Méditation : Me voici Seigneur ! (No 166)

Évangile du Vendredi 25 mars 2022 – 3e semaine de Carême (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils » Lc 1, 26-38

En ce temps-là, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie. L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. » Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je ne connais pas d’homme ? » L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile. Car rien n’est impossible à Dieu. » Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. »
Alors l’ange la quitta.

Méditation

« Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » Cette salutation qui sera à l’origine d’une humanité nouvelle renferme toute la beauté et toute la sainteté de Marie ; Origène l’un des pères de l’Église a dit : « jamais un tel titre ne fut donné à un être humain, que rien de semblable n’est écrit dans les Écritures ».

Dans le livre de la Genèse, Dieu a appelé Adam : Où es-tu donc ?  Ce dernier a eu peur de sa nudité et s’est caché de la face de Dieu. A travers l’ange Gabriel, Dieu a appelé Marie, quoique toute bouleversée par cette parole, elle ne s’est point cachée, elle n’a pas fui.

Marie, cette petite fille d’Israël, ordinaire, simple, avait cru en la Promesse et attendait dans la confiance de la foi sa réalisation; son cœur était librement mais naturellement tourné vers Dieu dans une attente silencieuse. « Heureux le serviteur que le Maître à son arrivée, trouvera en train de veiller » (Lc 12,37).

Comblée-de-grâce, car en Marie il n’y a pas de place pour autre chose que la grâce de Dieu, elle est disponibilité totale au désir de Dieu pour elle. Pour cela, elle ne s’est pas dérobée, elle s’est laissée approchée et regardée par Dieu. Marie n’a pas eu peur de sa petitesse et de sa fragilité, elle a laissé le regard de Dieu imprégner tout son être, pour lui révéler la beauté qui s’y cache, l’immense dignité de son humanité. Elle s’est laissée bouleversée par cette Parole hors du commun, par cette Parole inimaginable et elle a cru à l’incroyable : Dieu veut naitre d’elle!

Cette situation unique n’a nullement empiété sur sa capacité de discerner et de choisir librement. Elle a cherché à savoir, à comprendre et c’est à bout d’arguments, qu’elle s’est abandonnée à la Parole qui la dépassait.

À l’inattendue et majestueuse salutation de l’ange, Marie a reconnu son identité profonde et, dans sa réponse à cette dignité, elle n’a pas parlé pas de gloire ou d’honneur mais de service : « Me voici la servante du Seigneur ». Elle s’est reconnue bienheureuse, remplie de grâce par le simple regard de Dieu sur elle, « Il s’est penché sur son humble servante » (Lc 1,48).

Le mystère marial est aussi le nôtre, le Oui de Marie a inauguré toutes les naissances de Dieu dans l’humanité. L’Évangile nous révèle le secret du cœur de Dieu qui désire naître et vivre en nous, comme un fruit d’une tendresse humaine, tout comme nous qui sommes le fruit de Son Amour et de Sa tendresse. L’annonciation faite à Marie ce jour-là, est une déclaration de Dieu à l’humanité entière, chaque vie humaine peut être le berceau de Jésus, peut porter et faire naitre Dieu. Dans ce désir brûlant de Dieu de naitre en nous, de naitre de notre amour réside l’immense grandeur de notre humanité. Nous ne sommes pas des incapables voués à nos misères, Dieu nous traite en égaux, en enfants héritiers du Royaume, en époux et épouses dont le Oui est essentiel aux épousailles d’Amour.

Marie n’a pas répondu par un simple Oui, elle a dit « que tout m’advienne selon ta parole », c’est littéralement un Me voici sans réserve, une entière disponibilité, un je suis toute à Toi, que tout se passe pour moi selon Ta volonté.

Chacun.e de nous, au cœur de l’ordinaire de notre vie, de notre quotidien si simple soit-il, est concerné(e) par cette déclaration faite à Marie, est invité(e) à participer à cette maternité divine, et si j’oserais dire à devenir cette maternité divine. Nous avons à enfanter Dieu en nous, à Le nourrir et à Le faire grandir dans notre cœur. Plus encore, nous devons emmener d’autres à naître à leur tour et à faire naître Dieu en eux.

Pour cela il nous faut signer notre vie par un Oui sans réserve à Celui dont la Vie dépend de nous, à Celui dont nous sommes le fruit de Sa tendresse et de Son Amour.

Puissions-nous, comme Marie, répéter chaque matin :

Me voici Seigneur, entière disponibilité, qu’il m’advienne selon Ta Parole malgré toutes les intempéries de ma vie.

Me voici Seigneur, totalement donné(e) de tout mon être, décentré(e) de moi-même et complètement tourné(e) vers Toi, l’Origine de ma vie.

Me voici Seigneur, réponse vivante à Ton appel, éclosion de vie qui surgit de ma pauvreté et de mon dépouillement, ouvrant tout mon être à Ta divine présence.

Comment notre Me voici Seigneur pourrait-il donner naissance à Dieu ? Comment cela va-t-il se faire puisque notre connaissance de notre humanité est constamment embrouillée, dramatiquement déchirée par tous nos maux et par tous nos Non à Dieu ?

Ne craignons pas et que notre cœur ne se trouble guère, car L’Esprit Saint viendra sur nous, et la puissance du Très-Haut nous prendra sous son ombre. 

Réjouissons-nous et répétons sans cesse et sans crainte Me voici Seigneur.

Commençons chacune de nos journées par Me voici Seigneur, aimons de tout notre cœur, de tout notre esprit et de toutes nos forces, naissons à chaque instant comme une pure relation d’Amour à Dieu, nous serons alors, comme Marie, comblés de grâce, car totalement mûs par l’Esprit, par l’action de Dieu en nous. Notre vie sera alors un vitrail pur, transparent, une icône d’une humanité transfigurée par la lumière de Dieu. 

Gladys El Helou

Prière de Charles de Foucauld pour l’Annonciation

« Notre Dame qui, par ton « Oui », a changé la face du monde, prends près de Toi ceux qui veulent dire « oui » pour toujours. Tu sais le prix de ce mot, fais que nous ne reculions pas devant ce qu’il exige de nous; apprends-nous à le dire comme Toi, dans l’humilité, la simplicité et l’abandon à la Volonté du Père. Demande à ton fils, Jésus, que nos « oui » quotidiens servent plus parfaitement la Volonté de Dieu pour notre bonheur et celui du monde entier. Amen. »

DROIT D’AUTEUR

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