Méditation : L’Amour en quête d’un passage (No 141)

Évangile du Lundi 28 février 2022 – 8e semaine du temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Va, vends ce que tu as. Puis viens, suis-moi » Mc 10, 17-27

En ce temps-là, Jésus se mettait en route quand un homme accourut et, tombant à ses genoux, lui demanda : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? » Jésus lui dit : « Pourquoi dire que je suis bon ? Personne n’est bon, sinon Dieu seul. Tu connais les commandements : Ne commets pas de meurtre, ne commets pas d’adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère. » L’homme répondit : « Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse. » Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. Il lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. » Mais lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens.
Alors Jésus regarda autour de lui et dit à ses disciples : « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! » Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles. Jésus reprenant la parole leur dit : « Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le royaume de Dieu ! Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. » De plus en plus déconcertés, les disciples se demandaient entre eux : « Mais alors, qui peut être sauvé ? » Jésus les regarde et dit : « Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. »

Méditation

Des milliers de personnes se déplacent sur la planète Terre au moment d’écrire cette méditation sur « l’Amour en quête d’un passage ». Comment atteindre un cœur appesanti par les richesses ?  Allons découvrir comment Jésus vient nous donner accès à la vie entière dans l’ici maintenant et nous en montrer le chemin.

Un premier mouvement : je prends acte de ce qui m’habite.

En grand nombre, des migrants et leurs familles cherchent une voie de passage pour atteindre un lieu où il fera bon vivre. Sur une route semée d’embûches, ils espèrent sur son parcours, la rencontre de personnes humaines et ouvertes à s’entraider. Ils espèrent une terre d’accueil où vivre en sécurité.

Entassés dans une rame de métro, hommes, femmes et enfants frémissent au son des tirs assassins provenant d’un pouvoir destructeur exercé sur eux. En ce moment même se vit ce drame : l’Ukraine tremble et se bat entre la mort et la vie libre.

L’entonnoir, par lequel je viens de verser du sirop d’érable, ouvre dans mon quotidien une voie de passage : humblement, je dis oui au goulot plus étroit par où je puisse laisser couler la Parole d’aujourd’hui dans mon être.

Viendrez-vous, dans ce simple lieu, découvrir avec moi cet « amour en quête de passage » ? Ce déplacement accepte l’agir imprévu de l’Esprit vivant de Jésus en soi et autour de soi.

Un deuxième mouvement : regarde Jésus et laisse-toi regarder par Lui.

« Jésus se mettait en route quand un homme accourut » (v.17) à sa rencontre. Quel est cet empressement ? Cet homme connaissait-il Jésus ? Le texte nous dit qu’il appela Jésus « Bon maître » en « tombant à genoux ». Il lui adressa cette parole: « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? » (v.17)

Curieusement, la réaction de Jésus nous fait ressentir une réalité qui le touche et sur laquelle il ne fait pas de compromis : « Pourquoi dire que je suis bon? Personne n’est bon, sinon Dieu seul. » (v.18)

Jésus plonge dans la bonté de Dieu, dans la sollicitude aimante qu’il manifeste pour ses créatures. Jésus force ce trait quand il évoque celui qui seul mérite d’être appelé « bon ». Le Père apparait animé comme d’un parti pris de bonté radicale sans aucune condition.   

L’homme « qui avait de grands biens » (v.22) vivra des conséquences imprévisibles dans les suites de cette rencontre avec Jésus.

Jésus voyait en lui, avec ce regard de bonté hérité de son Père. L’homme est debout, il ne peut pas être demeuré prostré, sinon Jésus l’aurait relevé.

Jésus lui fait récit des commandements. « Maître, tout cela, je l’ai observé » (v.20) rétorque-t-il rempli à ras bord de tout son perfectionnisme. Jésus voit. Ce qui manque chez lui, c’est le manque.

Qui lui fera connaître le Souffle ? Qui lui révélera sa « part de feu », à lui qui depuis toujours a dû remplacer l’amour gratuit par le devoir ? Qui calmera sa faim de posséder ?

C’est ici que le récit est marqué par un long silence auquel je suis invitée et vous aussi. Laissons-nous regarder par Jésus. L’Amour est en quête de passage.

« Jésus le regarda tout au fond et il l’aima. » Telle était l’urgence inconnue de l’homme riche. Cet homme devait être aimé pour rien, juste parce que c’était lui. Il devait être aimé de cette manière-là. Au moins une fois dans sa vie. (Lytta Basset)

« Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. Mais lui à ces mots devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens ». (v.21-22)

Tristesse riche de possibles. Il a entrevu quelque chose de neuf : le Souffle, quelques instants, a ménagé une ouverture, un passage, une échappée en lui… Gardera-t-il le souvenir ébloui de ce regard de tendresse posé sur lui ? Se laissera-t-il aimé ? Saisira-t-il que se laisser aimer, c’est aussi lâcher l’obsession de bien faire, l’accaparement du « trop » ? Pourquoi pas ?

Un troisième mouvement: garde ton cœur ouvert.

Les disciples déconcertés se demandèrent : « Qui peut être sauvé ? ». Jésus les regarde et dit : « Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu; car tout est possible à Dieu. » (v.26-27)

Entrer dans la vie c’est avoir part au salut, car « tout devient possible pour celui qui croit. » (Mc 9, 23)

Devant tous nos barrages intérieurs, nos embourbements, nos attachements aux biens, rappelons-nous que l’Amour est en quête de passage.

Michelle Arcand (michelle.arcand@hotmail.com)   

DROIT D’AUTEUR

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