Évangile du Mardi 25 octobre 2022 – DÉDICACE DES ÉGLISES consacrées dont on ne connaît pas la date de consécration – 30e semaine du temps ordinaire (tiré de Aelf)
« Tu es Pierre, et je te donnerai les clés du royaume des Cieux » Mt 16, 13-19
En ce temps-là, Jésus, arrivé dans la région de Césarée-de-Philippe, demandait à ses disciples : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » Ils répondirent : « Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. » Jésus leur demanda : « Et vous, que dites-vous? Pour vous, qui suis-je ? » Alors Simon-Pierre prit la parole et dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! »
Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. »
Méditation
Il y a des expressions de la Parole de Dieu qu’il nous faut parfois ‘dépoussiérer’ un peu ! Celle qui apparaît dans le passage de ce matin – le ‘règne de Dieu’ – en est une, je crois ! Quelle image mentale cela fait naître en chacun de nous ? Étant originaire d’un pays monarchique, ce mot de ‘royaume’ ne m’est pas étranger, mais je dois bien reconnaître que ce dont nous parle Jésus n’a rien à voir avec tout cela ! Le royaume de Dieu …
Quand Dieu règne dans nos vies, à quoi cela peut-il bien ressembler ? Et bien, Jésus Lui-même nous l’a dit ! Nous venons de l’entendre dans la lecture de l’Évangile d’aujourd’hui ! « Le règne de Dieu est comparable à une graine de moutarde qu’un homme a prise et jetée dans son jardin. Elle a poussé, elle est devenue un arbre […] Il dit encore : il est comparable au levain qu’une femme a pris et enfoui dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que toute la pâte ait levé. »
J’aime tellement ces lignes de St Luc qui me semblent transmettre une telle certitude de … croissance ! La petite graine de moutarde – dont on nous dit dans un autre passage qu’elle est la plus petite des semences (cf. Mt 13,32) – pousse et devient même un arbre ! Quant au levain enfoui dans la farine, il fait lever toute la pâte ! La présence de Dieu porte en elle, la force inouïe de grandir, de se développer telle une semence, de transformer tel le levain.
J’ai l’impression que, par cette parabole si simple à comprendre, Jésus veut nous montrer combien la croissance de la Vie de Dieu est quelque chose d’imparable ! On ne peut rien lui opposer pour la freiner! Une fois la semence jetée en terre, d’elle-même elle va pousser parce qu’elle a été créée pour cela. Bien sûr, il lui faudra de l’eau, une terre suffisamment riche et les soins précieux d’un bon jardinier pour grandir le mieux possible. Mais une fois jetée en terre, sa germination et sa croissance sont imparables! Voilà l’émerveillement du regard des enfants ! Quand pour la première fois, leurs yeux voient apparaître une petite pousse verte sortie de terre là où 2 ou 3 semaines avant ils avaient semé une petite graine, leur joie est immense ! De même, nous dit Jésus, une fois le levain enfoui dans la farine et mélangé à l’eau, plus rien ne peut arrêter sa fermentation. La pâte ne peut plus que lever ! Je ne sais pas si cela vous est déjà arrivé de mélanger trop de levure à la farine … La pâte ne cesse de gonfler, plus rien ne peut briser son élan de croissance !
De la même manière, nous dit Jésus dans l’Évangile, la semence de la Vie de Dieu plantée dans mon jardin intérieur par le Créateur – alors qu’Il me tissait dans le sein de ma mère (cf. Psaume 139,13) -, ne peut que grandir. Laisser Dieu régner dans mon existence, c’est permettre à sa Vie de pousser, de se développer, jusqu’à devenir un arbre où les oiseaux du ciel pourront faire leur nid dans ses branches. La Vie de Dieu est amour, et l’amour ne désire que cela : passer d’un cœur à un autre, se partager, se transmettre, grandir de plus en plus. Voilà le dynamisme propre à la vie !
Hélas, tous nous savons bien, combien de forces – plus ou moins inconscientes – tentent pourtant de faire obstacle à la Vie, à l’amour. Notre ‘monde en flammes’ (comme disait si justement Ste Thérèse d’Avila) dans tant et tant de lieux de la planète nous le montre au quotidien. Mais c’est au plus profond de notre cœur aussi et surtout que ce combat se joue. « Ma façon d’agir, je ne la comprends pas, car ce que je voudrais, cela, je ne le réalise pas ; mais ce que je déteste, c’est cela que je fais. » (Rom 7,15) exprimait si douloureusement le grand apôtre Paul. Tous nous vivons des moments comme celui-là. Moments de contradictions et de nuit, de lutte contre nos propres obscurités et tentations. Mais au cœur de la tempête, résonnent ces mots d’une hymne[1] :
Heureux ceux que Dieu a placés
Dans une terre à travailler
En y tenant une espérance !
L’œuvre de Dieu n’est pas finie
Au long des jours, au long des nuits,
Il fait lever dans le silence
L’Arbre aux oiseaux, l’Homme Jésus,
Pour que son Règne soit connu .
Notre espérance plonge ses racines là : l’oeuvre de Dieu n’est pas finie ! Sa Vie – malgré tous les barrages que nous lui opposons dans notre cœur, dans nos relations – sa Vie, elle, ne cesse de chercher à gagner la victoire. Sa Vie est résurrection ! Elle a déjà vaincu la mort une fois pour toutes ! Dans son exhortation La joie de l’Évangile, le Pape François en parle avec une telle certitude : « Sa résurrection n’est pas un fait relevant du passé ; elle a une force de vie qui a pénétré le monde. Là où tout semble être mort, de partout, les germes de la résurrection réapparaissent. C’est une force sans égale. Il est vrai que souvent Dieu semble ne pas exister : nous constatons que l’injustice, la méchanceté, l’indifférence et la cruauté ne diminuent pas. Pourtant, il est aussi certain que dans l’obscurité commence toujours à germer quelque chose de nouveau, qui tôt ou tard produira du fruit. Dans un champ aplani commence à apparaître la vie, persévérante et invincible. La persistance de la laideur n’empêchera pas le bien de s’épanouir et de se répandre toujours. Chaque jour, dans le monde renaît la beauté, qui ressuscite transformée par les drames de l’histoire. Les valeurs tendent toujours à réapparaître sous de nouvelles formes, et de fait, l’être humain renaît souvent de situations qui semblent irréversibles. C’est la force de la résurrection et tout évangélisateur est un instrument de ce dynamisme. »[2]
Tout évangélisateur est instrument de ce dynamisme, au cœur du monde. Tel le levain mêlé aux trois mesures de farine, Dieu n’hésite pas à enfouir nos vies dans la pâte humaine pour la lever, la re-lever vers la Vie. A nous, témoins de l’Évangile, Il nous supplie d’accepter l’enfouissement, d’accepter d’être pétri dans la pâte … « Ne crains pas, Je suis avec toi. La force de ma Vie en toi est imparable. Au long de ce jour, elle le sera encore. Crois-moi seulement et laisse-moi régner dans ta vie. Rien que pour aujourd’hui. »
Laurence Vasseur vasseurlaurence@hotmail.com
[1] Hymne de la liturgie des heures, Heureux ceux que Dieu a choisis, Rimaud, extrait.
[2] Pape François, La joie de l’Evangile, 276.
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