Méditation : Le Père et moi, nous sommes Un (No 180)

Image par Andrea Don de Pixabay

Évangile du Vendredi 8 avril 2022 – 5e semaine de Carême (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Ils cherchaient à l’arrêter, mais il échappa à leurs mains » Jn 10, 31-42

En ce temps-là, de nouveau, des Juifs prirent des pierres pour lapider Jésus. Celui-ci reprit la parole : « J’ai multiplié sous vos yeux les œuvres bonnes qui viennent du Père. Pour laquelle de ces œuvres voulez-vous me lapider ? » Ils lui répondirent : « Ce n’est pas pour une œuvre bonne que nous voulons te lapider, mais c’est pour un blasphème : tu n’es qu’un homme, et tu te fais Dieu. » Jésus leur répliqua : « N’est-il pas écrit dans votre Loi : J’ai dit : Vous êtes des dieux ? Elle les appelle donc des dieux, ceux à qui la parole de Dieu s’adressait, et l’Écriture ne peut pas être abolie. Or, celui que le Père a consacré et envoyé dans le monde, vous lui dites : “Tu blasphèmes”, parce que j’ai dit : “Je suis le Fils de Dieu”. Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, continuez à ne pas me croire. Mais si je les fais, même si vous ne me croyez pas, croyez les œuvres. Ainsi vous reconnaîtrez, et de plus en plus, que le Père est en moi, et moi dans le Père. » Eux cherchaient de nouveau à l’arrêter, mais il échappa à leurs mains.
Il repartit de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où, au début, Jean baptisait ; et il y demeura. Beaucoup vinrent à lui en déclarant : « Jean n’a pas accompli de signe ; mais tout ce que Jean a dit de celui-ci était vrai. » Et là, beaucoup crurent en lui.

Méditation

Dans les versets précédents ce texte, Jésus venait de proclamer une des plus merveilleuses révélations de la Bonne Nouvelle : si nous reconnaissons Sa Voix et Sa Parole, Lui notre berger, personne ne saurait nous arracher de la main de Dieu (Jn 10,28-29). Et d’ajouter juste après, une autre encore plus puissante : « Le Père et moi, nous sommes Un » (Jn 10,30). Cette dernière déclaration escalade le conflit entre Lui et les chefs juifs à son point culminant : « Ce n’est pas pour une œuvre bonne que nous voulons te lapider, mais c’est pour un blasphème : tu n’es qu’un homme, et tu te fais Dieu. » Un procès bien encadré vient d’être établi. Et dans tout cela, Jésus n’a d’autre réponse que ses œuvres pour témoigner de la vérité sur Lui, Sa vie dit ce qu’Il est. Il se fait discret sur tous les miracles accomplis, Son Amour ne s’impose pas, Il s’offre et se reçoit dans la gratuité.

Cette page d’évangile nous invite à contempler la profondeur du mystère de l’Amour filial de Jésus dont la vie fut l’accomplissement de la Volonté de Son Père, une parfaite union à Lui. Sa posture face à la haine, la rancœur et la méchanceté inimaginables contre Lui, révèle le vrai mystère de Sa Personne; Il est dans le Père et le Père est en Lui, Il n’est que miséricorde, Il n’est qu’Amour. Il nous invite à regarder vers une seule et unique direction, les œuvres de Dieu « Vous pouvez refuser de me croire, mais croyez les œuvres que je fais au nom de mon Père ». Sa Parole est incontestable car authentifiée par la puissance des œuvres du Père en Lui.

J’aimerais m’arrêter un peu sur l’absurdité sans fond des arguments contre l’Homme Jésus, Lui qui a fait de bonnes œuvres, qui n’a fait que le bien, est accusé pour avoir dit ce qu’Il est, pour avoir affirmé son identité comme Fils de Dieu. C’est Sa grandeur humaine qui est condamnée alors que Ses œuvres crient la miséricorde, la bonté et l’Amour. Étrangement, nous répétons la même violence absurde contre l’autre et contre nous-mêmes à chaque fois que nous ne reconnaissons pas que chacun.e de nous est le fils/fille de Dieu. Le vrai blasphème c’est de ne pas croire en l’homme, car « croire en Dieu, c’est croire en l’humain » (Zundel). Dieu a voulu l’homme à son image et à sa ressemblance afin de lui permettre de devenir divin. Dieu s’est incarné en l’humain, pour lui apprendre tout d’abord à être pleinement humain, car c’est le seul chemin qui mène vers le divin.

Au seuil de la semaine sainte qui nous engage dans le grand mystère de Pâques, celui de notre filiation divine, Jésus nous offre Sa vie intime avec le Père, « ce que j’ai reçu de mon Père, je vous le donne ». Il nous ouvre ainsi à un Amour démesuré tout offert dans une pauvreté radicale.

Contemplons le visage de ce Dieu qui souffre, pour nous avoir dit son enracinement dans le Père, son Amour, et l’avoir révélé par Ses œuvres. C’est un Dieu à visage complètement découvert, l’Amour plus fort que la mort et cependant si fragile et désarmé car livré entre nos mains.

Suivons l’itinéraire de ce Dieu qui nous tend la main, du père du fils prodigue, du Dieu muet qui s’est abaissé pour écrire sa miséricorde sur le sol, de Celui qui a demandé à la samaritaine de lui donner à boire, de ce Dieu qui a goûté la mort par passion pour nous.

Osons une intimité nouvelle, ineffable avec le Père de Jésus et comme Lui reconnaissons que le faire de Dieu est de se laisser faire. Entrons dans cet acte libre de remise de notre vie à un Autre alors toutes nos œuvres diront Dieu, à notre couleur.

Risquons une manière chrétienne de vivre notre quotidien, risquons de reconnaitre et de laisser émerger le divin dans l’humain.

Le mystère cherche des mots pour se dire, cherche des humains pour se révéler. Soyons ce mystère ouvert du Dieu Amour, soyons véritablement Un avec Lui dans une profonde communion avec la Trinité. Osons dire comme Jésus « le Père et moi, nous sommes Un » alors nos œuvres témoigneront de notre identité filiale.

À chaque fois que nous laisserons notre humanité embrasser et épouser la divinité, nous accomplirons la Promesse pour laquelle Jésus s’est incarné, a souffert et a été crucifié.

Gladys El Helou

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