Méditation : Inondation d’Amour ! (No 247)

Image par Pete Linforth de Pixabay

Évangile du Mardi 14 juin 2022 – 11e semaine du temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Aimez vos ennemis » Mt 5, 43-48

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »

Méditation

Jésus nous a dit : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même”. Si nous appliquons exactement l’inverse à nos ennemis, nous dirions : “Tu détesteras ton ennemi comme toi-même”. C’est avec cette clef, si réelle dans nos vies, que nous devons saisir les paroles de Jésus dans l’évangile de ce jour : “Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux”. Nous pourrions d’ailleurs nous poser la question : Pourquoi est-il si important d’aimer nos ennemis ?

L’expérience que nous avons dans nos propres vies, et dont nous sommes témoins dans tout accompagnement spirituel au Pèlerin, est que nous détestons effectivement les autres avec la même haine que nous nous regardons . C’est difficile à accepter cette vérité, car elle retourne sur nous la question du mal et nous pose la question de notre responsabilité à l’égard du mal dans nos vies et de notre capacité à le répandre.

“Tu détesteras ton ennemi comme toi-même” est à sa façon une phrase lumineuse, car elle nous offre, comme pour celle de l’Amour, un chemin de Vie. Celle sur l’Amour nous dit que, pour aimer les autres, nous devons apprendre à nous aimer nous-mêmes et apprendre à nous laisser par les A(a)utres. Celle sur la haine nous rappelle que nous avons de la difficulté justement à nous aimer et à, conséquemment, aimer les autres parce que les personnes qui nous ont blessés ont installé en nous une haine de nous-mêmes. À cause de ce qui nous est arrivé, nous n’arrivons pas à nous aimer ou à nous reconnaître, car nous avons intériorisé, au cœur du mal reçu, que nous n’avions pas le droit d’exister, que nous étions sans valeur, que nous n’étions pas dignes d’être aimés, qu’il serait mieux de nous effacer, que nous devrions être une autre personne si nous voulons être reconnus et aimés, etc.

Cette haine est incrustée en nous et, tous les jours, nous continuons à y donner foi. C’est à travers cette haine que nous lisons notre relation aux autres et à partir de laquelle nous les jugeons et les condamnons. Comme le dit Jésus : “Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux”. Si, donc, nous voulons devenir des fils et des filles du Père non seulement devons-nous apprendre à nous aimer mais à, également, cesser de croire en nous à cette haine qui nous réduit et avec laquelle nous réduisons les autres. Répétons-le : la haine (ou le mal) ne fait que détruire en nous ce que nous sommes et voiler le mystère de notre filiation divine. Elle nous empêche d’être fils ou fille de Dieu.

Jésus nous invite donc à prier pour nos persécuteurs, dont celui qui est le plus important : le persécuteur en nous de nous-même, persécuteur que nous sommes devenus au fil du mal et que nous continuons à nourrir par notre haine. Et la manière de prier est celle-ci nous dit le texte : laisser en nous se “lever le soleil de Dieu” ou, autre figure, laisser la pluie de l’Amour de Dieu couler en nous, car Dieu veut répandre tout autant son amour “sur le méchant et sur le bon en moi ou sur le juste et sur l’injuste en moi.” Dieu ne nous juge pas, Il nous aime et Il veut nous partager son Amour pour nous sauver du méchant et de l’injuste en nous qui a offert sa foi au mal.

Il n’est assurément pas facile de se confronter au mal qui nous habite et à la haine que ce mal a laissé en nous et que nous entretenons. Nous n’aimons pas nous mettre à nu dans ce qui est le plus faible ou le plus blessé en nous, car ce plus faible est formé d’une culpabilité si profonde qu’il est difficile de s’y approcher et de le regarder sans ressentir en nous une sorte de tsunami de culpabilité, qui pourrait nous emporter.

Jésus le sait que cela nous est difficile mais il veut nous pousser à le faire : “En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ?” En effet, si nous aimons en nous seulement ce que nous trouvons beau ou que les autres valorisent, n’y a-t-il pas toute une part de nous-mêmes que nous enfermons dans la haine, le rejet et l’abandon ? L’Amour appelle toujours à aimer tout en nous, ce qui est beau comme ce qui est faible et blessé. Car comment l’Amour peut-il nous sauver, si nous ne laissons pas cet Amour nous rejoindre là où nous en avons le plus besoin, à savoir au coeur de notre blessure au sein de laquelle une grande part de nous reste prisonnière… en un tombeau.

Si nous voulons être “parfaits comme (n)otre Père céleste est parfait”, nous devons apprendre à nous aimer nous-mêmes, avec la part blessée de nous-mêmes, afin que nous puissions aimer notre prochain de cet Amour qui ne juge pas l’autre mais qui le regarde avec Amour jusqu’en sa part blessée. Si nous voulons être chrétiens et suivre le Christ jusque dans nos ténèbres et celles des autres afin de porter au monde cet Amour qui sauve, laissons la “Lumière de sa Vérité” et “la pluie de son Amour” irriguer notre être afin que la Vie surgisse au sein de nos déserts intérieurs et fasse de nous des porteurs de Vérité et d’Amour.

Laissons-nous inonder d’Amour intérieurement par Dieu, car la haine tue mais l’Amour donne la Vie !

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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