jésus sauront-elles nous apaiser et nous rassurer? Probablement que non si nous recherchons un bouclier pour nous protéger contre toutes les intempéries de notre monde, ou encore un présumé contrôle sécurisant contre tous les soubresauts de notre vie.  
« Lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le royaume de Dieu est proche ». Jésus parle et projette notre regard vers l’avenir de Dieu en nous, vers Son Royaume qu’Il veut établir en nous. Il oriente notre regard non vers le futur que nous ignorons mais vers les profondeurs du mystère divin que nous sommes, vers le bourgeonnement de nos nouvelles naissances. Point besoin de scruter les signes précurseurs de la fin du monde, laissons cette recherche aux adeptes de la désespérance. Le règne de Dieu dans sa phase finale demeurera caché pour nous dans un avenir impénétrable, cependant sachons qu’Il est à l’œuvre dans l’histoire qui se transforme sous nos yeux et qu’Il travaille la vie de chacun.e de nous. Tout au long de l’histoire des peuples, des communautés et de la vie de chaque croyant.e, existent des bourgeonnements, des poussées de croissance qui annoncent l’été de Dieu et qui sont signes de Son Royaume.  

Le Royaume de Dieu ne s’impose pas de lui-même, Il n’est pas un préfabriqué que l’on implante chez nous. Il est cette terre nouvelle inscrite au plus intime de nous qui a besoin d’être défrichée et labourée afin que Dieu puisse y vivre en plénitude. C’est une existence à faire lever, un germe à faire pousser dans notre vie personnelle et dans l’histoire humaine.

Chacun.e de nous est appelé.e à être autant signe que guetteur du Royaume de Dieu.

Si nous laissons la sève de la Parole monter doucement en nous, imprégner toutes les dimensions de notre être et nous transformer de l’intérieur, nous deviendrons nous-mêmes des bourgeons, des signes annonciateurs de Son Royaume. Nous n’aurons plus ce besoin angoissé de changer le cours des saisons de notre vie, nous ne craindrons plus les tempêtes et les sécheresses qui la traverseront, nous ne cèderons plus à l’inquiétude et à l’angoisse puisque nous aurons la ferme certitude que la grâce de Dieu est toujours à l’œuvre même dans nos chemins de désert et de ténèbres. Dans le cœur de celui (celle) qui laisse toujours une brèche ouverte pour laisser passer Sa Lumière, l’espérance surgira au cœur des épreuves comme une plante qui pousse au milieu des roches du désert.

Pour être signe et guetteur du Royaume, il nous faut éviter de nous contaminer par cette idéologie mondaine qui exclue tout avenir au-delà du temps présent, par cette détresse qui semble paralyser tout mouvement vers l’Éternité. Nous ne sommes pas en marche vers les ténèbres, vers la mort, vers un hiver inexorable, mais vers l’été de Dieu en nous, vers Son Règne qui se fait de plus en plus tangible.

Pour être signe et guetteur du Royaume, il nous faut apprendre à se laisser surprendre par Dieu. Se laisser surprendre dans la tempête, se laisser surprendre au cours de la longue traversée de nos nuits, se laisser surprendre sur nos mers agitées et dans le gouffre de nos souffrances, se laisser surprendre par la lumière de Sa Présence dans les ténèbres, là où tant d’autres ne voient rien. Se laisser surprendre par Son Amour, qui nous embrasse et nous porte au moment le plus inattendu et malgré toutes nos trahisons. Se laisser surprendre par cette joie qui vient à l’improviste, bouscule et transporte. Cette joie qui est un don dont la gratuité dépasse toute attente, cette joie qui surgit lorsque nous effleurons l’émerveillement de l’Espérance, la conscience d’avoir réellement part à la Vie éternelle.

Pour être signe et guetteur du Royaume, il nous faut mettre l’axe de notre vie sur l’A(a)mour et suivre la voie de Vie que Jésus nous a ouvert.

« Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas » Bienheureuses les oreilles qui s’ouvrent pour écouter l’inouï que la foi rend possible par l’Espérance.

Puissions-nous être, chacun.e dans son unicité, signe et guetteur du Royaume qui est, qui était et qui viendra.

Gladys EL Helou (gladyshelou@gmail.com)

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