Méditation : L’éternité… notre horizon (No 68 – série 2022-2023)

Image par Gerd Altmann de Pixabay

Évangile du Vendredi 11 novembre 2022 – 32e semaine du temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Le jour où le Fils de l’homme se révélera » Lc 17, 26-37

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Comme cela s’est passé dans les jours de Noé, ainsi en sera-t-il dans les jours du Fils de l’homme. On mangeait, on buvait, on prenait femme, on prenait mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche et où survint le déluge qui les fit tous périr. Il en était de même dans les jours de Loth : on mangeait, on buvait, on achetait, on vendait, on plantait, on bâtissait ; mais le jour où Loth sortit de Sodome, du ciel tomba une pluie de feu et de soufre qui les fit tous périr ; cela se passera de la même manière le jour où le Fils de l’homme se révélera. En ce jour-là, celui qui sera sur sa terrasse, et aura ses affaires dans sa maison, qu’il ne descende pas pour les emporter ; et de même celui qui sera dans son champ, qu’il ne retourne pas en arrière. Rappelez-vous la femme de Loth. Qui cherchera à conserver sa vie la perdra. Et qui la perdra la sauvegardera. Je vous le dis : Cette nuit-là, deux personnes seront dans le même lit : l’une sera prise, l’autre laissée. Deux femmes seront ensemble en train de moudre du grain : l’une sera prise, l’autre laissée. » Prenant alors la parole, les disciples lui demandèrent : « Où donc, Seigneur ? » Il leur répondit : « Là où sera le corps, là aussi se rassembleront les vautours. »

Méditation

Ces quelques versets de Luc semblent décrire macabrement la fin du monde, lors de laquelle il n’y aura plus d’issue pour quiconque. Le déluge, la destruction d’une cité terrestre, Sodome… cadrent bien avec la perspective du désastre qui arrivera au monde juif du premier siècle; et effectivement, ce dernier s’effondrera en l’an 70 sous les attaques des armées romaines.

Cependant, cette Parole n’est pas une prophétie de malheur, Dieu n’est pas une sorte de monstre qui nous attend au déclin de notre vie pour abattre sur nous Son épée, sorte de jugement suprême. Cette page d’évangile interroge fermement notre manière de vivre, nous invite à orienter notre regard vers l’essentiel et notre vie vers sa plénitude éternelle en Dieu. Elle est une délicatesse divine qui pousse notre horizon vers l’infini et ouvre sur une grande paix intérieure.

Comme au temps de Noé, il nous arrive à nous aussi, de vivre comme des aveugles, de vivre comme si ce monde terrestre est notre seule finitude. Lorsque notre vie se limite aux horizons de cette terre, la seule chose qui compte devient la consommation; ainsi s’explique cette frénésie de tout avoir et d’en profiter au maximum. Dans nos sociétés post modernes, l’éphémère occupe beaucoup de place et nous préoccupe constamment. Rien n’est plus fragile que l’avoir, c’est un investissement dans du sable mouvant. Nous mettons le plus souvent notre joie et notre sécurité dans l’œuvre de nos mains, dans les idoles de l’avoir, comme si rien ne pouvait troubler notre existence. Puis, à une heure inattendue de notre vie, un voleur vient: maladie, décès, séparation, drogue, perte d’emploi, accident, faillite… alors tout s’écroule, la quiétude bâtie sur le sable, les rêves, la famille, l’ambition… s’envolent. Comme la femme de Loth, nous serons tentés de regarder en arrière pour retrouver le paradis perdu, tellement l’attachement s’est enraciné en nous.

Le jour inattendu de la révélation du Fils de l’homme interpelle notre présent, notre manière de vivre ici et maintenant. Le questionnement sur la fin nous ramène constamment à l’aujourd’hui, et c’est précisément dans cet aujourd’hui que nous sommes appelés à saisir l’origine et la fin. Lorsque nous nous tenons constamment présent.es à la Source, chaque moment de notre vie dans sa profondeur, révèlera le mystère de l’Origine. Nous pouvons ainsi vivre et déguster les joies saines de notre monde sans que cela nous fasse perdre de vue la Joie des promesses de Dieu; de même, nous pouvons éprouver les détresses de notre vie sans cesser d’espérer en Son Amour.

Le Dieu qui est et qui était, est aussi Celui qui vient. Jésus qui s’est donné et qui se donne demeure Celui qui se promet sans cesse. C’est par le Christ ressuscité que notre vie est accomplie et c’est à travers Lui que nous allons vers le Père. L’incarnation de Jésus est inscrite dans l’Éternité de Dieu et ne se limite point à l’homme historique qu’il fut. Étant allé jusqu’au bout de Sa vie terrestre jusqu’à la Croix, Jésus révèle le mystère de Dieu accompli dans la plénitude humaine. Ainsi, chacun.e de nous porte en lui(elle) la capacité d’exprimer Dieu, à travers une profonde communion à la vie du Christ.

La mort n’efface pas le sens de notre vie terrestre, cependant cette vie qui nous est offerte sera gravée par les choix conscients que nous faisons lors de notre séjour ici-bas.

Voilà qu’un questionnement fondamental s’impose : quels sont nos choix? nos priorités? Quelle orientation voudrions-nous donner à notre existence? Les paroles de Jésus nous rappellent que notre monde terrestre n’est pas notre seul et unique horizon. Notre vie humaine est éphémère mais à l’horizon se lèvera le jour de Dieu. Ce ne sont pas de fausses rêveries qui portent nos jours mais l’espérance en un Dieu qui tient Sa promesse.

Nous vivons présentement des temps de grande inquiétude, il n’y a jamais eu autant de détresses et d’angoisse; nous avons la sensation d’être saturés par le flot continu des mauvaises nouvelles. Au cœur de nos vies étouffées par tant de brisures et d’épreuves, sur Quoi ou sur Qui misons-nous? Vers quel horizon dirigeons-nous notre regard? Vers celui de notre seule existence terrestre? Ou bien vers celui de notre Origine, là où le début et la fin se rejoignent en la Source de toute Vie?

Chacun.e de nous peut être signe du temps de Dieu si l’horizon de sa vie est l’Éternité.

Gladys EL Helou (gladyshelou@gmail.com)

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