Méditation : Fête de la conversion (No 107)

Évangile du Mardi 25 janvier 2022 3e semaine du temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Allez dans le monde entier, proclamez l’Évangile » Mc 16, 15-18

En ce temps-là, Jésus ressuscité se manifesta aux onze Apôtres et leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils expulseront les démons ; ils parleront en langues nouvelles ; ils prendront des serpents dans leurs mains et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. »

Méditation

« Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. » Cette Parole de Jésus ressuscité nous est offerte en ce matin du 25 janvier ! Cette date vous évoque-t-elle quelque chose ?  Oui, c’est vrai … un mois est passé depuis le jour de Noël, mais ce n’est pas à cela que je pense en partageant cette méditation ! Le 25 janvier est la fête de la conversion de St Paul ! Or l’apôtre Paul est le seul saint dont la conversion soit commémorée par une fête liturgique !! La conversion, une fête ?

Même si tant et tant de frères et sœurs dans la foi ont vécu, chacun à leur manière unique, un chemin de conversion dans leur vie, celui de Paul est une fête ! Pour nous, il est signe d’une telle espérance ! Une hymne[1] dit ces mots magnifiques :

« Point de prodigue sans pardon qui le cherche,

Nul n’est trop loin pour Dieu.

Point de ténèbres sans espoir de lumière,

Rien n’est fini pour Dieu ;

Vienne l’aurore où l’amour surgit,

Chant d’un matin de Pâques ! »

Et quelle espérance ? Les ténèbres qui habitaient le cœur de Paul – appelé Saul au moment de sa conversion – et le rendaient aveugle, ne furent pas le dernier mot de son histoire ! Pour Dieu, rien n’était fini dans la vie de ce jeune homme. Sur le chemin de Damas, la lumière de Pâques l’attendait. Pour les premiers chrétiens cette conversion d’un juif authentique, « pharisien fils de pharisien », à la foi en Jésus était tellement bouleversante qu’elle est rapportée trois fois dans le livre des Actes des apôtres (chapitres 9, 22 et 26). Au chapitre 22, c’est Paul lui-même qui la raconte : « Je suis Juif, […] j’avais pour Dieu une ardeur jalouse. J’ai persécuté à mort ceux qui suivent le Chemin du Seigneur Jésus ; j’arrêtais hommes et femmes, et les jetais en prison. […] Donc, comme j’étais en route et que j’approchais de Damas, soudain vers midi, une grande lumière venant du ciel m’enveloppa de sa clarté. Je tombai sur le sol, et j’entendis une voix me dire : “Saul, Saul, pourquoi me persécuter ?” Et moi je répondis : “Qui es-tu, Seigneur ? – Je suis Jésus le Nazaréen, celui que tu persécutes.” […]Alors je dis : “Que dois-je faire, Seigneur ?” Le Seigneur me répondit : “Relève-toi, va jusqu’à Damas, et là on te dira tout ce qu’il t’est prescrit de faire.” » (Actes 22, 3-16)

Irruption de Jésus à la fois fracassante et discrète par laquelle Paul fut conquis, sur son chemin. C’est là qu’à travers Ananie, un de ses disciples, Jésus lui fit comprendre qu’il était l’instrument choisi « pour faire parvenir son nom auprès des nations. » (Actes 9,15) : « Allez dans le monde entier. » Paul, toi aussi, « proclame l’Évangile à toute la création. »   

Et à nos oreilles, le nom de Jésus n’a-t-il pas résonné grâce aux paroles de Paul, le converti ? La lumière de Pâques n’a-t-elle pas rejoint nos tombeaux, ces lieux de nos vies enfermées dans leur souffrance, grâce à ses lettres de feu ? « Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur ; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions « Abba ! », c’est-à-dire : Père ! […] Que dire de plus ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?» (Rm 8,15.31)

« Ce que je suis, je le dois à la grâce de Dieu, et sa grâce est toujours avec moi. » (1 Cor 15,10) 

« Si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. […] L’amour supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne passera jamais. » (1 Cor 13, 1-2.7)

« Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. » (2 Cor 12,9)

En préparant cette méditation, j’ai une fois de plus pris conscience de cela : si Paul n’avait pas accueilli, dans sa propre vie, l’appel à la conversion … quel silence cela aurait-il été pour nous ! Sans son humble “oui”, sans son dépouillement consenti, aurions-nous compris quelle est la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur de l’amour de Dieu pour nous ? (Cf. Eph 3, 18-19)

Pourquoi ne pas chacun, durant ce temps de prière, nous rappeler une parole de St Paul qui nous rejoint particulièrement ? Ce verset d’une épître, ces mots qui ont été, peuvent l’être encore aujourd’hui, un lever d’aurore, une libération profonde dans notre cœur, demandons à l’Esprit Saint qu’Il nous les rappelle. Puis, dans le silence, laissons-les nous proclamer une fois de plus l’Évangile.

Si Paul n’avait pas accueilli, dans sa propre vie, l’appel à la conversion … quel silence sur Dieu cela aurait-il été pour l’histoire de l’humanité ! En réalité, entre Paul et nous, il n’y a aucune différence aux yeux de Dieu. Pour Lui, nous sommes chacun une parole vivante qu’Il désire ardemment proclamer dans le monde encore en « douleurs d’enfantement » (Rm 8,22). De notre conversion, de notre consentement à sa lumière, dépend la Vie dans le cœur de tant de nos frères et soeurs. « A ceux que tu rencontreras, à ceux que tu écouteras aujourd’hui, c’est par toi que Je veux me dire. En mon nom, tu parleras en langue nouvelle. Ne crains pas, si au risque de la rencontre tu bois un poison mortel, il ne te fera pas de mal, car Je suis avec toi. »

« Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. »[2]

Laurence Vasseur

TEXTE EN COMPLÉMENT

Point de prodigue

Point de prodigue sans pardon qui le cherche,

Nul n’est trop loin pour Dieu;

Viennent les larmes où le fils renaît,

Joie du retour au Père.

Point de blessure que sa main ne guérisse,

Rien n’est perdu pour Dieu;

Vienne la grâce où la vie reprend,

Flamme jaillie des cendres.

Point de ténèbres sans espoir de lumière,

Rien n’est fini pour Dieu;

Vienne l’aurore où l’amour surgit,

Chant d’un matin de Pâques.


[1] Hymne : Point de prodigue, CFC — CNPL.

[2] Cet Évangile de Marc a une résonance vraiment toute particulière pour moi. C’est l’Évangile lu lors de ma toute 1ère messe sur le sol coréen, au lendemain de notre arrivée ! Justement un texte si missionnaire !!! C’était le 25 avril, fête de St Marc évangéliste. Dès cet instant, Jésus nous fit cette promesse : « en mon nom, vous parlerez une langue nouvelle … » (le coréen !)

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