Méditation : Méfiez-vous… mais soyez sans crainte (No 40 – série 2022-2023)

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Évangile du Vendredi 14 octobre 2022 – 28e semaine du temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Les cheveux de votre tête sont tous comptés » Lc 12, 1-7

En ce temps-là, comme la foule s’était rassemblée par milliers au point qu’on s’écrasait, Jésus, s’adressant d’abord à ses disciples, se mit à dire : « Méfiez-vous du levain des pharisiens, c’est-à-dire de leur hypocrisie. Tout ce qui est couvert d’un voile sera dévoilé, tout ce qui est caché sera connu. Aussi tout ce que vous aurez dit dans les ténèbres sera entendu en pleine lumière, ce que vous aurez dit à l’oreille dans le fond de la maison sera proclamé sur les toits. Je vous le dis, à vous mes amis : Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, et après cela ne peuvent rien faire de plus. Je vais vous montrer qui vous devez craindre : craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir d’envoyer dans la géhenne. Oui, je vous le dis : c’est celui-là que vous devez craindre. Est-ce que l’on ne vend pas cinq moineaux pour deux sous. Or pas un seul n’est oublié au regard de Dieu. À plus forte raison les cheveux de votre tête sont tous comptés. Soyez sans crainte : vous valez plus qu’une multitude de moineaux. »

Méditation

Une foule, par dizaines de milliers, s’était rassemblée cette journée-là pour entendre Jésus, mais avant de s’adresser à elle, Il va faire une mise au point à Ses disciples : « Méfiez-vous du levain des pharisiens, c’est-à-dire de leur hypocrisie ». Une invitation à se méfier de l’hypocrisie, à y prendre garde, à ne pas s’y exposer et à ne pas la laisser s’infiltrer en eux.

C’est bien la garde de notre cœur profond que Jésus nous recommande et ce, à plusieurs niveaux.

Les disciples et chacun.e de nous, sommes responsables de ne pas laisser notre espace intérieur se contaminer, de ne pas nous exposer volontairement au mauvais levain qui risquerait de se proliférer en nous, de troubler notre paix intérieure et de polluer notre terre sacrée. Jésus le sait bien que, comme Lui, nous allons nous heurter, un jour ou l’autre, à ce qu’il y a de plus bas dans les cœurs, aux blessures infectées qui risquent de nous empoisonner. Certaines expositions seront violentes, d’autres plus subtiles, sournoises ou incisives. Quoiqu’il en soit, nous avons la responsabilité de protéger notre cœur profond, de veiller à sa nourriture et de ne pas l’exposer aux corruptions et aux souillures.

A un autre niveau, Jésus nous met en garde de ne pas adopter une vie de façade, une vie hypocrite comme les pharisiens. Il nous exhorte à se garder de toute cachoterie, à ne soutenir aucune parole qui biaise avec notre vérité ou qui blesse celle de l’autre, à ne cultiver en nous aucune motivation qui soit méprisable ou inavouable. La vérité trouvera toujours son chemin vers la lumière, toutes les dissimulations aussi habiles soient-elles, finiront vainement : « Tout ce qui est couvert d’un voile sera dévoilé, tout ce qui est caché sera connu ». Cette Parole n’est pas une menace et ne doit pas nous faire peur, au contraire elle a en elle quelque chose de libérateur, car seule la vérité libère et fait grandir. Tous nos recoins même les plus sombres sont acceptés par Dieu, lavés par Sa miséricorde et transformés par Son Amour alors nous aussi, nous sommes invités à ne rien Lui cacher mais à placer toutes nos paroles et nos actions dans Sa Lumière purifiante et guérissante.

« Aussi tout ce que vous aurez dit dans les ténèbres sera entendu en pleine lumière, ce que vous aurez dit à l’oreille dans le fond de la maison sera proclamé sur les toits ». La Parole de Jésus tranche encore plus profondément afin que nous naissions à notre vraie identité filiale et que nous vivions d’une vraie vie profonde, mystique, transparente configurée en Lui.  Notre vie dans son entièreté est appelée à être un message d’évangile, à parler Dieu alors là, seule la vérité est admise. Voilà pourquoi notre parole doit toujours rester vraie, qu’elle soit dans le secret de nos chambres ou dans les espaces publiques, chuchotée discrètement à l’oreille ou proclamée sur les toits. Ce que nous aurons témoigné du message de Jésus en toute discrétion, sera un jour proclamé au grand jour, car la Parole est portée par la force de l’Esprit dont la puissance nous dépasse. Comme tous les témoins de l’évangile qui nous ont devancés, misons sur la force de la Parole et puisons-y du courage pour la route; alors même si nous fléchissons et nous tombons, la Parole du Seigneur poursuivra sa course (2Th 3,1)

 « Soyez sans crainte, vous valez plus qu’une multitude de moineaux ». Il est difficilement possible de vivre sans crainte, la peur est très humaine et nous nous protégeons de ce sentiment paralysant, de milles et une manières. L’image des moineaux est très suggestive, ils valent si peu et cependant pas un seul n’est indifférent aux yeux de Dieu. Une évidence qui n’est pas si évidente que cela dans une société qui favorise la loi du plus fort, du plus puissant, qui nous fait croire que nous valons ce que nous possédons. Jésus nous dit autrement : « Soyez sans crainte, les cheveux de votre tête sont tous comptés ». Nous sommes tellement aimés de Dieu qu’Il a compté et chéri chaque cheveu de notre tête et chaque fibre de notre corps, et que Son Fils de toute éternité a prié pour nous au soir de Sa vie. Quelle incroyable quiétude que de se savoir aimé.e à ce point! Si nous pouvions laisser notre cœur s’imprégner dans cette réalité que le Père nous porte, toute notre vie prendra une allure différente, tout notre agir sera empreint de sérénité et de détachement.

Pour nous conduire à la Vérité tout entière, à la Vie de Dieu en nous, Jésus veut nous donner un cœur pur, un cœur vrai et nous recommande la garde de ce cœur. Pour cela Il nous demande de nous méfier du mauvais levain sans toutefois vivre dans la crainte puisqu’Il est le gardien de notre être.

Bâtissons et solidifions au quotidien notre relation à Dieu, notre vie deviendra transparence et nous n’aurons plus rien à cacher, nous ne chercherons plus à tout contrôler car notre cœur sera sans crainte. Et si sur la route nous avons peur, qu’elle soit pour nous une occasion de se jeter dans les bras de Dieu et de s’enraciner encore plus dans Son Amour. Notre peur sera bienheureuse car elle nous permettra de ne s’appuyer que sur Dieu seul.

Gladys EL Helou (gladyshelou@gmail.com)

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