Méditation : Femme ! (No 175)

Évangile du Dimanche 3 avril 2022 – 5e dimanche de Carême (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à jeter une pierre » Jn 8, 1-11

En ce temps-là, Jésus s’en alla au mont des Oliviers. Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner. Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu, et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? » Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre. Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre. Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu. Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »

Méditation

Jésus est mis à l’épreuve par des pharisiens manipulateurs qui se sont saisis de la loi divine pour condamner au nom de Dieu. Ce faisant ils usurpent la place de Dieu et sont l’anti-humanité que Dieu refuse. On voit bien que la femme qu’ils amènent à Jésus n’a paradoxalement de valeur à leurs yeux que par son péché même. Ils l’objetisent. Cette femme n’est que la preuve à conviction qu’ils cherchaient pour mettre Jésus à l’épreuve. La manière méprisante et plurielle par laquelle ils la présentent à Jésus en dit long: “Moïse nous a prescrit de lapider ces femmes-là !“. 

L’attitude de Jésus est tellement différente. Il commence par se taire, se taire très longuement, comme pour laisser à cette femme objetisée dans l’insulte et le mépris, le temps de se retrouver elle-même et dans la relation à l’Autre, comme mystère infiniment personnel et voulu de Dieu, sujet de sa vie. Jésus lui laisse ce temps, ce silence qui guérit, parce qu’il n’est pas d’abord dans l’approbation, le commentaire ni même l’objection de la parole qui est dite sur cette femme. Il accueille ce qu’est cette femme…non ce qui est dit d’elle. C’est comme si la parole qui est dite sur elle ne l’intéresse en rien, il attend d’entendre ce que cette femme voudrait lui dire d’elle-même, de son rapport à la vie, de sa recherche intérieure, de ses quêtes les plus secrètes, de son histoire et de ses blessures… on peut noter que Jésus ne laisse pas seulement à la femme le temps par son silence de se reconstruire, mais aussi par son regard qu’il garde abaissé vers le sol. Cette femme que tout le monde a dévisagé cruellement, Jésus l’accompagne et reste avec elle jusqu’à la fin en abaissant son regard devant elle. C’est comme s’il lui disait, c’est à toi de me dire quand tu seras prête pour que nos regards se croisent. Jésus approche la femme en position basse: c’est l’attitude de Dieu face à nos errances. Le Très-Haut se fait le Très-Bas pour que nous osions encore la relation, même brisés et abîmés par nos erreurs.  

Jésus s’adresse finalement à la femme et la restaure avec autorité dans son être plénier: “Femme !” Et elle lui répond : “Seigneur!”. Alors seulement Jésus la libère par une parole de vie : “Va et désormais ne pêche plus !”

Sr Bénédicte You

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