Évangile du Mardi 3 mai 2022 – St-Philippe et St-Jacques – 3e semaine de Pâques (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas ! » Jn 14, 6-14
En ce temps-là, Jésus dit à Thomas : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. » Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. » Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père” ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres. Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes. Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père, et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Quand vous me demanderez quelque chose en mon nom, moi, je le ferai. »
Méditation
Il y a plus de 35 ans, j’avais décidé, pour un instant, de tout quitter afin d’aller jusqu’au bout du chemin spirituel qui m’appelait avec tant de force. Je devais savoir ce qu’il y avait au bout de ce chemin. Après mes études en psychologie, le chemin choisi pour trouver ma réponse était de me rendre dans un ashram en France auprès d’Arnaud Desjardins, maître d’adhyatmayoga (un yoga de la connaissance de soi). Il m’avait accepté parmi ses disciples. Mais, avant de partir, voilà que s’est passée une rencontre complètement imprévue avec le Christ à l’abbaye de St-Benoît.
J’ai alors annulé mon départ pour l’ashram mais je suis tout de même parti en Europe en pèlerinage, sans trop savoir où j’irais ou logerais. Dans l’avion vers la France, je me souviens avoir dit au Seigneur : “Depuis près de 15 ans, je cherche par tous les chemins mais, Toi, Tu as dit que Tu étais LE Chemin. Alors montre-le moi”. Je m’étais alors plongé dans la réalité de l’Évangile d’aujourd’hui : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. »
Dans tous les lieux où je suis allé et au coeur de la providence des rencontres que j’ai faites durant les trois mois de voyage qui vont suivre, je me laissais montrer LE Chemin. Je ne prévoyais jamais rien mais seulement de m’abandonner à ce que Jésus préparait pour moi. Et, chaque jour, dans tout ce que je vivais et, spécialement, au coeur de tous les temps de prière vécus dans des monastères ou des églises, j’apprenais à découvrir sa Présence. Je le connaissais un peu plus tous les jours.
Moi qui l’avais cherché par tant de chemins, spécialement dans les religions orientales, j’étais passé de la recherche d’un gourou à un “laveur de pieds”. Quelle mystique différente ! Quel Chemin ! Tout parlait Dieu ! Tout était signe de sa Présence ! Tout était moment de rencontre ! Lui, LE Chemin illuminait tout. LE Chemin était vraiment Vérité et Vie.
Prendre LE Chemin du Christ n’était pas tant de suivre une route tracée mais, simplement, de découvrir qu’Il était Dieu, qu’Il était le Chemin vers le Père dans l’Esprit. Il m’éduquait à son mystère. Il me révélait la Vérité de son Être et éclairait du même coup la vérité de qui j’étais. Sa Lumière me posait dans une beauté que je n’avais jamais imaginée. Moi qui, de l’adolescence à ce moment-là, me sentais si pauvre, si blessé… je découvrais cette pauvreté comme aimée et que Lui, l’ultime Pauvre, en faisait un lieu pour se dire et dire le Père. La Vérité n’était pas un concept mais l’expérience d’une Personne, du Fils, et l’expérience vécue de la vérité même de mon être. L’expérience de la Vérité coïncidait ainsi à ma propre naissance.
C’est pourquoi LE Chemin est, aussi, Vie. Car la rencontre avec Lui était l’ouverture à la Vie qu’il était et qu’il me voulait être. Il m’apprenait en creux de toutes mes pauvretés à laisser sa Vie vivre en moi, se déployer en moi, comme une communion du Père et du Fils dans l’Esprit. Je n’avais rien à faire sinon qu’à me laisser faire. Et nous revenons alors au Chemin : il s’agissait alors de me laisser entraîner là où Dieu voulait me conduire. Et là où Dieu nous veut : est simplement d’être avec Lui. LE Chemin est comme une descente de plus en plus profonde à l’intérieur, au présent de la Présence. Être dans l’Être ou laisser l’Être prendre tout l’espace en moi.
Ce temps de Pâques nous enseigne à chacun.e que ce Chemin est ouvert à toutes et à tous. Il s’agit simplement de s’ouvrir à Lui et de le laisser faire. Et sur ce Chemin, nous sommes appelés à Lui ouvrir notre pauvreté en restant les yeux fixés sur Lui, car le danger survient trop vite de vouloir détourner nos yeux de Lui pour les fixer sur notre pauvreté. J’en ai souffert, et c’est comme si notre pauvreté devient alors multipliée et trop lourde à porter. Ce qui conduit alors à s’inquiéter du Chemin ou à vouloir reprendre les rênes du Chemin. Mais nul ne peut aller au Père que par le Fils. Nul ne peut faire les oeuvres du Fils, qu’en abandonnant sa propre foi, charité ou espérance à la foi, charité et espérance du Fils.
La phrase qu’Il dit est claire : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. » En ce temps de Pâques, laissons au Chemin de nous conduire au coeur de la Vérité et de la Vie du Père, sachant que la Vérité est Chemin et Vie, et que la Vie est Chemin et Vérité. Chemin, Vérité et Vie nous conduisent à “JE SUIS”, à LUI. Voilà le Chemin de Résurrection ! Car “JE SUIS la Résurrection” dit Jésus à Marthe ou, dit autrement, “JE SUIS est la Résurrection”.
Laissons-nous saisir chacun.e par le Christ ! Il n’y pas d’autres chemins pour découvrir que Dieu veut se faire “CHEMIN” par chacun.e de nous..
Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)
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