Méditation : “Ton frère !” (No 168)

Évangile du Dimanche 27 mars 2022 – 4e dimanche de Carême (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie » Lc 15, 1-3. 11-32

En ce temps-là, les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » Alors Jésus leur dit cette parabole : « Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : “Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.” Et le père leur partagea ses biens. Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre. Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs. Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. Alors il rentra en lui-même et se dit : “Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.” Il se leva et s’en alla vers son père.
Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit : “Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.” Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer.
Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait. Celui-ci répondit : “Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.” Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier. Mais il répliqua à son père : “Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !” Le père répondit : “Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé !” »

Méditation

“Les pharisiens et les scribes, nous dit l’Évangile, murmuraient contre Jésus en disant : “Cet homme fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux !”. Ce n’est pas la première fois que l’on entend les pharisiens et les scribes murmurer contre Jésus, mais rarement la raison en est exprimée clairement. Au début de l’Évangile, les pharisiens s’interrogent à propos de Jésus : “Pourquoi fait-il ces choses-là le jour du sabbat ?”; “pourquoi ses disciples font-ils ce qui n’est pas permis ?” (Mc 2,24); “pourquoi Jésus mangent-ils avec les pécheurs ?” (Mc 2,16). Ou encore, à la suite d’une guérison opérée le jour du sabbat : “les pharisiens murmuraient contre lui et se concertaient sur ce qu’il pourrait bien lui faire” (Lc 6,11), ou même “cherchaient à le faire mourir” (Mt 12,14). Tous ces murmures du coeur sont d’une violence inouïe à l’égard de la personne de Jésus. Dans ce passage de l’Évangile, on sent clairement que les pharisiens et les scribes ont pris leur partie, ils ne sont plus dans le questionnement – indignés certes mais questionnement tout de même – par rapport à lui : cette fois ils catégorisent Jésus sous une appellation qui doit l’emprisonner et l’annihiler et qui à leurs yeux justifiera toute violence à son égard : “il est l’ami des pécheurs”. À ceci, Jésus répond par une parole d’une telle tendresse que le contraste est bouleversant. On voit un père de tendresse qui guette le retour de son enfant, un père qui se fait du souci pour lui, qui jamais ne ferme la porte, qui ne catégorise pas son jeune fils, qui le respecte jusque dans son choix téméraire, qui l’attend avec impatience à son retour sur lui-même, ne lui reproche rien, le revêt des plus beaux atours. Il y a quelque chose de scandaleusement excessif dans la miséricorde de Dieu. “Je me lèverai et j’irai vers mon père”, dit le jeune fils. On peut dire que comme le bon Larron crucifié avec Jésus, un seul mot, en un jour, a fait gagner au fils qui s’en était mortellement éloigné, le Paradis. La miséricorde de Dieu pour chacun de nous n’est pas moindre que celle-là.

Sr Bénédicte You

DROIT D’AUTEUR

La méditation peut être partagée à toutes et à tous, en tout ou en partie, mais le nom de l’auteur et l’indication du centre le Pèlerin avec l’adresse du site (www.lepelerin.org) doivent être inscrits, car les droits d’auteur demeurent. Merci de votre compréhension.