Méditation : Hymne à l’Amour (No 153)

Image par Pexels de Pixabay

Évangile du Samedi 12 mars 2022 – 1re semaine de Carême (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait Mt 5, 43-48

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »

Méditation

L’Évangile nous offre une sorte de petit traité théologique qui a des impacts importants sur notre vie. Le coeur de la réflexion dans ce texte est de rappeler que Dieu “fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes”. Une telle affirmation nous rappelle que le Père a tout créé par son Fils, “tout fut par Lui et sans Lui rien ne fut” (Jn 1, 3). En d’autres mots, tout ce que donne le Père au Fils est rendu visible dans le Fils, participe de ce dernier et est image dans “l’Image visible du Dieu invisible” (Col. 1, 15) qu’Il est. Soleil et pluie font donc part, comme toute la création, de l’incarnation de Dieu en son Fils.

Quant au récit de la Genèse, il nous rappelle que tout ce que le Créateur a façonné est “bon” (ex : Gn 1, 25), et même “très bon” (Gn 1,31) quand il s’agit de l’homme. En ce sens, toute personne humaine, qu’elle soit “bonne” ou “méchante”, “juste” ou “injuste” participe de la même vie donnée du Fils et chacun.e est caché.e dans le Fils en Dieu (Col. 3, 3) et, par Lui, doit être redonnée avec le même Amour au Père dans l’Esprit.

Le mal n’est pas création mais perversion du don de Dieu. Il est une maladie spirituelle et filiale au coeur de nos vies. C’est pourquoi tout être humain, né dans l’engendrement du Fils, comme fils ou fille de Dieu, ne peut être qu’aimé.e. Pour le Père, en chacun.e de nous, Il voit son Fils. Les appellations de “méchant”, de “persécuteur”, d’ “injuste” ou d’ “ennemi” renvoient au mal et non à Dieu. Si le Père s’hérisse contre cette perversion et souffre de nous voir choisir la mort, Lui demeure le Dieu fidèle qui nous aimera jusqu’au bout. Répétons-le : Dieu ne peut qu’aimer l’être humain, car chacun.e est en son Fils et son Fils est en chacun.e de nous. Si nous voulons donc aimer comme le Père, nous devons aimer comme le Fils, et aimer comme le Fils ne peut être qu’aimer tout humain qu’importe le mal qui l’atteint. Chaque humain porte en ses paroles et en ses gestes,le soleil et la pluie d’Amour du Père qu’il veut verser sur chacun.e.

Être parfaits comme le Père est parfait signifie donc aimer toute personne du même Amour que le Père aime le Fils et que le Fils aime le Père dans l’Esprit. Pour un “parfait”, il ne peut y avoir de séparation entre les humains sur la base du mal. Il ne peut qu’y avoir un Amour qui aime les bons comme les méchants.

Les implications de cette réflexion sont radicales pour notre vie. Dieu ne “mesure” pas les humains comme “bons” ou “méchants”, mais Il les “démesure” par, avec et en son Amour. Car ce Père “a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle” (Jn 3, 16). Dieu nous “démesure” en élargissant la tente de notre être pour qu’Il puisse y habiter et pour que nous puissions vivre en Lui. La “mesure du mal” qui nous conduit à nous juger, nous accuser et nous condamner les uns les autres n’est qu’un mensonge auquel nous adhérons mais qui craque complètement quand la “démesure” de Dieu nous redonne, à chacun.e, nos dimensions d’infini et d’éternité.

La réalité divine qui traverse tout est celle d’un mouvement d’Amour, entre le Père et le Fils dans l’Esprit, et qui traverse constamment tout notre être et notre existence. Voilà le soleil et la pluie qui font grandir en nous la Vie et la préserve, et dont nous sommes les héritiers. L’Évangile d’aujourd’hui est un hymne à l’Amour duquel aucun humain n’est séparé, et toutes et tous nous devons mutuellement nous le rappeler et nous donner cet Amour. Comme le chantait Édith Piaf :

Nous aurons pour nous l’éternité
Dans le bleu de toute l’immensité
Dans le ciel, plus de problème
Mon amour, crois-tu qu’on s’aime ?
Dieu réunit ceux qui s’aiment

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

DROIT D’AUTEUR

La méditation peut être partagée à toutes et à tous, en tout ou en partie, mais le nom de l’auteur et l’indication du centre le Pèlerin avec l’adresse du site (www.lepelerin.org) doivent être inscrits, car les droits d’auteur demeurent. Merci de votre compréhension.