Évangile du Lundi 26 septembre 2022 – S. Jean de Brébeuf et Isaac Jogues, prêtres, et leurs compagnons, martyrs (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Si le grain de blé meurt, il porte beaucoup de fruit » Jn 12, 24-26
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. »
Méditation
Elle est arrivée, l’heure au cours de laquelle le Fils de l’homme doit être glorifié. (Jn12,23) Ce verset, précédent l’évangile de ce jour selon Jean, nous oriente vers la fin prochaine de la vie terrestre de Jésus.
La parole nous apprendra-t-elle le don de soi en toute liberté pour la gloire du Père? Comment cela se fera-t-il?
Un premier mouvement : prends acte de ce qui t’habite.
« Si le grain ne meurt » tel est le commencement de la parole d’évangile.
Proche de cette réalité, il y a actuellement la cueillette d’automne alors que le froid de nos nuits s’intensifie. Il y a la transformation et le partage des fruits et légumes ramassés. Simplement dans ma cour, dans le bac potager surélevé, nous retirons, tomates, oignons, herbes aromatiques, raisins sur la petite vigne grimpante. Déjà, l’apprenti jardinier s’enhardit, regrettant un peu l’absence des grands tournesols pourtant semés au printemps dernier. Il se met à déposer les graines d’un seul grand tournesol sur un bout de terre creusé en profondeur, espérant surprise pour l’an prochain. Il a bien sûr gardé plusieurs graines séchées et les a précieusement mises dans un endroit sombre et sec. Il y verra au début du printemps.
Proche aussi de cette réalité du grain mis en terre, une aventure de partage est en production communautaire en Beauce : Cultiver pour partager (des légumes fraîchement récoltés pour assurer une entraide durable pour lutter contre l’insécurité alimentaire). Proche aussi du don de soi en toute liberté.
« Si le grain tombé en terre ne meurt pas, il reste seul. » (v.24). Nous plongeons dans la fréquentation d’une parole où l’image de la semence mise en terre nous est quelque peu familière. Qu’a-t-elle de nouveau à me révéler? En quel lieu de ma vie peut-elle me transformer et assurer la fertilité secrète du don de soi?
Un deuxième mouvement : regarde Jésus et laisse-toi regarder par Lui.
« Écoutez bien ce que je vous dis : il faut que meure le grain de blé qui tombe en terre, sinon il reste seul. Mais s’il meurt, il se multiplie. » (v.24, version d’André Myre)
Pour Jean, l’évangéliste, la renommée de Dieu resplendit quand la vie triomphe de la mort. Paradoxale parole parce qu’elle commence par un éloge de la mort (v.24).
Elle traite du sort du grain de blé, tel que les anciens le concevaient : non pas une semence dont le germe manifeste la vie, mais comme quelqu’un qui meurt pour donner la vie.
Mais ce n’est pas vraiment de la mort dont Jean nous parle. Il nous parle de la sorte de vie qui l’a précédée et qui, elle, fait mourir.
Une vie égoïste et solitaire vouée à sa perte : quiconque aura réussi à se distancier de lui-même pour s’attacher aux autres se « conservera en vie pour toujours ».
« Par conséquent, celui qui aime sa propre vie la perd, tandis que celui qui s’en distancie dans ce monde se conservera en vie pour toujours. » (v.25 version d’André Myre)
La vie authentique ne peut se perdre. Jésus en ce temps de parole a déjà vu se dessiner pour lui un destin lié aux luttes de pouvoir et aux multiples injustices dénoncées. Son bon cœur humain frémit, mais opte encore et encore pour la libération d’une humanité conduite dans l’Amour tel que le cœur du Père porte à l’égard de toute sa création. Il est son Fils bien aimé, il est son envoyé. L’heure de l’accomplissement est venue. Jésus le vit en son esprit, en son cœur et en son corps : tout son être vivant est ébranlé de part en part.
En cet instant, le silence ouvre le cœur : « l’or est passé au creuset ». Il arrivera que notre propre cœur, lui aussi, soit passé au creuset de l’Amour.
Quiconque vit pour lui-même meurt définitivement parce que lui ou elle n’a jamais appris à vivre, par contre, quiconque s’ouvre aux autres en relativisant sa propre vie, continuera de vivre pour toujours en dépit du fait que l’expérience de la mort est réelle et radicale.
Il y aura toujours une liberté en jeu, un consentement amoureux à la porte du coeur. Cela concerne Jésus et cet acte concerne aussi le disciple chaque jour de sa vie. (v.25)
« Quelqu’un veut me servir? Qu’il me suive. Mon serviteur doit être là où je suis. Et si quelqu’un me sert, mon Parent* l’estimera. » (v.26 version d’André Myre)
Un troisième mouvement : garde ton cœur ouvert.
Il s’agit de suivre Jésus dans le renoncement à soi que signifie l’acceptation de la Croix, c’est-à-dire en risquant sa vie pour la cause de Jésus et de son Évangile.
Qu’est-ce que cela veut dire pour moi, là où je suis, là où je vis?
C’est en s’engageant, comme Jésus, au service de nos frères et sœurs que nous resterons dans une relation indestructible avec Lui et par là même avec Dieu Père.
Michelle Arcand (michelle.arcand@hotmail.com)
*Parent est le nom donné à Dieu père et mère par André Myre bibliste.
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