Méditation : Un regard orienté vers la Lumière (No 47 – série 2022-2023)

Image par Uschi de Pixabay

Évangile du Vendredi 21 octobre 2022 – 29e semaine du temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Vous savez interpréter l’aspect de la terre et du ciel ; mais ce moment-ci, pourquoi ne savez-vous pas l’interpréter ? » Lc 12, 54-59

En ce temps-là, Jésus disait aux foules : « Quand vous voyez un nuage monter au couchant, vous dites aussitôt qu’il va pleuvoir, et c’est ce qui arrive. Et quand vous voyez souffler le vent du sud, vous dites qu’il fera une chaleur torride, et cela arrive. Hypocrites ! Vous savez interpréter l’aspect de la terre et du ciel ; mais ce moment-ci, pourquoi ne savez-vous pas l’interpréter ? Et pourquoi aussi ne jugez-vous pas par vous-mêmes ce qui est juste ? Ainsi, quand tu vas avec ton adversaire devant le magistrat, pendant que tu es en chemin mets tout en œuvre pour t’arranger avec lui, afin d’éviter qu’il ne te traîne devant le juge, que le juge ne te livre à l’huissier, et que l’huissier ne te jette en prison. Je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier centime. »

Méditation

« Jésus disait aux foules : ‘Quand vous voyez un nuage monter au couchant, vous dites aussitôt qu’il va pleuvoir, et c’est ce qui arrive’ ».

Lorsque nous écoutons nos bulletins de nouvelles ou que nous regardons les perturbations économiques de la planète, le taux de violence sociale et politique, nous ne rencontrons aucune difficulté à percevoir que les temps à venir sont incertains et que des tempêtes se hissent à l’horizon; nous ne voulons même pas se risquer à en prédire les impacts.

Si nous regardons notre vie spirituelle, nous entrevoyons également beaucoup de nuages ténébreux assombrir nos vues et nos cœurs.

Nous ne pouvons alors nier que, devant notre monde, du moins ce qui à première vue est à la portée de notre regard, le panorama qui se dresse est affolant : un quotidien vide de sens qui nous enlève toute vision d’un avenir rassurant.

« Vous savez interpréter l’aspect de la terre et du ciel ; mais ce moment-ci, pourquoi ne savez-vous pas l’interpréter ? » Jésus nous dit que quelque chose nous échappe, un quelque chose de plus significatif se dérobe à notre regard extérieur. Sommes-nous condamnés à être des malheureux non-voyants, comme l’a exprimé Blaise Pascale : « J’ai découvert que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, ne pas savoir voir ».

Cette page d’évangile ne vise guère à nous diminuer, moins à confirmer le défaitisme et le fatalisme de notre monde, cette Parole est un appel à orienter notre regard vers l’intérieur, vers la Lumière, à le convertir à un regard de foi qui nous fait voir autrement, qui nous permet d’apercevoir ce quelque chose qui nous échappe, ce mystère enfoui en nous, en l’autre et en notre monde. Comme le printemps se prépare dans les nuages gris de l’hiver, la promesse de Dieu se prépare dans notre monde qui se flétrit.  

« Ainsi, quand tu vas avec ton adversaire devant le magistrat, pendant que tu es en chemin mets tout en œuvre pour t’arranger avec lui, afin d’éviter qu’il ne te traîne devant le juge, que le juge ne te livre à l’huissier, et que l’huissier ne te jette en prison ». Si nous laissons cette Parole nous éclairer de l’intérieur, nous nous apercevrons que le pire des adversaires est celui qui habite en nous. La responsabilité de s’accorder avec un adversaire extérieur ne nous appartient pas entièrement, il y a une part qui appartient à l’autre. Alors qu’il nous appartient totalement de nous accorder ou non avec nos ennemis intérieurs, de leur permettre ou non de nous juger constamment et de nous emprisonner dans la peur et le rejet de nous-mêmes. Nous le voyons souvent en accompagnement, que ce que nous rejetons en nous, ce que nous ne voulons pas accepter ou accueillir devient avec le temps notre juge intérieur, il va se manifester inlassablement et nous torturer. Malheureusement, tôt ou tard nous aurons à payer pour ce refus de réconciliation avec notre zone d’ombre, car cet adversaire de notre âme essayera constamment de nous dominer. Ce chemin de réconciliation peut s’avérer douloureux, mais il convertira notre ennemi intérieur à devenir un compagnon de route sur le chemin de guérison.

Jésus ne nous demande pas de fermer les yeux et de laisser les choses aller comme si tout était correct ou acceptable. C’est bien Lui qui nous a dit : « Un aveugle peut-il guider un aveugle ? Ne tomberont-ils pas tous les deux dans un trou ? » (Lc 6, 39). Mais Il murmure doucement à notre oreille une Parole d’espérance, Il nous dit de ne pas ne pas nous fier à ce que nous voyons de l’extérieur, de ne pas nous laisser entrainer par l’incrédulité générale ni submerger par la désespérance. Que des nuages ténébreux s’entassent autour de nous ou bien en nous, cela restera humainement inévitable; rappelons-nous toujours que, caché derrière ces nuages, le soleil brille encore et que ses rayons vont les percer. Alors il s’agit pour nous de convertir notre regard afin qu’il puisse regarder dans la bonne direction pour voir réapparaitre la lumière.

Puissions-nous avoir l’audace et la confiance de lire notre histoire humaine et personnelle, avec les yeux d’une foi nue, fragilisée mais dégagée de tout poids social et de toute blessure afin de percevoir les signes d’un autre monde, celui d’un humain ressuscité.

Regard, attitude et gestes difficiles à avoir et à maintenir, me diriez-vous, car ils vont à l’encontre de toutes les façons de penser et d’être de notre société qui les déconsidèrent et les méprisent. D’autant plus, qu’il s’agit de les mettre en pratique dans la réalité d’une vie quotidienne où les puissances dominantes, les violences, les adversités peuvent bannir les gestes d’authentique humanité. Mais il y a plus que cela en l’humain. Même si l’humain se heurte continuellement à la mort, il prend souffle dans cette promesse de Vie qui lui a été offerte, qui lui permet de s’épanouir au-delà de toutes ses attentes et voir la Lumière se lever.

Au cœur de notre finitude humaine, sans se dérober à aucun des recoins de notre humanité, laissons toujours une brèche à Dieu dans notre quotidien, afin que Son Amour puisse s’y faufiler et rejoindre toutes nos morts; Il en fera un chemin de Vie.

Le désespoir et le mal font certes beaucoup de bruit, recentrons-nous continuellement sur ce qui a valeur d’éternité et gardons confiance que l’œuvre de Dieu progresse silencieuse et cachée.

Gladys EL Helou (gladyshelou@gmail.com)

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